Une campagne électorale à vive allure: pressée, haineuse et violente. Une élection encore reportée à cause d'un incendie à Kinshasa ayant consumé l'entrepôt de la commission électorale qui contenait 7 000 machines à voter, des urnes, des isoloirs, des batteries et des panneaux solaires. Une opposition à lambeau, opposée aussi bien au pouvoir qu'à elle-même. Un pouvoir en place qui compte s'auto-succéder,et qui dispose des moyens légaux et létaux pour le faire. Des milices qui foisonnent dans tout le pays (2,345 millions km²). Une flambée de l'Ebola dans le Nord-Est. Une insécurité totale au Nord du Kivu et en Ituri. Une population à plus de 70 % qui baigne dans la misère. Plus de 700.000 réfugiés congolais dans un autre pays. Avec 7000 personnes en une semaine en direction de l'étroit et insouciant voisin, le Congo-Brazaville. Des instances internationales qui soufflent sur les braises. Une Union africaine paisible.
Seules bonnes nouvelles pour la RDC en cette année: 1) ses minerais indispensables à notre civilisation techno-écolo-scientifico-mondiale extraits de son sol par des enfants qui, lorsqu'ils ne meurent pas très tôt, se convertissent en soldats fumeurs de colle et violeurs de femmes à la solde d'on ne sait quelle compagnie, d'on ne sait quel baron local...Bref son code minier; 2)Son prix Nobel de la paix qui, hélas, n'est qu'une sorte de rachat de conscience. Ce pays a besoin d'autres choses que de prestigieux prix décernés à X ou Y.
C'est dans ces conditions, tristement stimulantes ou déprimantes et défavorables aux débats, à l'appropriation des masses d'idées, que les congolais s'apprêtent à aller voter ce 30 décembre 2018. L'objectif : échanger ou garder Joseph Kabila contre un de ses ex ministre, ou contre un fils d'un ex serviteur de Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga. Maréchal devant l'éternel. Dans ces conditions, le vote a évidement deux ressorts indépassables: la communauté ethnique et la corruption des élites. De quoi faire du vote, non pas le remède qui soignera le mal congolais, mais la drogue qui fragilisera encore ce grand malade.
Opposants et Parti au pouvoir savent presque déjà qu'ils ont, chacun, déjà remporté les élections. On ne se retrouvera donc pas, comme en Madagascar ces derniers jours, avec deux candidats à la présidentielle, qui s'auto-déclarent vainqueurs, mais avec trois...quatre...cinq candidats qui s'auto-désignent "Président élu". Les plus humbles se borneront à contester le déroulement du scrutin, tout en suppliant la "communauté internationale" d'agir, et celle-ci a déjà commencer à agir. Dans l'intérêt de qui? Les opposants diront qu'il y a eu fraude électorale, massive, que les machines à voter n'étaient que des engins à tricher. Ils feront également signe au fameux "peuple souverain", habitué à vendre sa chair peu chère, afin qu'il défende sa voix, son vote contre le "dictateur" dans la rue. Et là, sans doute, on connaîtra les "gilets jaunes" du Congo. On aura le "peuple" en colère contre le fameux "dictateur". Légitime...N'est-ce pas? Mais, qu'auront-ils à détruire dans ce pays qui ne soient une punition contre les populations?
La guerre civile, ou si on veut être plus précis, les guerres civiles en RDC ont donc encore un avenir. Une bande de politicards, souvent "exilés" à Bruxelles, Milan ou Paris pour la plupart, tournent sans fin autour du pouvoir. La RDC est captif des descendants d'une classe de politiciens qui ont massivement contribué à la liquidation aux enchères de leur pays. Ce qui les intéresse donc les acteurs politique du moment c'est le défectueux Etat congolais. Le défectueux pouvoir d'Etat. Ils n'ont aucune réelle ambition pour ce pays, aucun projet d'avenir, aucune idée de ce que doit être la politique, surtout et fondamentalement, lorsqu'on est dans un pays comme la RDC. On n'a rien entendu au cours de cette campagne qui nous autorise à rêver pour les millions de congolais. Rien entendu d'intellectuellement, politiquement nouveau et juste. Même pas à France 24, cette chaîne française pour africains qui invitaient constamment des élites congolaises de la Diaspora pour débattre. Débattaient-ils? Non: ça singeait les démocrates, les républicains, les patriotes, les anti-corruption....
Ce cafouillage, cette cupidité incurable des élites, ce mépris éternel des gens pour qui on prétend se battre fait le bonheur des multinationales, des marchand d'armes, des puissances étrangères, de certains Etats voisins, des trafiquants...Du capitalisme.
Les écologistes de France, du monde, au lieu de perdre leur temps, le nôtre aussi, avec des pétitions à la C...devraient voir dans quel état se trouve le deuxième poumon écologique de la planète (RDC). Qu'ils aillent voir dans quel état d'inhumanité enfants, femmes, hommes qui habitent cette partie du monde qui nous est indispensable, tant écologiquement que technologiquement survivent....Surtout, que les pétitionnaires écologistes osent tirer les conclusions qui s'imposent : Défaire méthodiquement ce monde, l'Occident en premier....au profit de l'idée égalitaire, de la justice à échelle mondiale. L'urgence n'est pas climatique, il est fondamentalement humain. Il faut sauver le Congolais, le Centrafricain, le Yéminite...non pas à la façon des ONGs humanitièdes, de l'ONU, du capitalisme.