Question: Quel point commun entre une Assemblée Générale de l'ONU et une cérémonie des César à Paris?
Réponse: Flopée de discours qui cache, pour ce qui est de l'ONU, une impuissance dans les actes, et pour ce qui est des César, une insignifiance dans la production du cinéma français d'aujourd'hui. Leur seul cinéma, les artistes eux-mêmes semblent en faire le cuisant constat, ne nous suffit plus. Il faut donc l’accompagner par des cérémonies grotesques où priment scandales et bonne conscience, paillettes et démagogie, costumes six pièces et écologie , le tout appuyé par des discours qui frisent l’électoralisme.
Rappelons une banalité : le but des César est de récompenser les réalisations et les travaux artistiques les plus remarquables du cinéma. Récompenser et non surveiller et punir.
Ce que l’on devrait attendre d’une cérémonie des César : réflexions, pensées, anecdotes sur ou autour de la production cinématographique. Qu’est ce que le Cinéma français aujourd’hui? Tout le reste : insignifiant.
Ce qui vaut pour les César vaut également pour les Oscars. On peut applaudir le génial Joachim Phœnix, primé dans son rôle de Joker, et le trouver pathétique et mauvais dans son discours sur le climat au cours de ladite Cérémonie.
Lors de la 45e cérémonie des César qui s'est tenue vendredi à la salle Pleyel, à Paris, il a donc été question de tout sauf de cinéma. Fallait s’y attendre.
Les différents acteurs de ce carnaval ont préféré prendre leur part dans les différents "débats" qui « animent » les morbides « démocraties occidentales » plutôt que de nous élever avec/ dans leur 7e art.
L'art pour l'art n'est plus. L'art pour le progrès, on le cherche désespérément. Place à l'art pour la polémique ou à la polémique pour la polémique.
Adèle Haenel : l'outrée de service
A l'annonce du César de la Meilleure Réalisation pour Roman Polanski ("J'accuse"), Adèle Haenel qui avait peut-être oublié en se rendant à cette cérémonie que monsieur Polanski était nominé, quitte la salle en balançant la "Honte" !
L'occasion pour les téléspectateurs que nous avons été d'admirer, non pas le mot "honte!" balancé en l'air, mais la robe transparente, tout en paillettes, de la demoiselle. Il fallait marquer sa présence par un coup d’éclat. La course au culot!
L’outrée de la dernière seconde ignore que le but des César n’est pas de se substituer à la justice. Ce n’est pas une cour d’appel. Une caisse de résonance. Ce n’est pas à l’opinion de dicter la conduite de l’Academie de César. Pourquoi nous prive t-on d’un vrai débat : « J’accuse » est-il réellement la meilleure réalisation parmi les films nominés ? Sur quoi se fonde l’Academie? Eh bien, nous voudrions le savoir.
Du reste, ce n’est pas à l’Academie de récompenser les bons pères de famille façon Griveaux, les bonnes dames façon Haenel, les saint Jean bouche d’or......Le but des Césa est de primer les travaux artistiques. Un point c’est tout. Excusez le « diable » Polanski d’être également un « sacré » réalisateur...Et comme avec Matzneff, ce n’est pas à ce monsieur de s’auto appliquer ou d’appliquer les lois de la République, les décisions de justice.
L'Académie des Césars n'est pas une annexe du Ministère Public. Et rien n’interdit à un criminel, un condamné à mort de Guantanamo d’écrire un magnifique poème. Et si nous nous interdisons de voir la beauté d’un poème parce que son auteur est un violeur, nous ne valons pas grand chose.
On ne saurait attendre d'une Académie consacrée au Cinéma qu'elle sanctionne et nie une oeuvre pour des raisons qui sont extérieures à l’œuvre et qui n'ont strictement rien d’artistiques.
Qu'est-ce Adèle Haenel reproche à la réalisation du film "J'accuse"? Rien.
Par sa réaction, Adèle Haenel prouve deux choses terribles : elle ne comprend rien à l'art (y compris son art) et elle ne comprend rien à la société. Elle est donc autre chose qu'une artiste, c'est un cliché. Une paillette. Un phénomène médiatique. Autre chose qu'une éveilleuse de conscience.
Aïssa Maïga: Black empowerment
L’actrice « noire », Aïssa Maïga, elle, n’a pas « osé » quitter la salle. Que dis-je, elle a confié à Mediapart sa détresse: " J’étais d’abord un peu clouée sur place. Et puis une minute après, je n’étais pas bien, je suis partie.... J’ai été terrassée, effrayée, dégoûtée, à titre vraiment personnel, dans mes tripes. J’ai vu la réaction d’Adèle Haenel, très forte, et honnêtement, j’ai pensé à toutes ces femmes."
Nous, téléspectateurs, avons remarqué la belle robe verte en soie de la dame. Robe éminemment plus scintillante que le laïus prononcé qui nous rappelle celui prononcé, vingt ans plus tôt par l'écrivaine Calixthe Beyala et un acolyte lors de la 25e cérémonie des Césars.
Là aussi, il était question d’autre chose que de cinéma.
Le Cinéma ou n’importe quel art n’est nullement conditionné par la diversité ou la non-diversité. Celle-ci n’est ni un gage que le Cinéma se porte bien, ni que la société devient égalitaire et juste. Nous avons besoin de bons et grand films. Nul besoin de "diversité" si le film ne porte pas sur la "diversité". Un film nous touche, nous bouleverse, nous émeut non par la diversité de ses acteurs, mais par leur jeu...et sa dimension universelle. "Parasite" de Bong Joon Ho, succès mondial.....et pourtant aucune "diversité".
Aïssa Maïga, sous un sourire presque incompréhensible au vu du sujet (racisme) qu’elle croit abordé, déclare à l’Assemblée Pleyel:
« On a survécu au whitewashing, au blackface, aux rôles de dealers, de femmes de ménage, de terroristes. Et on voudrait vous dire: on ne va pas laisser le cinéma français tranquille. On refuse d’être les bons noirs, les bons asiatiques et l’arabe qui vous laissent tranquilles. »
« On » pronom de menteur disions-nous lorsque j’étais enfant dans un pays en Afrique. Pourquoi ne pas s’assumer ici avec un « nous »? Et même « nous qui »? Qui donc a délégué cette dame? Passons sur ce détail.
Des millions de gens survivent à la famine, aux guerres, au chômage, à la misère,etc...et la belle Maïga vient nous informer que ces collègues « noirs » (puisque c'est déjà un métier) et elle survivent au cruel blackface, aux rôles inhumains de dealers, de femmes de ménage...Pauvre France! Pauvres bobos!
Pire, elle croit se distinguer de ce qu'elle présente avec un brin de condescendance comme "bons noirs, bons asiatiques, arabe"....Qui sont-ils? En quoi la magnifique Maïga est-elle plus redoutable et combative que la femme de ménage d'un Ibis Hotel à Paris ou la vendeuse de Maïs grillé côté Château Rouge? Maïga croit-elle vraiment que c'est depuis la salle Pleyel, en collégialité avec ses ami(e)s comédiens qu'elle révolutionnera la République française? Faire des numéro de cirque sur les tapis rouges et les discours à la con devant une salle de "blancs": voilà ce dont est capable un "bon noir".
Qui oblige ces valeureux artistes à se "prostituer" ou à se dévaloriser dans les rôles de dealers, de femmes de ménage, de terroristes...? Ils peuvent toujours se contenter des films de science-fiction. Ils échapperont ainsi à ce qui les obsède : leur identité noire. Rien ne les oblige à accepter les rôles qu’ils acceptent. Rien ne les oblige à évoluer dans ce milieu "bizarre" qu'est le Cinéma. Au vu de la gravité du problème qu'ils posent sans poser, il y a mieux à faire qu'enchaîner des comédies pour enfant, non?
Quel rôle voudrait jouer Aïssa Maïga? Rama Yade (le rôle est pris par l’intéressée) ou Christiane Taubira (idem)? Marie-Antoinette ou Marie-Curie? Pourquoi pas...qu’ils osent donc...Il préfèrent sublimer ces "bons" rôles que de sublimer par leur talent la femme de ménage malienne, le sans-papier somalien, et de nous faire pleurer en jouant le rôle de la prostituée nigériane, le dealer camerounais, etc.
Aïssa Maïga fait carrière dans le Cinéma. Sa filmographie est importante. Était-ce du travail forcé?
La réalité sur le cinéma français actuel est qu'il est, à de rares exceptions, moribond et répétitif. Qu'il n'est même pas sauvé par ceux et celles qui se croient ses nouveaux Messies: les "invisibles", les "minorités"... comme ils aiment à se désigner.