Dieu est injuste. Il n'est pas seulement mort comme le laissait entendre Nietzsche. Les prêtres de l'Eglise catholique se sont prêtés au jeu, au spectacle. Une gigantesque messe pour le très pieux Johnny Hallyday, alias St John's.
Messe orgiaque à laquelle ont assisté les deux anciens présidents de la République française, qui, comme tout le monde le sait, ont déclaré qu'ils se retiraient de la vie politique, sans renoncer pour autant aux honneurs et tapis rouge de la République. Commémorations et enterrements étant désormais les activités par excellence de ces ex Chefs d'Etat, aujourd'hui réfugiés dans des Conseils d'Administration et autres grosses fondations.
Comment peut-on être croyant et se taire devant ce haut culte de l'obscénité? Ou alors, c'est moi qui suis assez ignorant, et ignore que le mot croyant (ou fan) va de pair avec le mot obscène.
L'Eglise catholique ne gagnerait-elle pas à organiser des messes aussi populaires pour quelques misérables ou disons quelques honnêtes anonymes?
On a vu l'épouse du défunt, la pauvre femme, cacher ses yeux larmoyants avec de luxueuses lunettes noires. Même dans la mort, faut rester classe. On l'a vue, ornée d'un énorme crucifix autour du cou, on aurait dit un pope de Saint-Pétersbourg. Très touchant ce témoignage de foi, ne reste plus à Sainte Laetitia qu'à suivre les traces de Mère Térésa. Cependant, si elle pouvait renoncer à quelques légitimes tentations de consacrer sa vie aux œuvres caritatives comme le ferait toute personne ayant son rang, cela pourrait aider les anciens petits séminaristes de mon acabit à retrouver la foi .
Johnny Hallyday, lui-même, comme tout le monde sait, a composé plusieurs chansons à la gloire du Dieu vivant. Qui ignore qu'on chante du Johnny dans les monastères pendant les vêpres du dimanche, hein ?
On apprend également que la dépouille, je dis bien dépouille, de l'artiste va voyager, en avion, pas n'importe lequel....Johnny va aller reposer sur l'île de saint Barthélémy. La France métropolitaine étant trop encombrée par d'autres cadavres moins glorieux, moins Rock n'Roll.
Après quoi, 15 000 scientifiques vont venir nous alerter sur l'état de la planète? Alors qu'un cadavre,à lui tout seul, pollue davantage que tous les migrants de la France réunis, et personne ne dit rien?
Où est donc le recueillement, le silence, la douleur, la mystique, la quête de la vérité, la prière....dans ce vacarme médiatique?
Ceci n'est pas une mort.....C'est une dégueulasserie, une écolochetterie (contraction du mot écologie et déchetterie). Ce n'est pas un deuil...c'est un selfie géant. Ce ne sont pas des obsèques, c'est une orgie.
Qu'on n'ose pas me dire que je fais dans la démagogie. La démagogie...c'est ce qui s'est passé aujourd'hui, aux Champs-Elysées, puis à l'Eglise de la Madeleine.
Johnny enterré par des prêtres catholiques comme s'il s'agissait d'un moine ayant consacré sa vie au service des démunis du Bengale.
Puis-je rappeler, à titre purement anecdotique, sans vexer certains,et sans vouloir passer pour un Insoumis, que des soupçons d'évasion fiscale, excusez du peu, pesaient sur ce Johnny? Il y a quelques semaines, une certaine Elise Lucet faisait encore parler d'elle avec ses Paradise papers, en nous pointant du doigt quelques heureux boucs émissaires. D'où vient-il maintenant que ce chanteur "populaire", hélas délinquant fiscal (donc pas si populaire que ça), soit célébré comme s'il s'agissait d'un héros de guerre?
Le déferlement populaire, les discours politiques, le bruit des bikers, l'émotion si touchante d'artistes.....Tout cela porte un nom: la laideur, le simulacre, le spectacle.
On a trop vu les larmes à la télé. Nous autres, pauvres téléspectateurs, qu'avons nous fait pour subir ça? Devons nous aussi nous mettre à pleurer pour ce Johnny? Et quand on éteint sa télé et qu'on décide de marcher dans Paris, on tombe sur les endeuillés. Que faire? Déclarer forfait et rallier la bande ?
Emmanuel Macron, le gros savant qui cite à tout va, lui aussi était de la partie. Et, il ne s'est pas fait prier, il a encore fait un discours....C'est un génie. Il connait tout, de fond en comble.
Bref, je regrette moi aussi, en parlant de ça, contribuer à ce monde en l'envers.