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Billet de blog 14 décembre 2013

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Quand Yétyrolienne yodelastiquait

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

« Clans et sectes sont les deux truelles de la démocratie yétibétaine » - Virtoc Hugoret[1], La Légende des Bègues, 1862, Éditions du Yétibet

Les clans et les sectes s’organisaient autour de causes importantes et primordiales pour la vie du grand empire. Il y avait de ces organisations à peu près sur tous les sujets, y compris les plus anodins, comme celui de la « vraie recette de la galantinette[2] » par exemple. Et depuis quelques années, un journal indépendant, Yet’Med, relayait, souvent avec pertinence, les errements de la vie politique yétibétaine. C’est d’ailleurs au sein de ce média que sévissait Yétipatique, qui, compte tenu de sa position polémique, drainait, accrochée à sa ridiculotte[3], une cohorte d’adulateurs ou de détracteurs. Yet’Med publiait sur le Yétiweb[4].

Depuis peu Yétyrolienne se produisait dans les colonnes de l’auguste journal. Elle se produisait, certes, mais n’argumentait que rarement. Son chuchotement se résumait à lâcher de l’insulte comme d’autres des rôts après un apéro gourgandinatoire[5]. Son langage fleurissait autour d’expressions imagées qui ressemblaient à  « Khouille[6] de zébulbe[7] ! », ou encore à « Galantinette de Cervelatrine[8] ! ». En soi, elle ne se démarquait pas d’un nombre certain de yétis qui pensaient que conchier la personne valait pensée politique. Sur n’importe quel média un tantinet cohérent, elle n’aurait pas pu s’étaler au-delà de quelques éructations. Mais les modératocancaniers[9] chargés d’assurer la correction des débats sur Yet’Med se foutaient éperdument de leur boulot. Ils n’avaient de préoccupation que de contribuer, eux-mêmes et anonymement, aux pugilats, escarmouches et prises de bec… sous le regard navrés de tous les abonnés appréciant le canard et souhaitant trouver un espace d’échange.

Yétyrolienne avait une personnalité assez curieuse. Une structure de personnalité s’établit autour de tendances névrotiques, il y a donc des bases paranoïdes ou schizophrènes et autres joyeusetés dans chaque yéti (cf le grand psychanalyste Yétijeune[10]). Yétyrolienne, elle, souffrait de yétimanie[11]. Cela aurait pu être drôle ou sympathique si la demoiselle yéti n’avait pas décidé de venir nourrir son ego au fil des colonnes de Yet’Med. Elle yodelastiquait[12] à longueur de temps. Elle yodelastiquait tant qu’elle n’était plus qu’une somatisation de vulgairpès[13] sur pattes. C’était triste.

Et voilà qu’un jour, elle s’en prit à quidam au hasard, lequel ne s’en laissa pas compter et décida de réagir, ne voyant pas pourquoi il encaisserait, muet, les horreurs que la demoiselle déversait sur son compte. Mais on n’est jamais à égalité avec des êtres qui ne se donnent pas de limites et qui, campés sur l’absolue certitude de la légitimité de leurs propos, inconscients de leurs failles, vont jusqu’à la haine pour calmer leurs angoisses.

La crise de yétimanie était, en ce temps-là, si virulente, qu’elle (Yétyrolienne) traquait sa victime, d’article en article, pour gueuler l’obsession imaginée que lui portait le monsieur. Elle en était pathétique. Et quelques-uns s’émurent du silence complice des modératocancaniers. Pour sa part, Yétyrolienne ne risquait pas d’être contestée dans son espace personnel, elle n’écrivait rien d’intéressant, tabassait virtuellement tout contradicteur avec la verve d’un charretier, et fermait inéluctablement le lieu de l’expression de l’autre. Sa yétimanie s’accompagnait d’une visible lâcheté.

Elle était capable, dans la même phrase, d’aligner une nombre incalculable de qualificatifs dont on pouvait se questionner quant à la légitimité médicale qui l’autorisait à porter une tel diagnostic sur son interlocuteur : « Passable, sans talent, petit, sans intérêt, transparent, dans l'ombre, violent, colérique, vulgaire, prétentieux, vaniteux, mégalomane rancunier, pervers, prédateur, lâche, peureux, sournois tricheur, pompeur, manipulateur, menteur, faux. ». Ou encore de traiter Yétrissotine de « suçeuse de réac » parce qu’elle avait témoigné du bien-fondé de la ire du quidam. Bref, un élégant dégueuli.

Mais le plus ahurissant, c’est que Yétyrolienne se donnait des airs de militante de la cause femelle, et que, ce faisant, elle discréditait absolument toutes les dames qui, dans leur coin, gentiment ou fermement mais sans hargne, travaillaient à obtenir l’égalité entre yétis et yéties.

Évidemment, il devint nécessaire, afin de faire cesser ces allégations diffamatoires, d’alerter la rédaction de Yet’Med. Laquelle rédaction ne trouva pas mieux que de tancer les deux interlocuteurs. Il s’agissait bien d’une « justice » facile et faignasse : ne pas lire et disputer tout le monde, mettre à pied d’égalité l’agresseur, Yétyrolienne, et l’agressé, le quidam. Mais, au-delà, cela revenait philosophiquement à considérer que les ceusses qui n’avaient aucun scrupule à couvrir d’ordures un yéti les contestant, gagneraient à chaque coup bas. Parce que l’autocensure n’était pas de leur monde, ils continueraient à s’épandre merdiquement, et que, pour conserver la possibilité de s’exprimer dans les colonnes de Yet’Med, il était intimé l’ordre de ne pas répondre. Ceux qui avaient à se lire insultés, devaient, en plus, se taire. Et ça militait pour l’égalité, la fraternité, la transparence ? Quelle mascarade ! Le monde yétibétain appartenait désormais à ceux que la nuance n’avait pas frappés au berceau.


Bien entendu, toute ressemblance avec des personnes du monde humain ne serait que fortuite. Tout le monde sait bien que, sur le net, nul ne se conduit avec une violence telle que décrite dans cette histoire imaginaire… et que la police du web est justement faite sur tous les sites où peuvent contribuer des passants habituels ou occasionnels. Que personne, jamais, ne se comporte en malade mental ou ne traite les autres de malades mentaux… Quel dommage que le Yétibet ne connaisse pas la sérénité du monde des humains, où la toile sert à enrichir, partager, et œuvrer pour un monde meilleur ! Où l’on débat des propos et des actes, mais où, jamais, l’on n’agresse la personne. On peut avoir un mouvement d’humeur, qu’on peut réparer d’ailleurs… s’obstiner est une faute.


[1] Hugoret Virtoc (1698-1895) : Ecrivain Yéti majeur. Fondateur de la littérature classique et romantique du 19ème siècle. On lui doit la plupart des grandes épopées lyriques et poétiques retraçant l'histoire du Yétibet et la mémoire des grands rois ou empereurs qui régnèrent. Œuvres principales : La Légende des Bègues, Notre Lame de Rami, Truie Naze.

[2] Galantinette : Pâté de volailles qui ont été élevées à proximité des latrines. Ne pas confondre avec la cervelatrine. Mais il est toujours possible de déguster de la galantinette dans une cervelatrine. D'ailleurs, les yétis libidineufs lorsqu'ils veulent se vider la tête aux cervelatrines, se munissent souvent de galantinette car, parfois, l'opération prend un temps certain (ça dépend du yéti).

[3] Ridiculotte : Sorte de pantalon bouffant que porte les yétis quand ils veulent parader ou encore quand ils sont pris d’accès de pudeur. Ce sont plutôt les mâles qui adoptent cet accoutrement. Le summum de l’élégance, pour un couple, c’est monsieur en ridiculotte et madame en culottarie.

[4] Yétiweb : réseau filaire qui permet aux yétis de communiquer en tout lieu du Yétibet. Il emploie de nombreux membres qui répètent dans un cornet acoustique toutes les nouvelles ou textes qui leur sont soumis.

[5] Gourgandinatoire : Sorte d'apéritif réservé aux messieurs et destiné à nourrir autant leur estomac que leur libido. "Un apéro gourgandinatoire".

[6] Khouille : Glande de l’agressivité chez les yétis. Elles sont au nombre de deux, situées à la base du cou et de couleur noire, comme le charbon. On parle usuellement de paire de khouilles. Ce mot est utilisé dans nombre d’expressions, qu’elles soient amicales ou encore insultantes : « Khouille de zébulbe ! » ; « Tu es ma petite khouille préférée : ».

[7] Zébulbe : animal des montagnes, repéré pour la dernière fois au Yétibet. Ruminant laineux équipé d'une infinité d'excroissances rondes tout le long de l'échine. Se nourrit de tortulipes. Met préféré des Yétis et souvent sacrifié lors des grandes fêtes rituelles.

[8] Cervelatrine : Lieu d'aisance où se vider la tête. Certains yétis libidineufs s'enferment régulièrement dans les cervelatrines.

[9] Modératocancanier (f. modératocancanière) : Participant au Yétiweb qui est chargé de faire le tri entre la férociboulette et l’amouron. Ils sont en général anonymes, et ne foutent strictement rien vu que rien n’est interdit.

[10] Yétijeune (1725-2001) : Psychanalyste Yéti, théoricien de la structure de la personnalité. N’appartient à aucune école connue. Il a notamment décrit une névrose désormais bien connue, qui, quand elle verse dans la psychose se manifeste de manière ubuesque : la yétimanie.

[11] Yétimanie : Maladie de type névrotique, voire psychotique, qui fait accroire à un yéti que tout mâle ou femelle passant à ses côtés, croisant ses effluves musqués ou son verbiage fleuri, se prend automatiquement d’intérêt pour lui ou elle. Et que cet intérêt verse rapidement dans l’obsession.

[12] Yodelastiquer : Chanter, tout en gloussant et en proférant des insultes grasses. Un des symptômes du vulgairpès, mais ce n’est pas le seul.

[13] Vulgairpès : Tic de langage, un peu à la « Syndrome Gilles de la Tourette », mais chez les yétis. Maladie invalidante et contagieuse qui s’accompagne d’insultes et de cloques poussant à chaque insulte. Non seulement le langage titube, mais en plus, il laisse des traces de sa vulgarité. On pense, dans les milieux éclairés que le mode de transmission serait viral, mais on n’a pas de certitude. L’attaque de vulgaipès peut-être unique, à intervalles longs ou encore permanente. Cette maladie se soigne par écoute massive de xanaxiomes ou homélivides, notamment ceux de Bossuaire. Maladie souvent associée à la névrose yétimanie.


Afin de ne pas occasionner de polémiques supplémentaires, j’ai fermé tous les commentaires sur tous mes billets, dont celui-ci. J’en veux d’ailleurs beaucoup plus à MDP qui laisse pourrir l’ambiance, qu’à Yétyrolienne pour qui j’éprouve plutôt une forme de pitié amusée.

Le dictionnaire des mots-valises


A tous ceux qui veulent réagir à ce billet, si ce qui est dit concerne ce qui est écrit, et non ma personne en tant que telle, ou celle d'un de mes personnages d'ailleurs, je m'engage à recopier ci-après le message privé qui me serait adressé, avec leur autorisation. Cette situation m'ennuie beaucoup, parce qu'elle à l'air d'interdire toute réponse, alors que je crains juste un déversement d'injures.


DE JEAN-PAUL, avec son autorisation

Jean-Paul Bourgès 14/12/2013 - 14:28

Pascale, si tu n'avais pris cette mesure préalable, j'aurais dit que j'étais tout à fait en désaccord avec "elle n’écrivait rien d’intéressant". Ne pouvant le dire à tous, je te le dis donc ici.

Très amicalement. Jean-Paul

Pascale Fedinger 14/12/2013 - 14:32

Tu as raison, Jean-Paul, mon histoire est caricaturale. Mais si j'ouvre les commentaires, je vais avoir à faire face au un flot d'injures, et ça, je ne le veux pas. Par contre, si tu m'y autorises, je relaie ta remarque afin qu'elle soit visible par toutes et tous.


De THEO RIFUMEUSE, avec son autorisation

théo rifumeuse 14/12/2013 - 15:08

Le texte est plein d'humour et dénué d'agressivité.

Il est dommage toutefois de faire le jeu des 'agresseurs', en ne laissant pas le collectif les retoquer. 

Connaissez-vous la stratégie gagnante du 'Tit for Tat' ? 

Elle consiste à ne jamais prendre l'initiative, mais à y répondre. Lorsque l'autre attaque le 'Tit for Tat' se défend sans chercher à décourager l'agression en se faisant agresseur soi-même.

Le 'Tit for Tat' convertit l'agresseur en non-agresseur en donnant le bon exemple et en permettant à l'agresseur de payer le prix de son agression. 

Et vous me parraissiez avoir pris ce chemin en opposant flegme et humour à votre adversaire. Pourquoi abandonner la partie si vite ?

Dommage.

Pascale Fedinger 14/12/2013 - 15:14

Parce que je n'ai pas l'énergie... tout simplement. Et qu'étant parfois "émotive primaire", j'ai bien peur de me laisser aller à ma capacité d'insultes que je surveille comme le lait sur le feu.

De plus, "suceuse de réac..." honnêtement, j'ai du mal à comprendre qu'on puisse laisser passer ce type de propos, pour ne parler que de ceux qui me concernent.

La dame aurait écrit "vos propos lèchent les basques de vieux réacs", j'aurais accepté, il s'agissait de MES PROPOS. Que chacun est libre d'accepter à sa guise.

Mais quand on voit qu'un journaliste peut se permettre de mettre des photos d'un abonné en pâture, de me traiter de "perdue pour l'intelligence" ou encore, parce que je n'ai pas tout noté, d'attaquer les personnes, et que ladite Yétyrolienne va chercher ces attaques pour légitimer ses propos, et bien il ne reste plus beaucoup de possibilités de réagir, sinon, et j'en conviens, avec une méthode discutable comme le fait de fermer les commentaires.


De BERNARD BIGENWALD avec son autorisation

Bernard BIGENWALD 14/12/2013 - 17:10

Je ne sais si, en tant que bénéficiaire putatif de ces agréables agaceries linguales dont Lylo assure que tu les réserves aux suppots de la réaction comme moi, je puis  m'autoriser à te complimenter en toute objectivité. Il y a clairement conflit d'intérêt, et ça, ça  risque d'étre dénoncé sur Médiapart. Mais tant pis, j'ose quand même : ton billet et tes inventions verbales sont tout simplement succulents. Bien sûr, j'ai plus de facilités que beaucoup à comprendre les péripéties qui agitent notre petite coterie de médiapartiens, puisque moi-même j'y ai été mélé, et je n'ai pas de difficulté à imaginer l'étonnement de ceux qui se retrouvent débarqués par hasard dans ton empire imaginaire si vraisemblable d'invraisemblances.

Si j'étais autant amateur de complots que certains yétis, je serais tenté de penser que tu es stipendiée par Pampers pour relancer la consommation des couches culottes pour  les personnes du troisième âge. Rassure moi !

Pascale Fedinger 14/12/2013 - 17:14

Je n'ai, hélas, aucune action dans quelque multinationale que ce soit... Hélas ! Mon quotidien serait moins contraint à la patate. Mais j'ai quand même les moyens de mettre du beurre dans la purée, alors tout va bien.

Comme tu le sais, c'est mon loisir de faire l'écrit-vaine amateur. Et, ma foi, j'ai presque envie de remercier ceux qui offrent à mon imagination des situations yétibétaines.

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