Sans y prêter vraiment attention notre environnement est devenu celui de la coercition douce, marquée par notre approbation silencieuse. Si en 1968 il était « interdit d’interdire », il est désormais « interdit de ne pas interdire ». Cela passe par les choses les plus minuscules (ne pas marcher ici, rester en deçà de la ligne) et s’étend jusqu’à l’intime et l’important (ne pas boire, ne pas fumer et désormais d’une certaine façon ne pas manger). Nous sommes en danger permanent nous disent les panneaux et les signes, il faut que nous fassions attention, et de bons esprits nous dirons à quoi ou à qui.
Ainsi la polémique sur l’exposition Larry Clark procède de cette clôture de notre liberté et de notre intelligence : je vous cache ce que vous ne devez pas voir et bien sûr c’est pour votre bien. Oh mais comme vous exagérez il ne s’agit que de le cacher aux mineurs diront les esprits bien intentionnés… bien sûr, mais étrangement cela arrive ici et maintenant.
L’individu contemporain, figure centrale de la modernité, porté aux nues, tout puissant, est alors infantilisé, déresponsabilisé, encerclé, ce qui en fait un être scindé en deux, schizophrène.
Mais cette névrose a une conséquence politique importante car elle prépare évidemment les esprits et le terrain pour des régimes autoritaires, prônant la défense de chacun contre tous, et promettant le cocon doré des endroits où il n’y a plus à penser.
Rappel du pricnipe d'obliques ici: http://www.mediapart.frhttp://blogs.mediapart.fr/blog/cassayag/240810/obliques-principes