La nostalgie en politique est un dopant puissant, une madeleine de Proust à laquelle les hommes politiques font appel régulièrement pour comparer, défendre ou « vendre » une politique. On convoque le souvenir des grands hommes, on scande la commémoration des dates illustres de notre histoire – la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905, le Front Populaire de 1936, le début de la Vème République en 1958… -, on crée des histoires où passé et présent se mêlent.
Dès lors l’anniversaire de l’accession au pouvoir de François Mitterrand il y a 30 ans, a fortiori au début d’une campagne électorale présidentielle, était une occasion unique de nostalgie à ne pas rater : colloques, films, concerts, interviews et petites phrases se sont succédés au cours de la semaine, pour nous faire « revivre » ces heures glorieuses.
Évidemment pour les candidats socialistes à l’élection présidentielle de 2012, qu’ils soient déclarés, présumés ou possibles, il fallait encore plus marquer le coup, affirmer sa filiation ou se distanciation par rapport au seul Président socialiste de la Vème. La palme revient sans doute à François Hollande qui a affirmé avoir accompli le « même long chemin » que son illustre prédécesseur.
Mais bizarrement cette séquence nostalgie avait quelque chose d’un peu inquiétant, comme si elle montrait encore une fois l’incapacité des socialistes à se projeter dans l’avenir et à ne plus seulement regarder dans le rétroviseur. Ils semblaient penser que le programme du jour devait immanquablement se référer à celui d’il y a 30 ans… alors que le monde de 2011 est si différent de celui de1981.
Finalement la leçon de cette séquence c’est que le problème avec la nostalgie c’est qu’elle est parfois paralysante, il faut donc absolument éviter les surdoses.
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