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Billet de blog 21 mai 2011

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Petite Chronique d’une Election 4 - Humains

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J’ai eu beaucoup de mal à écrire cette chronique ; le sujet était évident – comment y échapper - mais je ne savais pas quel était le bon angle. L’affaire DSK, oui, bien sûr, car c’est l’événement qui marque ce début de campagne mais pour dire quoi ? Echafauder des hypothèses biscornues au troisième degré sur les conséquences politiques ? Des centaines de commentateurs le font à longueur de journée depuis dimanche dernier. Evoquer le silence des médias sur les mœurs « légères » de DSK depuis de si longues années ? Là aussi des bataillons d’éditorialistes le font. Non, au final ce qui m’a paru intéressant c’est d’analyser ce que cette affaire nous dit de la fonction présidentielle.

En effet un Président de la République c’est un peu un surhomme. Monarque de droit populaire, car élu, il dispose de pouvoirs rares dans une démocratie. Il est celui qui est censé avoir « un lien direct avec le peuple », celui qui « rencontre son destin », dans une relation avec les élécteurs qui semble relever plus de l’irrationnel que du choix réfléchi et serein. D’ailleurs en vertu de de ce statut unique le Président échappe à la loi commune en matière juridique, puisqu’une immunité quasi-totale le protège pendant qu’il exerce ses fonctions. En ce sens il n’est plus tout à fait comme nous.

Mais voilà que l’affaire DSK nous rappelle que ces hommes présidentiables, qui sont donc potentiellement de futurs Présidents, ne sont que des hommes. Comme nous ils aiment, ils pleurent, ils rient. Ils ont des pulsions et des passions, des rêves et des tristesses. Ils sont forts et faibles, courageux et lâches, terribles et timides. Ils sont humains. Alors quand cette humanité surgit dans sa face la plus sombre, avec une brutalité terrifiante, nous refusons de voir. Notre pensée se bloque, refuse d’assimiler les informations et se met à tourner dans une spirale folle où tous les arguments s’ajoutent et s’annulent en même temps. Nous voulions à tout prix voir des géants, des dieux modernes, insaisissables et puissants, et nous voyons de faibles humains, habités par les mêmes noirs fantômes ancestraux.

Aussi cette affaire sordide et douloureuse, quelle que soit son issue, aura peut être au moins une vertu ; celle de nous rappeler que ceux qui se présentent à l’élection ne sont pas différents de ceux qui les élisent, ils doivent simplement se montrer dignes de la fonction et de la confiance qu’on leur témoigne et c’est déjà beaucoup. A défaut de confier notre destin à des héros imaginaires qui échoueront et nous décevrons toujours, nous le confierions à des hommes auxquels nous donnerions alors la chance de réussir.

Chem Assayag

PS Par commodité stylistique j’ai écrit cette chronique au masculin ; que mes lectrices éventuelles m’en excusent

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www.election-presidentielle.fr

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