Il y a 4 ans cette chronique s’arrêtait au lendemain de la victoire de Nicolas Sarkozy. La France se croyait – se rêvait ? – réconciliée avec la politique comme le montrait un taux de participation très élevé à l’élection présidentielle. Le nouveau Président affichait une volonté politique à toute épreuve et promettait à la France du changement, du mouvement, mais en même temps avait tracé un cap : les Français en auraient pour leur argent, avec comme projet un peu de sueur et plus d’euros pour paraphraser le « travailler plus pour gagner plus ».
A un an du premier tour de l’élection de 2012 le paysage de ce début de campagne a bien changé : la France n’a pas le moral, minée par les conséquences de la terrible crise économique de 2008 et rongée par l’incapacité à penser son avenir dans le monde qui change. Le Président et futur candidat est décrédibilisé, impopulaire, donnant l’impression, à coups d’annonces erratiques, d’un mouvement brownien à la recherche de son électorat perdu. En face, le PS n’en finit plus de se perdre dans des querelles de chapelles, d’écoles, de primaires et d’egos, suspendu qui plus est à la décision de DSK sur son éventuelle candidature. Quant au centre, il n’est nulle part à force d’être partout, écartelé entre les initiatives de Bayrou, Borloo, Morin, de Villepin, Hulot…Dans ce tableau incertain où rien n’émerge c’est la figure nouvelle de Marine Le Pen qui s’affirme, cristallisant sur son nom les rancœurs, les peurs et les espoirs perdus des Français qui y avaient cru en 2007. La conséquence directe de cette situation est que c’est elle qui dicte le tempo de ce début de campagne ; personnage central du débat autour duquel tourne les autres acteurs, légèrement déboussolés. Elle est l’incarnation du trouble électoral d’un pays désenchanté, ne sachant plus vers qui se tourner.
Alors où nous mènera cette campagne ? Il est bien trop tôt pour le savoir, elle s’annonce simplement très incertaine et sans doute inhabituelle. J’essaierai pour ma part de la chroniquer en espérant que vous y trouverez un intérêt au cours des 52 prochaines semaines
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