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Billet de blog 21 avril 2020

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LE 11 MAI, LES JOURS HEUREUX...

Le chef de l’État a prévu « le redémarrage de notre industrie, nos commerces et nos services » pour le lundi 11 mai. Il s'agira d'envoyer le plus grand nombre nourrir la machine économique grippée. Sur quels constats ? Sur quels critères ? Pourquoi le 11 mai ? Pourquoi pas, puisque le prince en a décidé ainsi.

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Illustration 1

Alors c'est décidé. Après le 11 mai les enfants pourront reprendre le chemin de l'école.

Certes les enseignants devront déployer des montagnes d’ingéniosité pour que les gestes barrière puissent être respectés par trente gamins confinés dans une salle de classe de 30m².

La gestion des temps de recréation risque bien de leur poser quelques insurmontables difficultés.

Incapable d'avancer la moindre proposition concrète, le chef de guerre en est réduit à prolonger le confinement en attendant des jours meilleurs à défaut d’être heureux, avant de préconiser un déconfinement progressif qui sans accompagnement sanitaire réel (dépistage, traitement et isolement des personnes contaminées) risque bien de déboucher sur une nouvelle vague de contamination, en attendant que les 67 millions de français se contaminent les uns et les autres pour mieux s'auto-immuniser collectivement. A l'anglaise.

Pourtant - après avoir exclu d’interdire les grands rassemblements publics et de fermer les écoles, les bars et les restaurants et conseillé aux gens qui toussent et qui ont de la fièvre de rester confinés pendant une semaine (SIC) - le gouvernement de Boris Johnson se voyait contraint dès le 24 mars, eu égard à la prolifération galopante de la maladie aggravée par le piteux état, là aussi, des services hospitaliers publics (rigueur budgétaire oblige), d'imposer un confinement à la population britannique.

Qu'importe.

Courant après l'Allemagne qui a su prendre les mesures appropriées, le gouvernement tente de faire accroire que le 11 mai la France sortira la tête haute de cette période de profonde humiliation.

Bien sûr, il y aura des morts. Chez les plus vulnérables et les plus exposés. Chez les soignants en premier chef qui payent déjà un très lourd tribu du fait pour l'essentiel du peu de moyens dont ils disposent. Chez les auxiliaires de santé, les aides soignantes, le personnel d’entretien, de restauration hospitalière, les caissières des super et hypermarchés (grands bénéficiaires de cette pandémie), les livreurs, les ambulanciers, les éboueurs, les aides à domicile, le personnel pénitentiaire, celui des Ehpad, les bénévoles des associations qui s'activent pour suppléer aux carences d'un État réputé coûter un pognon de dingue mais qui est bien incapable de fournir un minimum de protections (des gants et des masques a minima) à ceux qui n'ont pas attendu qu'un chef de l’État les qualifie de héros - après les avoir fait nasser, gazer, matraquer, éborgner et mutiler - pour exprimer avec abnégation, jour après jour, leur engagement sans faille au service du public.

Les applaudir aux fenêtres comme d'autres jadis encourageaient les jeunes soldats qui partaient pour le front ne suffira pas.

Pandémie ou pas, ces héros continuent à se croiser, chaque matin, chaque soir, comme ils l'ont toujours fait dans nos rues, dans les couloirs de nos métros ou de nos RER, dans nos gares, « ces lieux où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien ».

Ils ne sont rien. Rien qu'eux-mêmes. Des gens qui ne comptent pas aux yeux du cadre financier de Rothschild & Cie devenu gérant de l’État français par défaut.

Des gens qui ne comptent pas leur engagement et qui s'expriment avec des mots qui ne figurent pas dans le dictionnaires des élégants qui s'affairent dans les palais de la République : solidarité, partage, entraide, dévouement. Des mots que ne peuvent comprendre ceux qui se servent avant de servir...

En attendant un vaccin...

Le vaccin qui promet de substantiels bénéfices aux lobbies pharmaceutiques ne pourra être mis en marché avant un certain temps dont personne ne peut prédire l'échéance.

Une seule certitude : elle se comptera en mois, voire en années.

La stratégie du pouvoir est donc désormais de soulever le couvercle à partir du 11 mai pour laisser progressivement le virus se propager dans la population considérée comme la moins fragile et tenter d'augmenter ainsi notre immunité collective.
Yves Gaudin, virologue, directeur de recherche au CNRS estime qu’il faudra vivre avec le coronavirus pendant deux années. Il considère encore que ce sera au prix d’un nombre important de victimes.

Il ressort de ce nouvel épisode de communication que rien ou presque n'a été décidé.

Rien ou presque concernant le dépistage. Rien ou presque sur les masques. Rien ou presque sur l'après si ce n'est des formules empruntées ça et là dont on sait qu'elles ne sont que la juxtaposition de mots méticuleusement vidés de tout contenu.

Dans ce contexte, le confinement ne peut en aucune façon être le moyen d'éradiquer la pandémie. Il permet de gagner du temps afin de tenter de limiter la saturation des services de soins et d'urgences, déjà au bord de l'implosion avant l'arrivée du virus.

En attendant des jours meilleurs que l'ignorance du contenu du Programme National de la Résistance a permis à Emmanuel Macron de qualifier de Jours Heureux.

Les Jours Heureux ?

Quelle signification dans la bouche de ce candidat désigné par 18,19 % des français sur un programme qui se promettait de démanteler et de réduire à néant l'ensemble des conquêtes issues de l'application du Programme National de la Résistance ?

Rien. Des mots. Des mots slogans. Vides. Vidés de leur contenu. Vidés de leur contexte.

Emmanuel Macron ne peut l'imaginer. Pourtant. Les Jours Heureux 1 qui viennent, ce sera sans lui.

1 Voir et revoir l'excellent documentaire de Gilles Perret : Les Jours Heureux

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