Une critique du patriotisme
Tordre le mot ?
Le patriotisme agit beaucoup moins comme un "trait d’union » (dixit Claire Chartier du Pèlerin : fin de son édito) que comme clôture identitaire qui freine l’ouverture solidaire et humaniste au monde par delà les frontières nationales . Le terme n’est d’ailleurs pas ordinairement compris ainsi au sens d’ouverture, bien au contraire.
Quand des communistes ont pu mélanger au milieu des années 30 le "rouge" et le "tricolore" ce fut pour combattre le fascisme dans un cadre national. La période a changé : non pas qu'il ne faille plus combattre la fascisation en cours mais il importe de le faire d'une façon solidaire avec les autres forces - syndicales ou de gauche - qui le font ailleurs, dans les nations voisines.
Il ne s'agit plus d'être étroitement borné à l'espace national.
Le patriotisme n’est pas compris comme un internationalisme car les internationalistes qui se définissent tels ne trouvent pas ordinairement pas le besoin de se dire en outre patriotes car cela engagerait immédiatement à d’autres discussions . Tout de la patrie serait à prendre ? Une patrie sans clivage de classe ? Sans hiérarchie à l’heure des ultra-riches ?
Nous avons défendu il y a peu la France de Croizat co-fondateur de la Sécurité sociale, c'est pour signifier qu'il y a du bon mais pas pour se fermer sur une conception étroitement nationaliste.
Une idée émerge : A l’âge adulte on ne se contente plus du « aimer naturellement sa patrie » qui sonne une sorte de naïveté de la jeunesse. En effet quelle patrie aime-t-on, au-delà de la référence instrumentalisée par l’extrême-droite catho-réac du « village et et son clocher » ?
Mais quelle France aime-t-on ?
Car la question se pose rapidement . S’agit-il de la France ethno-identitaire et communautaire ? Celle qui adopte volontiers l’histoire des rois ? ou celle de la France blanche colonisatrice ? Il y a certes la France républicaine et ses principes de Liberté, d’Egalité, de Fraternité mais qui sont doublement détournés, détourné depuis 40 ans par le néolibéralisme du Capital qui met en exergue la liberté économique des entreprises et des grands patrons ou/et (notez bien le "et") détourné par ceux et celles qui défendent derrière le triptyque républicain un autre, plus honteux, celui de « Travail, Famille, Patrie » de la France pétainiste.
Tiens Patrie va ici avec Famille entendu au sens traditionnel et patriarcal c’est à dire hiérarchisé dont le seul modèle validé est dans l’ordre père, mère, enfants (sans LGBTQI) et Travail avec l’idée de soumission au patron et dur à la tâche, chose reprise par le néolibéralisme de Reagan et Thatcher en 1979 et 1980 et qui connurent hélas en France une version « gauche » après 1983 et dont nous allons évoquer en fin d’année les 30 ans de sa contestation syndicale de Novembre-Décembre 1995.
Quand à la France des droites plus républicaines elles restent néanmoins constamment derrière les riches du 1% d’abord voire derrière les colonisations et ce n’est pas là qu’un renvoi à l’histoire car de Mayotte à la Kanaky-Calédonie la domination coloniale perdure. La France des gauches est elle, en principe, plus ouverte à la résolution de la « question sociale » qui a émergé au XIX ème siècle et qui a trouvé réponses en 1871 (La Commune : un communisme par en-bas), en 1936 (Front populaire avec l’idée des conquêtes ouvrières), en 1945-46 avec notamment la Sécurité sociale d’Ambroise CROIZAT .
La patrie sent bon la défense armée face à l’ennemi et là aussi on trouve instrumentalisation : Poutine qui n’a pu envahir l’Ukraine en trois ans serait une menace pour toute l’Europe ! ?
La patrie apparait trop comme une évidence naturelle et naïve qui ne serait pas interrogée , La nation est-elle naturellement hiérarchisée entre des forts et des faibles, entre des riches et des pauvres et que cette « nature » ne devrait pas être changée. On reconnait là un certain darwinisme social bien porté par des Spencer et autres idéologues de droite toujours du côté des puissants, que ce soit de classe ou de genre ou de « race ».
La tendance forte du patriotisme est de valoriser l’interne en le voyant d’ailleurs comme non clivé si ce n’est homogène et dévalorise l’externe, l’extérieur . Quand il n’en va pas ainsi il ne s’agit plus vraiment de patriotisme. C’est par erreur que l’on se dit patriote en aimant son village natal.
A débattre :
Le patriotisme d’en-haut celui porté par les classes dominantes concurrence l’internationalisme mondialiste de la haute bourgeoisie et instrumentalise le patriotisme populaire d’en-bas, qui s’identifie au village, voir au clocher mais sans souci religieux, ce qui déplait à la branche catho-réac :
Christian Delarue
- Un refus réactionnaire :
la fraction catho-réac de France
Une autre critique : Communautarisme national : RN et FO Bas-Rhin
https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/120725/communautarisme-national-rn-et-fo-bas-rhin
- Pas que des refus : Un soutien à la France de Croizat