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Billet de blog 29 mai 2014

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Européisme comme peuple-un idéel ou peuple-totalité rêvé : une sorte de nationalisme sans nation !

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Européisme comme peuple-un idéel ou peuple-totalité rêvé : une sorte de nationalisme sans nation !

Suite de :  

- Pensée binaire : Euro-béats contre euro-sceptiques !

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/020414/pensee-binaire-euro-beats-contre-euro-sceptiques

- Les oligarchies, le social et le sociétal.

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/270514/les-oligarchies-le-social-et-le-societal

- Europe des peuples-nation ou Europe des peuples-classe ?

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/240514/europe-des-peuples-nation-ou-europe-des-peuples-classe

XX

Une sorte de nationalisme sans nation !

Il existe un peuple-nation se présentant faussement comme un tout soit quasiment homogène ethniquement (face ethnos) , soit abstraitement égal au plan de la citoyenneté (peuple nation comme peuple démocratique). Il existe aussi, dans le discours des politiques, une sorte de peuple européen ou même d'Europe sans peuple, une Europe globalisée, unifiée, pour recevoir dans un même idéal (pacifique) tout ses habitants (avec droit de vote épisodique en guise de citoyenneté... mais surtout les solvables !). On a bien là une sorte de nationalisme européen sans nation.

Il ne présente certe pas les mêmes défauts que le nationalisme exacerbé des nations, qui ont une face sombre, mortifère. Thanatos est fortement lié à Nation car la face relativement lumineuse, celle révolutionnaire de 1789 par exemple, s'est éclipsée. Mais l'invocation de l'Europe a néanmoins ses défauts. Disons, en étant bref ici, que ce discours "béat" pro-Europe oublie de dire que l'Union européenne a été d'abord (avant sa création) au service du Grand marché avant d'être depuis plusieurs années au service de la finance comme minorité prédatrice des peuples-classe de l'Union européenne. Et il n'y a pas que les peuples-classe du sud de l'Union européenne à en souffrir.

XX

Peuple cachant l'oligarchie... ou non !

 Un peu de théorie est nécessaire pour valider cette conception critique de l'Europe comme Union européenne. A lire Irène Tamba (1) Il importe de réactiver une distinction ancienne, antérieure à Marx, entre peuple-totalité et peuple-partie. En 1789 on demandait à Mirabeau si peuple signifiait plebs soit le petit peuple (assimilé à populace par les élites d'alors) ou populus comme vaste ensemble humain d'un territoire donné soumis aux même lois (en principe). Ce peuple populus a pu s'entendre par la suite, dans le cadre national, comme peuple citoyen titulaire d'un droit de souveraineté et de droits démocratiques. Il peut s'entendre aussi au sens ethnico-national comme disposant d'une culture, une culture dominante avec une langue dominante, une religion dominante (avant la longue sécularisation de tout le XX ème siècle). Et greffé sur la culture on trouve une idéologie nationale qui sert de ciment entre les classes sociales. Ce ciment est efficace en cas de guerre mais aussi lorsque l'écart entre la classe dominante et les classes sociales dominées n'est pas trop important. Ce qui n'est pas le cas avec la montée en puissance du capitalisme néolibéral qui accroit l'écart entre l'oligarchie, nommée par facilité "le 1% d'en-haut", et le peuple-classe.

 Le peuple-totalité c'est donc en quelque sorte le peuple-un ou le "peuple tout entier" (hors contexte d'une période de l'URSS qui a usé de cette notion) ; un peuple-totalité distinct du peuple-partie qui est alors le peuple social (les 90% d'en-bas par exemple dans une conception statique) ou le peuple-classe (celui qui subit et résiste à l'oligarchie dans une conception dynamique et conflictuelle).

 Le peuple-nation n'est pas tout à fait un peuple-totalité puisqu'il y a une sélection des résidents sur le territoire national. L'Etat a le pouvoir de nomme qui fait partie de la communauté nationale. Il peut y ajouter des résidents-citoyens non nationaux possédant une carte de résident-citoyen d'une durée variable. Au lieu de vouloir agrandir le cercle de la citoyenneté légale il peut vouloir la réduire en réduisant le cercle de la communauté nationale ou des communautés nationales dans le cadre d'un Etat multi-national.

XX

D'une Europe à l'autre !

 Le peuple européen n'existe pas mais il est invoqué par les élites qui clament "Europe, Europe, Europe" et qui défendent un européisme béat comprenant dans une même fraternité inter-classiste la haute oligarchie européenne de l'UE et les différents peuples-classe de cette Union européenne. Et au sein de ce peuple-classe il faut encore penser aux couches sociales modestes les plus exposées à l'austérité néolibérale. Mais cette pensée ne doit pas être prétexte à prendre aux couches moyennes pour donner aux couches modestes. La justice sociale exige de ponctionner d'abord les plus riches pour donner aux plus pauvres, ou mieux pour construire une société non marchande forte de services publics distributeurs de valeurs d'usage, en capacité de satisfaire les besoins sociaux sans le filtre de la rentabilité, de la solvabilité et surtout sans l'objectif du profit.

Ce qui importe aux forces de gauche c'est de construire une alliance des peuples-classe d'Europe, ceux dans l'Union et ceux hors de l'Union aussi. Dans cette perspective les syndicats comme la CES ou les associations altermondialistes comme ATTAC et le CADTM et d'autres plus les partis de gauche ont leur mot à dire. 

Christian DELARUE

 1) "Le peuple" : un nom collectif, une notion ambivalente. par Irène TAMBA in Le peuple existe-t-il? Sciences Humaines Editions 2012 Sous la direction de Miche Wieviorka

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