Madame la Première Ministre,
Sommes-nous encore en république en macronie ?
En macronie le président le plus mal élu de la Cinquième République impose seul contre tout un peuple, 2 ans de vie volée.
En macronie une loi peut passer en force sans aucune légitimité parlementaire ni légitimité populaire.
En macronie l'Assemblée nationale est piétinée, l'initiative parlementaire et le droit d’amendement bafoués.
En macronie les citoyens, l'Intersyndicale, les associations, les représentants du peuple ne comptent pour rien.
Seules valent les caprices du président auxquels la nation toute entière doit se plier.
En macronie on n'hésite pas à salir le président de la commission des finances Éric Coquerel pour protéger son camp.
En macronie la démocratie est un luxe dont nous devrions nous passer.
Sommes-nous encore en démocratie en macronie quand celles et ceux qui manifestent sont arrêtés arbitrairement et réprimés sous les rappels à l'ordre du rapporteur spécial aux libertés de l'ONU, du Conseil de l'Europe, de la Commission nationale consultative des droits humains de la LDH, de la Défenseure des droits ou encore d'Amnesty International, quand le droit de grève est attaqué par des réquisitions massives, quand les représentants du peuple sont empêchés de voter contre la retraite à 64 ans.
Article 47-1, 44-2, 44-3 49-3, 40 de la Constitution : jamais autant d'outils anti-démocratiques n'avaient été mobilisés en même temps dans l'histoire de la Cinquième République.
Quand la séparation des pouvoirs n'est plus feinte, des ministres s'arrangent tranquillement le droit de décider ce que l'Assemblée nationale pourrait ou non voter.
D’autres font pression sur des parlementaires pour leur faire changer leur vote jusqu'à avoir l'indécence de mettre en jeu l'existence d'une maternité.
Sommes-nous encore en démocratie en macronie madame la Première ministre ?
Vous avez bouché toutes les issues démocratiques. Vous ne vous rendez même plus compte des seuils que vous franchissez. Gouverner c'est assumer une responsabilité devant l'histoire.
Avec vos méthodes vous ouvrez la porte du pire.
Le bras de fer d'Emmanuel Macron contre le peuple de France est tout le contraire de la démocratie.
Dans son contrat social Rousseau écrivait que "la puissance législative appartient au peuple et ne peut appartenir qu'à lui. Toute loi que le peuple en personne n'a pas ratifiée est nulle et ce n'est point une loi."
Sommes-nous encore en démocratie en macronie ?
En tout cas il semblerait que nous ne soyons plus en république car la République est avant tout sociale et jamais aucun gouvernement avant vous n'avait autant méprisé l'existence humaine. Votre monde est devenu un océan de malheur.
6 ans d'Emmanuel Macron :
- C’est 11 millions de nos concitoyens qui vivent sous le seuil de pauvreté dans la septième puissance économique du monde.
- c’est la faim qui disloque le pays - un Français sur 6 se prive d’un repas par jour.
- c’est un nombre de personnes sans domicile fixe qui a doublé en 10 ans.
- la France connaît, d'après l'Insee, un coup de frein sur les gains d'espérance de vie que le covid ne suffit pas à expliquer.
- les ouvriers ont toujours six années d'espérance de vie de moins que les cadres.
- La France est la triste championne de l'hécatombe en Europe avec deux salariés qui meurent chaque jour du travail, mais vous refusez toujours d'augmenter les salaires, de bloquer les prix à la baisse, de geler les loyers.
Pire, vous préférez les augmenter et avec votre réforme 15000 personnes mourront avant leur retraite et ne verront donc pas un jour de leurs droits au repos.
Où est la République sociale quand la seule fraternité que vous éprouvez est à l'endroit des riches, vos amis les riches pour qui vous avez transformé notre pays en un véritable paradis fiscal ?
2%, c'est ce que payent en impôt sur le revenu les 370 plus grosses fortunes de notre pays contre 50% pour les classes moyennes et populaires chaque année, et cette année encore les entreprises du CAC 40 battent des records de versement de dividendes aux actionnaires mais les Français devraient travailler deux ans de plus pour payer les pots cassés de vos cadeaux aux plus fortunés.
Sommes-nous encore en démocratie, en macronie ?
En tout cas en république, non. Parce que la République est un régime de liberté. Le droit à la vie privée, à la sûreté, la liberté d'expression, de manifestation et de presse ne sont pas des accessoires. Elles garantissent que les femmes et les hommes de notre pays ne sont pas seulement des consommateurs ou des producteurs mais bien des citoyens.
Neuf lois liberticides en six ans, des attaques contre le droit de grève, les libertés associatives partout où les citoyens se mobilisent pour une cause sociale ou pour la survie du seul écosystème compatible avec la vie humaine, pour notre avenir.
Vous voyez des ennemis irréductibles, vous ne tolérez pas la manifestation d'une opposition dans la rue ou dans l'assemblée, sinon nous aurions voté jeudi dernier l’abrogation de la réforme des retraites à 64 ans.
Vous vous rassurez en vous disant que c'est de la NUPES, des gilets jaunes, des militants écologistes, des militants associatifs que vous protégez la démocratie et la République.
Vous répétez à l'envi que vous protégez les institutions. En réalité vous les détournez pour servir les intérêts de l'argent.
Il est grand temps que vienne le temps de la Sixième République qui donne toute sa place à l'intervention citoyenne et à la majorité sociale du pays.
Mais nous avons bien compris madame La Première Ministre : le danger pour vous ce sont les Insoumis, surtout pas l'extrême droite car vous utilisez ses mots, vous votez pour elle aux fonctions importantes, vous votez avec elle contre la hausse du SMIC, contre le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune ou contre le gel des loyers. Vous reprenez ses obsessions pour la faire monter. Vous fermez les yeux sur des ratonnades, des défilés fascistes et des appels au meurtre. L'extrême droite est votre assurance vie.
Madame la Première ministre, préférer pointer la NUPES qui combat l’extrême droite mais laisser votre ministre de l'Intérieur expliquer à Le Pen qu'elle est trop molle ou le président de la République réhabiliter Pétain, voici le vrai danger pour notre République.
Madame la Première ministre, la République n'est rien sans son peuple.
Vous aurez beau clamer la défendre mais en réalité vous ne tolérez que des citoyens silencieux et passifs. Vous n'aimez la démocratie que lorsqu'elle convient aux intérêts que vous défendez. Dites ce que vous voulez mais ne prétendez pas être des démocrates.
La démocratie n'est pas stable par essence. C'est un processus qui se construit tous les jours par lequel les conflits se résolvent.
Avec votre obstination sur les retraites vous vous maintenez en état d'hostilité vis-à-vis du pays, sourde à la détermination des Français criant l'injustice terrible que vous faites subir aux travailleuses et travailleurs.
Il n'y a pas, contrairement à ce que vous pensez, de différence de nature entre la démocratie et l'autoritarisme. Il n’existe entre eux qu'une différence de degré.
Madame la Première ministre, ne pensez pas sortir victorieuse de cette guerre d'usure.
Les républicains vous ont, aujourd'hui encore une fois sauvée, mais ce n'est que partie remise. Tôt ou tard vous tomberez car la colère a dépassé la question des retraites. C'est toute votre politique et votre monde que le peuple de France rejette. Comme les gilets jaunes avant elle, l'immense majorité sociale du pays pose la question de savoir qui décide.
Madame la Première ministre allez dire à l'Élysée que le seul souverain que nous reconnaissons est le peuple et que nous n'avons ni roi ni maître. Madame la Première ministre, ne pensez pas sortir victorieuse de cette guerre d’usure tant les Français ne veulent plus de cette cinquième République.
Nous sommes les partisans d’une sixième république qui permette au peuple de se réapproprier sa souveraineté et de conquérir de nouveaux droits. Si le référentiel existait dans ce pays pour proposer ou abroger des lois alors nous pourrions sortir par le haut de l'impasse dans lequel nous a mis Emmanuel Macron.
Je conclus et fais mien le serment de la NUPES :
Nous, parlementaires de la NUPES, en faisons le serment : nous n’arrêterons jamais de lutter contre la retraite à 64 ans et pour le droit à la retraite à 60 ans. Nous agirons sans relâche par tous les moyens à notre disposition pour rassembler la majorité qui mettra fin à cette réforme injuste et injustifiée. Vous ne viendrez pas à bout de nous car nul ne peut interdire durablement un peuple libre de faire entendre sa volonté. "Soyez résolus de ne plus servir et vous voilà libre" écrivait Étienne de la Boétie. Le peuple immaîtrisable et fier de sa liberté, le peuple qui se lève, voici le vrai visage de la République.