Je fais partie de ceux qui sont allés défiler hier à la Bastille. Comme Pierre Laurent, je crois que "le compte n'y est pas", je crois l'affaire Cahuzac révélatrice de la crise d'un système basé sur l'extrême proximité des élites politiques, socialistes compris, avec ce que l'on appelait hier "le grand capital", je suis absolument indigné par le refus de la loi d'amnistie sociale. J'avais envie de contribuer à faire savoir cela au gouvernement.
Pour autant, je n'étais pas parfaitement à l'aide avec certains des slogans que j'ai entendu hier. D'abord avec celui du "coup de balai" qui me semble mettre un trait d'égalité entre la masse des élus P.S, la droite et les milieux financiers. Je crois que ce slogan, au lieu de permettre aux idées réellement de gauche d'avancer, permet à la direction du parti socialiste de les marginaliser.
Certains des thèmes "sixième république" me posent également question: le référendum révocatoire et la remise en cause systématique de la démocratie parlementaire me semblent avoir un goût "chaviste" qui n'est pas complétement le mien.
En écoutant bien, j'ai eu le sentiment d'entendre 2 discours différents au sein du Front de Gauche ce 5 mai : celui de Mélenchon appelant au coup de balai, à la révolution citoyenne et celui du P.C appelant à faire évoluer l'opinion du peuple de gauche et à faire bouger les lignes à l'intérieur du parti socialiste, toujours considéré comme un partenaire.
Cette deuxième option est évidemment plus modeste mais elle me semble correspondre à l'état réel du rapport des forces politique en France.
A l'inverse, je trouve l'appel à la "révolution" même citoyenne un peu incantatoire.
Et, chose peut être plus grave encore, j'ai le sentiment, depuis plusieurs semaines, de voir le Front de Gauche et Mélenchon hésiter entre ces deux positions.
Je crois que des clarifications importantes s'impôsent si l'on veut pouvoir faire bouger la société française vers un refus construit et conscient de l'austérité et des politiques sociales-libérales qui sont en train de se mettre en oeuvre.