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Billet de blog 7 décembre 2024

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Entre compromission et compromis

La tentation de la compromission sera épargnée au PS car Macron va choisir un premier ministre à sa main. Pour la gauche, la période devrait donc se borner à l’expression forte de ses deux grandes sensibilités : radicale et réformiste. Législatives et municipales approchant, l'union du NFP devra se reconstituer, sauf acceptation de la venue au pouvoir du Rassemblement National.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Entre compromission et compromis. Entre expression de la colère populaire et volonté d’apporter quelques solutions immédiates.

Je prends le risque d’écrire ce billet le samedi 7 décembre, entre le vote de la motion de censure et la nomination d’un nouveau premier ministre par Emmanuel Macron.

Contre la majorité des éditocrates et même des journalistes (je fais la différence), je pense que ce qui se déroule en ce moment ne signifie pas la fin du Nouveau Front Populaire.

Je pense qu’il existe une fine frontière qui sépare l’acceptation de compromis de l’engagement dans la compromission et qu’il n’est pas encore acquis que le parti socialiste franchira cette frontière quand bien même Emmanuel Macron lui laisserait le loisir de le faire ce qui est loin d’être le plus probable.

Je pense aussi qu’à l’intérieur du bloc de gauche, du NFP, nous allons devoir nous habituer à entendre s’exprimer des sensibilités différentes, l’une plus résolument « dégagiste » incarnée évidemment par LFI, l’autre plus à la recherche de compromis et de tranquillité portée par le PS.

Ceci parce qu’il me semble que ces « couleurs de la gauche » dans lesquelles je compte aussi le vert et le rouge aujourd’hui plutôt pale du PCF sont complémentaires et que leur expression, si elle est maitrisée, peut contribuer au succès final du bloc progressiste.

Comment passe-t-on du compromis à la compromission dans la période que nous connaissons ?

Lorsqu’Olivier Faure propose à la droite macroniste un accord de non-censure d’un premier ministre issu du NFP et d’un gouvernement fondamentalement NFP en échange d’un engagement  à ne pas utiliser le 49-3, il est pleinement dans le cadre d’une proposition de compromis acceptable. Même la proposition de geler la réforme des retraites, dure à digérer, me semblerait finalement acceptable si elle devait aboutir à une non-censure des macronistes à toute une série d’autres mesures positives.

De toute manière, la proposition LFI-Castets d’aller à l’Assemblée Nationale discuter texte par texte de « tout le programme, etc. » sans recourir au 49-3, revient au même.

Lorsque l’on passe de « premier ministre issu du NFP » à premier ministre « homme de gauche », c’est à dire concrètement Cazeneuve, on franchit la frontière de la compromission et encore bien plus lorsque l’on commence à envisager une gouvernement mêlant des ministres socialistes, macronistes et même pseudo-Républicains.

Je ne sais évidemment pas jusqu’où la direction du parti socialiste est prête à aller sur le chemin de la compromission et je pense que nous ne le saurons pas ces jours-ci car il semble bien qu’Emmanuel Macron va retirer la coupe de la tentation des lèvres socialistes en nommant un premier ministre issu de son camp et en maintenant son exigence inacceptable pour le PS de rallier le camp macroniste avec armes et bagages.

Il est donc finalement très plausible que, pour la gauche, la période actuelle se borne à l’expression forte de ses deux grandes sensibilités, l’une plus radicale, l’autre plus réformiste.

Cette expression plurielle peut s’avérer une bonne chose car il existe toute une partie de l’électorat de gauche profondément révoltée par la situation qui se reconnaît dans les positions de LFI et il existe une autre partie qui aspire à des solutions immédiates, même partielles et à une affirmation de « force tranquille » et qui se reconnaît évidemment dans le PS. Le bloc progressiste doit s’habituer à fonctionner un peu à la manière du parti démocrate américain dans lequel s’exprime tout un arc de sensibilités politiques.

Quand le président aura nommé Bayrou ou un équivalent, nous continuerons à nous rapprocher d’une deuxième motion de censure, d’une fragilisation encore accrue d’Emmanuel Macron et d’appels de plus en plus puissants à sa démission (auxquels il refusera de céder aussi longtemps qu’il sera possible et peut-être jusqu’en 2027) et enfin d’élections législatives anticipées au mois de septembre.

Malgré la vivacité des affrontements entre les partis du NFP, ils devront, sauf à se suicider, reconduire leur unité pour les législatives et pour les municipales et demander aux électeurs de choisir entre les différentes sensibilités qu’ils incarnent afin de gouverner ensemble sur la base des équilibres qui auront été dégagés.

Samedi 7 décembre 2024

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