Le récent congrès du Parti Socialiste doit nous faire réfléchir. Une grosse minorité de la petite cohorte socialiste appelle à repousser définitivement tout accord avec LFI et le « salopard antisémite » que serait, contre toute évidence, Mélenchon. Une petite majorité, conduite par Olivier Faure, laisse ouverte la porte d’accord électoraux de circonstance avec LFI, c’est à dire d’accords destinés à être, comme celui du NFP, foulés au pied le lendemain des élections.
Ces positions du parti socialiste me semblent évidemment scandaleuses au plan des principes face au risque d’arrivée au pouvoir de la droite extrême Retailleau/Bardella et au regard de l’immense besoin de réformes sociales et écologistes en France.
Elles me semblent aussi suicidaires pour le Parti Socialiste lui même qui continue à vivre dans le pur fantasme du retour à une position dominante dans la gauche française.
En refusant l’unité avec la force la plus importante à gauche, elles aboutissent inévitablement à une politique de compromis avec le pouvoir macroniste.
Quand ils auront fini de s’auto-intoxiquer dans leur congrès d’apparatchiks, sur la possibilité de redevenir la force dominante à gauche ou même sur celle de ramener à eux des électeurs déçus par le macronisme, nous pourrons recommencer à discuter avec les socialistes français qui restent une composante indispensable de la réussite d’une gauche de transformation mais aux cotés des Insoumis, des Communistes et des Verts.
Je n’ai aucune réserve systématique sur l’organisation de primaires à gauche. Cela peut s’avérer un outil utile d’union des forces progressistes dans certaines circonstances. J’ai beaucoup de sympathie à priori pour la volonté des Verts et pour celle de l’Après ou de Conquêtes populaires de lutter pour l’unité de l’ensemble des forces de gauche.
Cependant, il m’apparaît de plus en plus clairement qu’une unité recherchée de Ruffin à Glucksmann est condamnée à n’avoir qu’un seul but : isoler les Insoumis. De ce fait, sa ligne programmatique glissera inévitablement vers le social-libéralisme à la Cazeneuve, Hollande, et compagnie. Sa ligne politique est incohérente d’entrée de jeu entre un Parti Socialiste qui accepte de laisser vivre et nuire un gouvernement Bayrou/Retailleau et qui risque de voter à nouveau le budget 2026 et des Communistes et Verts qui, par contre, ont voté les motions de censure avec les Insoumis.
Au final, les primaires qui nous sont proposées se feront da ns l’ambiguïté programmatique et iront contre ce qui est, j’en suis convaincu, l’objectif de Lucie Castet, de Clémentine Autain ou de Marine Tondelier : faire gagner en France une gauche de transformation sociale et écologique.
Parce que j’ai énormément d’estime pour elles, je les supplie de ne pas s’engager sur ce chemin qui promet l’unité mais construit la rupture et la construit, sur la droite.
Dans la situation concrète où nous sommes, il faut trouver le moyen de ramener le Parti Socialiste à l’unité.
Il n’y a qu’un moyen pour cela : lui faire connaître la défaite électorale.
Verts, Communistes et Insoumis devraient donc commencer par s’entendre pour les municipales. Ils devraient décider de travailler ensemble à faire triompher des listes unitaires vraiment de gauche, dans le plus grand nombre possible de villes.
Cela suppose que les Insoumis aident réellement les Verts à garder les municipalités conquises il y a cinq ans. Cela suppose aussi probablement qu’ils acceptent l’unité aves les Communistes dans les municipalités que ceux-ci détiennent encore.
Dans un bon nombre de municipalités, les maires socialistes ont des positions et des bilans qui doivent conduire toutes les forces de gauche à accepter l’unité avec eux, au second tour et sur la base des résultats dégagés par le premier tour.
Par contre ce bloc de gauche doit s’affirmer dans les communes où des élus socialistes sont positionnés contre l’unité des forces populaires, à Vaux-en-Velin, à Montpellier, à Saint-Ouen, à Rouen par exemple et présenter des listes avec l’objectif de les battre.
Une telle position annoncée clairement, dès septembre, permettrait probablement de faire revenir vers la gauche un bon nombre de socialistes, ceux-ci ayant toujours eu d’excellentes calculettes électorales.
Après des municipales conduites sur cette ligne, la question de l’unité des forces de gauche se poserait d’une maniéré renouvelée.
La question des primaires également.
Si le Parti Socialiste prend la décision de ne pas censurer le budget 2026, la seule primaire possible devra être circonscrite aux forces qui continuent le combat contre les gouvernements d’Emmanuel Macron.
S’ils rejoignent le reste de la gauche dans le vote de censure et si leurs élus les plus antiunitaires sont sanctionnés dans les urnes, on pourra recommencer à parler avec eux de primaires sur une base programmatique plus claire.
A ce moment là, mais à ce moment là seulement, c’est aux Insoumis qu’il reviendra d’accepter des compromis et, en particulier, un processus de choix collectif du candidat à la Présidentielle dans une « petite primaire » Verte, Communistes, Insoumis ou dans une grande primaire avec un P.S revenu, pour quelque temps je le sais bien, à l’unité.
Beaucoup de mes amis me disent que jamais les Insoumis n’accepteront un processus de primaires mais l’une de leurs objections majeure et justifiée est que les primaires avec le Parti Socialiste actuel ne peuvent avoir lieu que sur une base programmatique totalement incohérente.
Une « petite » primaire Verts/Communistes/Insoumis lève cet obstacle et serait dotée déjà d’une capacité propulsive considérable.
J’entends beaucoup d’amis m’affirmer aussi que Mélenchon n’acceptera jamais de ne pas être candidat à la présidentielle. Peut-être mais, après les législatives, les Insoumis ont accepté qu’il ne soit pas premier ministre, qu’un insoumis ne soit pas premier ministre, qu’il n’y ait pas de ministres insoumis, ceci pour laisser à la gauche unie autour de Lucie Castet une chance de gouverner.
Ils m’ont semblé alors faire preuve d’un sens de l’intérêt national qui pourrait trouver à nouveau à s’exprimer dans l’acceptation d’une primaire si celle-ci se fait sur une base programmatique claire.
Par ailleurs et enfin, dans une primaire où il serait candidat, je ne vois pas bien qui serait en état de battre Jean-Luc Mélenchon.