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Billet de blog 27 août 2024

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PENSER, A GAUCHE, LES COUPS SUIVANTS

La seule perspective viable pour la gauche me semble de consolider l unité du NFP constatée tout cet été autour de son programme. Le mouvement social doit devenir un partenaire incontournable Abordons les prochaines étapes politiques dans leur ordre le plus probable : réforme des retraites, législatives anticipées puis élections municipales et, dans trois longues années,les présidentielles..

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J’espérais sincèrement que le Nouveau Front Populaire parvienne à faire que Lucie Castets soit nommée première ministre par Emmanuel Macron. J’espérais sincèrement qu’un gouvernement de gauche réussisse à utiliser les quelques semaines de vie dont il aurait disposé avant une motion de censure inévitable pour faire passer autant de mesures socialement et écologiquement positives que  possible.

Il est plus clair que jamais qu’il existe un bloc tacite Renaissance/Républicains/ Rassemblement National décidé à empêcher tout gouvernement d’un N.F.P qui n’aurait disposé, il faut malheureusement le rappeler, que d’un tiers des sièges à l’Assemblée Nationale.

Il faut dénoncer l’absolu cynisme de partis comme Renaissance ou le MODEM qui ont considéré en Juillet que L.F.I faisait partie du front républicain, qui ont accepté les voix de ses électeurs et appelé leurs électeurs à voter pour des candidats insoumis, et qui décident aujourd’hui, à nouveau, que les Insoumis doivent être exclus de l’arc républicain. Ils marquent un mépris absolu pour les électeurs qui ont assuré, heureusement, la réussite du front républicain en juillet.

Un gouvernement « acceptable par défaut » par les différentes forces de droite et d’extrême droite finira par voir le jour pour continuer la politique d’Emmanuel Macron.

Il sera très fragile car totalement à la merci d’un Rassemblement National votant la censure avec le N.F.P et même sous la menace des intérêts électoraux de moyen terme de Laurent Wauquiez.

La gauche a acquis de bonnes positions pour mener de beaux combats en contre à l’Assemblée Nationale et dans le pays mais il me semble clair qu’Emmanuel Macron a créé les conditions d’une année d’immobilisme politique.

Sur ces combats en contre, je veux juste parler de celui qui concerne l’abrogation de la loi sur les retraites . Pour dire vite, s’il faut voter un texte du Rassemblement National (sous réserve qu’il soit acceptable dans ses termes), le N.F.P doit le faire car ce sujet est trop important pour des millions de gens et la défaite qui serait infligée au cœur du projet macroniste vaut que la gauche fasse une entorse à son principe de ne jamais voter les textes proposés par le Rassemblement National.

Par ailleurs, l’arithmétique fait qu’une motion de censure du N.F.P ne pourra être majoritaire qu’avec les voix du Rassemblement National !

Pour le reste, il faut donc commencer à se poser les questions de l’avenir à moyen terme.

Je voudrais, dans cette perspective, avancer quelques propositions :

1) Le salut pour la gauche ne réside pas, comme le propose Raphael Glucksmann, dans un retour aux valeurs de la social-démocratie mais dans un renforcement de l’unité du N.F.P sur la base du programme de transformations sociales et écologiques radicales qui a été élaboré et accepté par tous.

C’est cette unité réalisée qui a assuré le premier succès, encourageant mais insuffisant, aux législatives. C’est cette unité maintenue pendant l’été qui rendait crédible la candidature Castets, qui commence à rendre la gauche à nouveau audible par un électorat populaire que désespéraient ses divisions. C’est cette unité, sur ce programme, qui est susceptible de détacher du Rassemblement National une part significative de son électorat. Toute la suite de ce texte prendra comme hypothèse que l’unité du N.F.P se consolide et se renforce dans les mois qui viennent. Je veux croire que la majorité du P.S, parti le plus fragile de la coalition, refusera les appels à aller gouverner avec le centre et la droite sur une ligne de compromission qui serait désespérante et catastrophique pour toute la gauche et pour le P.S en premier lieu. D’une manière à laquelle aucun commentateur politique ne voulait croire, les événements de cet été et de ces jours derniers semblent rendre crédible cet espoir. 

2) Pour gagner demain, les partis qui composent le N.F.P doivent garder en mémoire la force de l’immense mouvement populaire, des dizaines de milliers de bénévoles et de primo-militants, des milliers d’associations qui se sont mises en lutte pour empêcher la venue au pouvoir du Rassemblement National. Les combats qui sont à venir imposent de trouver le moyen d’associer le mouvement social dans toute sa diversité. Il le faut car nous avons besoin de ce mouvement social pour l’emporter. Il le faut aussi car si les partis de gauche devaient oublier ce qu’ils doivent à l’ incroyable mouvement populaire qui s’est mis en mouvement pour les législatives, ils créeraient beaucoup de déceptions et le terrain pour des défaites à venir.

Il faut donc travailler à construire un parlement de l’Union Populaire et des assemblées locales de cette union.

Dans l’ordre chronologique non certain mais le plus probable, nous devons nous préparer à trois échéances électorales : des législatives anticipées en 2024-25, des municipales en 2026 et des présidentielles ensuite.

Contrairement à ce qu’exprime Remy Lefébvre dans Le Monde en date du 25 juin, l’élection présidentielle n’est pas la priorité immédiate et c’est probablement une bonne chose.

En effet, pour les législatives, les choses peuvent être assez simples. La menace du Rassemblement National va nous imposer à nouveau des candidatures uniques. En l’absence de toute élection intermédiaire constatant une modification des rapports de force, il parait logique que la répartition de ces candidatures entre les partis du N.F.P reprenne, sauf exceptions négociées, celle qui vient d’être actée en juillet.

Cela n’empéche pas chaque parti mais au contraire les oblige, dans les circonscriptions dont ils ont la responsabilité de travailler à donner une place plus forte aux femmes, aux classes populaires et aux minorités racisées.

Pour gagner une majorité forte et stable, c’est fondamentalement à la conquête de circonscriptions tenues par le Rassemblement National qu’il faut aller.

Encore une fois, le renforcement de l’unité du N.F.P et l’affirmation de son programme clair de transformations sociales et écologiques sont les clés essentielles des succès à venir. Cependant, sur un plan plus pratique, chaque parti de gauche devrait décider d’affecter une part significative de ses moyens au soutien de ses candidats dans les circonscriptions qu’il est indispensable de faire basculer. Si le N.F.P devait se cantonner à ses zones géographiques de confort, il est évident qu’il perdra. Il va être essentiel d’associer le mouvement social pour que les mille initiatives de type phoning, caravanes militantes, mobilisations militantes que nous avons connues lors des dernières législatives  sur le terrain soient maintenues et consolidées.

Les municipales vont constituer le deuxième temps politique. Tous les observateurs s’accordent à dire que la volonté d’union est très forte à la base du peuple de gauche Sur la base des résultats électoraux constatés depuis le dernier renouvellement communal, l’union me semble pouvoir se réaliser très largement et obtenir de grands résultats partout dans le pays. Le NFP devrait aussi se donner comme objectif d’être, lors de ces municipales, exemplaire en terme de parité, de présence de candidatures populaires et des minorités racisées.

Si, comme je le pense, Emmanuel Macron s’accroche jusqu’au bout à son mandat, viendra enfin l’élection présidentielle.

A ce moment là, à ce moment là seulement, je deviens d’accord avec la proposition de primaires formulée par Rémy Lefébvre. Si l’unité du N.F.P est parvenue à se maintenir et à se consolider, les Insoumis pourront difficilement refuser une primaire qui devra être réservée à des candidats ayant accepté et soutenu le programme du N.F.P. Dans ce cadre et dans trois ans (une éternité politique !), il est possible que cette primaire mette au premier plan une autre candidature que celle de Jean-Luc Mélenchon. Il est très possible aussi et il me semble assez probable que, malgré les tentatives incessantes de diabolisation conduites à son encontre, le peuple de gauche finisse par juger qu’il reste son meilleur candidat. Cependant tout ceci est loin, très loin et il faut prendre les choses dans l’ordre.

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