SPILF ? Késako ?
La SPILF c'est la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française.
Le 2 mars, cette société a répondu à la consultation publique ouverte par la HAS à propos de son avis provisoire concernant les obligations vaccinales actuelles des soignants, consultation qui s'est déroulée durant deux semaines et a concerné les instances suivantes : "associations de patients et d'usagers du système de santé et des secteur social et médico-social, sociétés savantes, collèges nationaux professionnels, ordres professionnels, syndicats de professionnels de santé, institutions ou organismes public, établissements de santé ou médico-sociaux, entreprises, etc."
La directrice du CMPP dont je témoigne - structure dont l'avis n'a pas été sollicité, alors que les CMPP font partie des établissements médico-sociaux - est allée voir sur le site de la HAS. La réponse à cette consultation se faisait, m'a-t-elle expliqué, sous forme d'un questionnaire extrêmement réduit et fermé, permettant juste de donner son degré d'accord avec l'avis provisoire de la HAS et de faire l'une ou l'autre remarque.
Y aurait-il eu d'autres voies que le formulaire officiel pour répondre de manière plus exhaustive à cette consultation, comme cela semble avoir été possible à la SPILF ?
J'ai déjà parlé ici de mon étonnement face à la démarche de la HAS. La vaccination obligatoire covid est récente, elle a été rendue légale très rapidement et dans un contexte de crise sanitaire qui a entre-temps disparu. Elle a déjà été abandonnée ailleurs, et doit selon la loi être reconsidérée en fonction de "l'évolution de la situation épidémiologique et des connaissances médicales et scientifique". Or la HAS a répondu à une demande du gouvernement et se retrouve à traiter dans la même étude vaccinations contre le tétanos et contre le covid, ce qui n'a aucun sens.
Alors qu'est-il en train de se produire, avec ce tour de passe-passe ?
Que dit la SPILF dans son avis ? En introduction, elle affirme que lever n'importe laquelle des obligations vaccinales actuelles des soignants "est problématique". Puis elle différencie son propos en trois parties, DTP, hépatite B, et covid.
Concernant le covid, la SPILF admet que les rappels vaccinaux ne soient pas obligatoires pour les soignants mais ne peut pas lâcher complètement : "La levée de l'obligation apparait problématique pour ce qui est de la primovaccination". Donc selon la SPILF, tout soignant devrait obligatoirement passer par la case vaccination covid. Elle propose toutefois des aménagements : un non-vacciné qui a eu le covid pourrait être réintégré avec une seule injection. Sur quels critères scientifiques s'appuie la SPILF pour affirmer qu'après une infection covid une injection serait quand même nécessaire ? Et qu'elle serait suffisante ? Aucun.
Dans cet extrait de la conclusion de l'avis de la SPILF : "primovaccination qui doit rester obligatoire à l'entrée dans les études concernées, à défaut à l'embauche, ou avant toute réintégration d'un professionnel n'ayant pas souhaité recevoir la primovaccination jusque-là", je vous laisse apprécier l'euphémisme "souhaité" pour qualifier le refus du vaccin covid par des milliers de personnes, qui sont pour cela interdites d'exercer leur profession et privées de moyen de subsistance depuis un an et demi.
Si ce genre d'avis était suivi, nous ne serions jamais réintégrés.
La SPILF a-t-elle seulement lu l'avis de la HAS, qui stipule p. 7 que pour établir son projet de recommandation elle a pris entre autre en considération " Les critères de mise en œuvre d’une obligation vaccinale, proposés par le HCSP (Haut Conseil de la Santé Publique ndlr) en 2016 qui considère que toute décision de rendre ou de maintenir obligatoire une vaccination pour des professionnels de santé ne doit s’appliquer qu’à la prévention d’une maladie grave, avec un risque élevé d’exposition pour le professionnel et avec un risque de transmission à la personne prise en charge, et pour laquelle existe un vaccin efficace et dont la balance bénéfices/risques est largement en faveur" ?
Sommes-nous dans ce cas, avec le covid et son vaccin ?
Cependant et pour résumer l'avis de la SPILF tout soignant devrait avoir reçu une injection (au minimum) de vaccin contre le covid.
Il s'agit d'une position de principe, sans aucun argument d'ordre médical ni aucune étude pour l'étayer.
La SPILF y va également d'arguments idéologiques, un peu comme l'a fait l'Académie de médecine. Lever l'obligation vaccinale covid discréditerait la vaccination de manière générale. Comment des scientifiques peuvent-ils ne pas concevoir qu'au contraire, lever cette obligation qui n'a plus lieu d'être indiquerait l'adaptation de la politique vaccinale à la réalité sanitaire, ce qui pourrait rassurer la population ?
Pour vous faire une idée des potentiels enjeux sous-jacents aux préconisations que peut formuler un organisme comme la SPILF dans une telle consultation, je vous invite à cliquer en bas du document, sur "Partenaires".
Mais au-delà de cela, n'est-on pas ici dans une position quasi religieuse, l'affirmation de la nécessité d'une primo-vaccination covid comme rite de passage pour avoir le droit d'entrer dans la communauté des professionnels de santé ?