Christine LETZ

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Billet de blog 15 septembre 2023

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Anniversaires

Il y a deux ans, le 15 septembre 2021, j'ai été suspendue sans salaire parce que je n'avais pas voulu me faire vacciner contre le covid.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Du jour au lendemain il m'a été interdit d'aller au CMPP et d'y rencontrer mes petits patients. Brutale interruption du travail engagé avec eux.

Je me suis retrouvée face au vide, à l'attente interminable, à l'incompréhension, à l'angoisse. Un traumatisme.

Ce qui était inconcevable, inimaginable, a bien eu lieu, dans l'indifférence générale. Qu'est-ce qui a bien pu se passer pour qu'un tel traitement infligé à des milliers de professionnels se produise, au détriment des soins, sans choquer ? Pas de scandale, de manifestations, de réactions de syndicats. Rien.
Étions-nous dans une situation sanitaire catastrophique demandant des mesures d'urgence et face à laquelle il était prouvé qu'être vacciné allait apporter une issue favorable et permettre de mieux assurer les soins ? Absolument pas.

Alors que s'est-il produit ? De quel aveuglement avons-nous été atteints ?

Durant plus d'un an, j'ai été totalement privée de ressources, jusqu'à ce que j'aie la chance (...) d'attraper le covid.

Si rien ne se passe d'ici ma retraite dans le sens d'une réparation financière, soit je devrai travailler plus longtemps - si toutefois j'y arrive - soit le trou provoqué dans les meilleures années de ma carrière professionnelle par cette suspension aura des répercussions dans le calcul de mes droits. Une sanction à vie, donc.

Pour quelle faute ? Pour avoir dit non à une mesure de principe, infondée sur le plan sanitaire. Pour avoir fait valoir mon droit au consentement libre et éclairé.

Il y a un an, le 15 septembre 2022, j'ai démarré ces billets. Malgré le silence de la rédaction de Mediapart face à mes sollicitations, ce blog existe. En plus d'inscrire ce qui s'est passé quelque part, écrire a eu un effet bénéfique pour moi. Cela m'a permis de témoigner, mais surtout d'organiser ma pensée et ma réflexion, de ne pas perdre pied. Les réactions à mes billets et les soutiens m'ont portée et parfois poussée à réfléchir différemment.

Aujourd'hui, au CMPP, j'ai très certainement été la seule à avoir en tête cet anniversaire des suspensions. Pour tous, la page est tournée, la situation redevenue normale. Le traumatisme, l'épée de Damoclès toujours présente au-dessus de la tête des "réintégrés" (la loi du 5 août 2021 n'est pour l'instant pas abrogée puisque le sénat n'a pas traité le sujet), personne n'y pense.

Aujourd'hui le ministre de la santé avance le début de la campagne de vaccination de deux semaines. Va-t-il annoncer dans les prochains jours qu'il sollicite à nouveau l'avis de la HAS concernant l'obligation vaccinale des soignants, ainsi qu'il l'évoquait récemment

Le cauchemar s'arrêtera-t-il un jour, pourrons-nous enfin travailler et exercer sereinement notre mission de soins ? 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.