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Billet de blog 22 mars 2023

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Lettre à Médiapart

En l'absence de réponse de votre part à mes diverses sollicitations, je me permets de revenir vers vous pour attirer votre attention sur un phénomène intéressant.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

‌Chère rédaction de Médiapart, cher Edwy Plenel, cher Stéphane Alliès,

En l'absence de réponse de votre part - ah non pardon, j'ai reçu le mail-type - à mes diverses sollicitations, directes ou indirecte, je me permets de revenir vers vous pour attirer votre attention sur un phénomène intéressant.

Nous vivons une actualité agitée, houleuse, l’effervescence provoquée par la façon dont la loi sur les retraites a été imposée au forceps par un gouvernement à la légitimité subclaquante provoque des réactions, de l'incompréhension, beaucoup de colère. Elle est fortement exprimée et relayée par Médiapart, ce qui m'a donné l'occasion d'évoquer en commentaire de plusieurs articles la situation des soignants (et assimilés) suspendus sans salaire depuis plus d'un an et demi - UN AN ET DEMI - parce qu'ils ont fait le choix de ne pas se faire vacciner contre le covid.

Or il se trouve que mes commentaires ont été beaucoup recommandés, et parfois commentés.

Celui de la chronique du 18 mars au matin "Savez-vous quelle réserve de rage vous venez de libérer ?" a été recommandé par 60 personnes, occupant le 4ème rang des commentaires les plus recommandés (classé en réalité 9ème, mais cinq consistent simplement en des remerciements et une demande que l'article soit mis en accès libre).

Celui de l'article du 18 mars au soir Après l'annonce du 49-3 sur les retraites le mouvement se radicalise la police brutalise été recommandé 62 fois, ce qui le place en 6ème position des commentaire les plus recommandés.

Celui de l'article du 20 mars Le gouvernement mérite la censure a reçu l'aval de 26 personnes, il est 5ème commentaire le plus recommandé.

Mes interpellations rencontrent donc un écho notable parmi les lecteurs de Médiapart.

Dans leurs réactions, plusieurs soulignent ou interrogent le silence du journal.
Certains ramènent la question sur le sujet du vaccin et des raisons supposées de notre refus, ce qui n'est pas mon propos.
L'un ou l'autre affirme qu'il n'y a pas de lien entre ce que j'évoque et les événements actuels, ce qui m'a poussée à préciser en quoi ce qui se passe à l'heure actuelle est, de mon point de vue (et de celui de tous ceux qui ont recommandé mes commentaires), bien dans la continuité de ce qui est en cours pour les "suspendus".

La violence dont le gouvernement fait preuve actuellement pour arriver à ses fins en utilisant tous les moyens pour imposer une loi injuste et pénalisante pour beaucoup, les soignants (et assimilés) suspendus le 15 septembre 2021 la subissent depuis 18 mois avec une exclusion brutale de leurs lieux de travail, justifiée par une loi incohérente et sans nuances. Nous sommes maintenus dans une situation de non-droit jamais connue auparavant, au détriment des soins, alors que plus rien ne justifie une telle mesure de suspension.  Si toutefois elle l'a jamais été, ce qui pour certains d'entre nous est très discutable : ceux qui ne croisent jamais un patient, et ceux - dont je fais partie - qui travaillent auprès d'enfants scolarisés.

Les quelques pays qui avaient appliqué une obligation vaccinale covid sont entre-temps revenus en arrière. Seule la France s'arcboute et nous laisse dans une attente infernale, en demandant les avis des uns et des autres. Seule la France a eu l'idée de faire de la question des réintégrations une question "éthique", puisqu'elle ne peut plus être justifiée sur le plan sanitaire...

Même si les causes et les effets de la violence gouvernementale sont différents dans les deux situations, le fond est le même : mépris, mensonges, arbitraire. On peut rajouter pour nous stigmatisation et invisibilisation.

Faire en sorte d'empêcher le travail de l'assemblée nationale, au mois de novembre le gouvernement l'a déjà fait nous concernant, lors de la niche parlementaire de la NUPES dont la loi en faveur des réintégrations allait être votée. Ici il dégaine un 49-3 plutôt que de laisser le processus de vote se dérouler, là il a fait obstruction sous forme d'amendements.
Dans les deux cas, le gouvernement est donc passé en force pour imposer ce qu'il voulait, au mépris de la démocratie parlementaire.

Alors comment comprendre la forte mobilisation de Médiapart pour dénoncer les défauts de la loi des retraites et la brutalité des moyens utilisés pour l'imposer, et son silence en ce qui nous concerne ?
Êtes-vous comme certains des commentateurs de mes commentaires encore englués dans des représentations figées, sous l'emprise du discours officiel qui nous a été servi depuis trois ans ? Des avis personnels sur le vaccin covid - en particulier dans le milieu du soin - brouilleraient-ils encore la perception qu'a Médiapart de notre  situation, à l'image de ce qui s'est probablement passé avec l'inaction des syndicats nous concernant, alors qu'ils se sont immédiatement mobilisés lorsqu'une obligation vaccinale pour tous les travailleurs a été évoquée ? Ou bien, ici aussi, serait-il nécessaire d'être très très nombreux pour être entendus ? Même si elle ne concernait qu'une seule personne, cela ne rendrait pas moins grave l'ignominie de ce qui est en cours.

Actuellement en France, on peut sans aucune raison valable interdire à quelqu'un d'exercer son métier, le laisser sans salaire (ni cotisations retraites ni - conséquence du temps qui passe - droits à indemnités journalières) et sans aucune aide sociale, pour une durée indéterminée.

Médiapart n'est-il pas sensible à cette mise à mal sans précédent du droit, devenue un problème politique, un problème de société qui pourrait bien dorénavant concerner tout un chacun si rien n'est fait, car la voie est ouverte pour cela ?

Ma perplexité est grande face à votre absence de réaction, et je vous serais très reconnaissante de bien vouloir m'éclairer.

Christine Letz

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