Un autre regard sur les attentats
Les attentats du 13 novembre ont choqué tout le monde sans pour autant nous surprendre malheureusement, tant d’éléments sont présents pour nous indiquer ces explosions. Si une réponse ferme à la violence psychopathe est souhaitable, elle ne doit pas s'exercer au détriment des libertés démocratiques et être l'occasion de mettre en résidence les alternatifs et activistes pour la COP21.
Notre passé colonial a clivé le monde en deux polarités Nord et Sud et les guerres répétées[1] nous ayant affaiblis, désormais le Sud nous demande des comptes de différentes manières et notamment par les flux migratoires des personnes qui viennent chercher chez nous une terre d’asile, d’espoir, de promesse de futur.
Ces flux migratoires posent alors la question de l’intégration. La mise en « ghetto » de la majorité des personnes en périphérie de nos villes, puis l’ostracisation systématique des individus issus de l’immigration a créé les conditions du rejet, de ne pas avoir de futur[2] car pas de moyens pour s’insérer dans une société qui, contrairement aux valeurs affichées de fraternité, démontre une ségrégation systématique qui est alors vécue comme une violence permanente institutionnelle et sociale.
La violence est le fruit du rejet et de la misère
Alors face au rejet, expérimentant la violence au quotidien, le désarroi, la précarité se développe et avec elle les conditions de la rage et de la haine. La misère psychique, économique et sociale fournit le terreau propice aux recrutements terroristes qui eux promettent futur, reconnaissance et une place dans la société.
L’exclusion subie ou perçue se transforme en énergie au service de la mort.
Cette nouvelle main d’œuvre est alors la manne rêvée pour créer les déstabilisations sociales justifiant pour un gouvernement d’entrer en guerre[3], sans la moindre concertation avec les citoyens, les prenant en otage dans l’escalade de la violence armée nourrissant plusieurs lobbies successifs : armement[4] et assurance (pour répondre à la peur on se sécurise), pétrole, puis BTP pour reconstruire après les ruines…
L’instrumentalisation des conflits
L’instrumentalisation des conflits transformés en guerre permettent de relancer l’économie et de préserver les intérêts géopolitiques comme l’accès aux ressources. Ce qui n’a rien de nouveau dans l’histoire humaine. La différence aujourd’hui réside dans le fait que, pour la première fois de l’humanité, nous sommes en capacité de collecter les informations sur notre quotidien, les rassembler, les comparer, les analyser, les décrypter de manière à nous faire une opinion et à comprendre quasiment instantanément ce que nous vivons.
Ceci nous permettant alors de choisir nos actions, nos engagements et quel monde nous voulons co-créer. Nous pouvons très rapidement décider de modifier nos comportements par exemple.
L’accélération du niveau de conscience
Cet accès instantané aux informations agit évidemment sur une accélération du niveau de conscience. Nos interactions systémiques accélèrent les feed-back (boucles de rétroactions) et nous conduisent à des adaptations toujours plus rapides et nous font alors progresser vers des prises de conscience plus fréquentes. Ce qui a pour effet une élévation du niveau de conscience pour les uns et une mise à l’écart également amplifiée pour d’autres pour qui cette complexité est trop difficile à appréhender. Alors, face à un nouveau mur - celui de l’accès au monde complexe - certains se radicalisent et se replient vers des propositions où la réalité est présentée de manière simplifiée, avec des codes plus binaires, où les franches oppositions simplifient les nuances et les références multiples de notre monde complexe.
Comme une partie de la population s’émancipe et reprend le chemin de la réflexion et de l’esprit critique, les manipulations médiatiques et informationnelles permettent d’influencer à nouveau ceux qui auraient tendance à sortir du cadre. Ainsi, les algorithmes gèrent les Big Data recueillies par les GAFA fournissent les moyens à ceux-ci comme aux entreprises commerciales ou aux partis politiques, gouvernement, Renseignements Généraux d’avoir des données de plus en plus précises sur les citoyens, - ceux-ci avec les réseaux sociaux, communiquent librement des milliers d’informations personnelles – et de s’en servir en fonction de leurs intérêts.
L’illusion de liberté fournie par Internet
Ainsi, l’impression de liberté donnée par Internet et les réseaux sociaux est-elle une illusion qui se réduit à chaque nouvel algorithme et décision gouvernementale, prise au service de la sécurité.
Et pendant ce temps là, les mass médias diffusent à l’envi textes et images sur les attentas successifs et les actions de police formatant les esprits à la peur et au besoin de trouver des bouc émissaires.
Et lorsque la peur gagne et que le gouvernement incite à rester chez soi, que fait-on, surtout durant tout un week-end ? On regarde la télévision et l’information devient alors intoxication. Alors la chaine cognitive suivante se met en place : « la violence c’est normal », la guerre est banalisée car rendue « normale » et nous prive de toute réaction de refus, ce qui nous pousse souvent inconsciemment vers l’acceptation puis la soumission.
La mobilisation citoyenne : un acte de résistance
Face à cette manipulation et à la prise de pouvoir autoritaire de notre gouvernement (Etat d’Urgence)[5], au nom de la sécurité, nous devons rester vigilants à ce que ces nouvelles mesures liberticides ne s’instaurent pas comme une nouvelle composante de notre quotidien et fasse évoluer notre démocratie vers un régime bien plus autocrate.
Nombreux sont les citoyens qui veulent apporter une réponse, se faire entendre pour proposer des voies de fraternité, de paix, des modalités de conciliation de la diversité.
Lorsque le gouvernement parle de guerre, les citoyens se mobilisent pour la paix. La fracture n’est pas uniquement sociale mais désormais aussi politique. L’esprit politique, au sens de gouverner la Cité, redevient une priorité des citoyens qui veulent reprendre la main sur leur destin afin de co-construire un futur souhaité.
A la suite des assassinats de janvier des milliers d’initiatives ont vu le jour, toutefois, les récupérations médiatiques et gouvernementales ont laissé un goût amer aux citoyens qui se sont vus dépossédés de leur élan de paix et de fraternité.
Aujourd’hui, ils veulent être entendus sur ce qui est prioritaire pour eux à savoir vivre en paix, accepter la diversité de notre société plurielle, concilier nos différences, développer les liens entre les personnes et les communautés, trouver des réponses pour accueillir et intégrer ceux qui viennent à nous pour partager nos valeurs.
Nombreux sont les citoyens qui veulent tisser de nouvelles voies et sont prêts à aller au-delà de l’indignation, à « entrer en résistance »[6] puisque l’on parle de « guerre » afin de préserver la démocratie, la liberté, la fraternité[7], nos valeurs républicaines et la paix.
La résilience individuelle et collective se manifeste chaque jour un peu plus, énergie nécessaire associée à la montée du niveau de conscience pour opérer la transition vers la mutation de notre civilisation.
L’élan est à la convergence des initiatives afin d’avoir un poids aussi bien d’efficacité que médiatique. Les enjeux sont trop importants pour nous laisser « faire ». Les attentats répétés font enfin sortir les citoyens de l’inertie et des seuls « like » sur FaceBook, ceci d’autant que la chronologie de l’actualité[8] invite à se mobiliser pour nos droits, nos libertés et laisser un futur présentable à nos enfants.
Le 15 novembre 2015
[1] Ce n’est pas la seule raison bien entendu.
[2]http://www.humanite.fr/dounia-bouzar-les-jeunes-terroristes-sont-deshumanises-590295
[3] La réponse de fermeté que le gouvernement a démontré face aux terroristes est nécessaire pour ne pas laisser la folie gagner. Les mesures exceptionnelles sont prises pour se donner le droit de pouvoir réaliser les interpellations nécessaires et donner un message fort pour limiter de prochaines initiatives. L’objet de cet article est de rendre attentifs aux conséquences sur la liberté, la démocratie et la paix.
[4]http://www.liberation.fr/futurs/2015/06/14/ventes-d-armes-le-grand-boomdes-exportations-francaises_1329625
[5]http://www.slate.fr/story/110359/six-deputes-contre-loi-etat-urgence-arguments
[6]http://www.lesinrocks.com/2015/11/22/actualite/manifs-interdites-vous-ne-pouvez-pas-marcher-apportez-vos-chaussures-11789215/
[7]https://www.francebleu.fr/infos/societe/musulmans-athees-chretiens-et-juifs-reunis-la-grande-mosquee-de-saint-etienne-pour-dire-non-au-terrorisme-1447601855
[8] Ordonnance prise pour que les banques puissent accéder aux comptes de leurs clients pour se renflouer : http://www.medias-presse.info/lordonnance-est-passee-en-france-desormais-une-banque-pour-se-renflouer-pourra-ponctionner-les-comptes-de-ses-clients/42401
Le redressement fiscal des médias engagés et libres, Médiapart, Rue89 : http://www.lexpress.fr/actualite/medias/les-deputes-pour-un-effacement-du-redressement-fiscal-de-mediapart_1318479.html
Annulation des manifestations des citoyens pour la COP21 à la suite des attentats du 13 novembre : http://www.lemonde.fr/cop21/article/2015/11/18/le-gouvernement-annule-les-manifestation-sur-le-climat-du-29-novembre-et-du-12-decembre_4812854_4527432.html
Réduction des libertés : http://www.liberation.fr/france/2015/11/19/l-inaudible-defense-des-libertes_1414577
Une nouvelle crise économique annoncée : http://www.challenges.fr/economie/20150928.CHA9891/pourquoi-nous-allons-droit-vers-une-nouvelle-crise-financiere-mondiale.html
Un soupçon de troisième guerre mondiale pour le pétrole et le pouvoir ? http://www.algeriepatriotique.com/article/vladimir-poutine-pourrait-ordonner-des-frappes-aeriennes-en-arabie-saoudite-et-au-qatar
La COP21 et les lobbies : http://www.rts.ch/info/monde/7276561--la-cop21-est-l-objet-d-une-danse-macabre-de-lobbies-tres-puissants-.html
Les succès à l’export : http://www.lejdd.fr/International/Moyen-Orient/La-France-decroche-10-milliards-d-euros-de-contrats-avec-l-Arabie-Saoudite-755233