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Billet de blog 6 octobre 2025

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Le bug Macron

Cinq premiers ministres sous le second mandat d’Emmanuel Macron dont trois en treize mois. Le dernier s’est particulièrement distingué : premier ministre le plus lent à constituer son gouvernement, premier ministre le plus rapide à démissionner et gouvernement le plus bref de l’histoire. Le principal responsable de ce chaos est Emmanuel Macron mais la responsabilité est partagée.

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Nous y sommes cinq premiers ministres sous le second mandat d’Emmanuel Macron dont trois en treize mois.  Le dernier s’est particulièrement distingué non pas dans ses actions mais avec trois records, premier ministre le plus lent à constituer son gouvernement, premier ministre le plus rapide à démissionner (27 jours) et le gouvernement le plus bref de l’histoire (13 heures).

Le principal responsable de ce chaos est Emmanuel Macron mais la responsabilité est partagée avec tous ceux et toutes celles qui ont permis et facilité son accession au pouvoir. Je ne vais pas revenir sur les circonstances de l’élection de 2017 avec le soutien de la presse aux mains des milliardaires, sur la désertion d’Hollande, sur l’affaire Fillon, sur les opportunistes de gauche et de droite pour continuer une carrière politique…Le mal est profond. Ce n’est pas une crise que nous traversons, une crise c’est soudain, c’est bref. Nous sommes face à la fin d’un système ouvert dans les années 70, un système de dépolitisation avec comme précurseur le Président Giscard qui souhaitait gouverner au centre en rassemblant deux français sur trois. François Bayrou a prolongé cette ambition lors des élections présidentielles de 2002, 2007 et 2012 se présentant comme le 3ème homme, la 3ème voie. Emmanuel Macron avec son livre « Révolution !», son « Projet » et son « En même temps » va réaliser ce dessein. Le bilan démocratique, économique, social, écologique et diplomatique est désastreux.

Malgré tout, j’entends encore ce matin des personnalités politiques, des médias appelaient à une union du centre avec des personnes responsables et raisonnables pour éviter le chaos. Mais le chaos c’est eux, le chaos il est déjà là et depuis de nombreuses années pour des millions de personnes, c’est le résultat de leurs politiques, cette politique de l’offre privilégiant le profit, la rente et le capital au détriment de la demande et des besoins essentiels de la population. Ils s’improvisent rempart contre les extrêmes dans ce gloubi-boulga de fin de règne . En utilisant le mot extrême au pluriel ils désignent l’extrême droite mais également et surtout la France Insoumise et son projet l’Avenir en Commun base du programme du Nouveau Front Populaire de 2024.

Il est bon de rappeler, de répéter que l’extrême gauche ne siège pas à l’assemblée nationale. Le Conseil d’État a spécifiquement mentionné le 11 mars 2024 que le Parti Communiste Français et La France Insoumise étaient classés à  « Gauche », tout simplement à gauche, à la gauche du PS, à gauche avec un programme de gouvernement réaliste et chiffré. LFI ne prône pas de sortie de l’économie de marché mais propose une régulation par l’État, une planification agricole et écologique, une assemblée constituante pour une 6ème République, une plus juste contribution de chacun et chacune, une répartition de la richesse produite pour soutenir une politique de la demande pour efficacement répondre aux besoins urgents de la population. LFI s’inscrit tout naturellement dans une gauche traditionnelle, qu’on peut qualifier de radicale car elle souhaite un retour aux racines de la gauche. Concernant l’extrême gauche, il est difficile d’en donner une définition précise car elle est multiple et diverse, les mouvements, les partis d'extrême gauche rejettent généralement la démocratie libérale, militent pour l'abolition du capitalisme, revendiquent la révolution permettant de créer une société égalitaire.

L’irresponsabilité de ces « raisonnables » de classer la France Insoumise dans l’extrême gauche accélère la banalisation de l’extrême droite xénophobe et raciste. Certaines personnalités dites républicaines ont déclaré préférer voter extrême droite contre la France Insoumise et certaines personnalités à « Gauche » ont appelé à ne pas choisir entre la France Insoumise et la droite. L’histoire de la gauche, depuis la Révolution, c’est toujours choisir son camp contre la droite ou l’extrême droite, rompre avec cette tradition Républicaine c’est rompre avec la gauche.

Nous avons besoin de clarté car de nombreuses personnes sont désorientées avec les déclarations des canards sans tête qui inondent les ondes et les plateaux télé. Il est souvent pris exemple des autres pays européens comme l’Allemagne, l’Angleterre avec leurs gouvernements de coalition. Mais la France a sa propre histoire, son histoire singulière et universelle issue de la Révolution Française de 1789 avec le clivage acté des députés favorables au maintien du pouvoir du roi placés à la droite du président de l'assemblée et les partisans d'une limitation de ses pouvoirs, à sa gauche. Le clivage gauche droite va structurer notre vie politique et nos institutions tout au long de notre histoire, pendant la Restauration, la monarchie de juillet, la 2ème république, le second empire, la troisième République, popularisé avec le Front Populaire de 1936. La seconde guerre et la collaboration va affaiblir la droite débouchant sous une quatrième république dans un contexte de guerre froide avec un parti communiste français puissant et des gaullistes dans une droite divisée. La constitution et le mode de scrutin majoritaire de la cinquième république va favoriser le bipartisme et le clivage gauche droite. L’avènement de Macron ni gauche ni droite (mais surtout de droite libérale)  synthèse des partisans du oui lors du référendum de 2005 va brouiller les cartes. Nous sommes à la fin de cette désastreuse séquence et nous devons définitivement fermer cette parenthèse en affirmant une gauche pour une alternative et non pas pour une alternance.

La population a besoin d’échanger, de débattre avec des mouvements politiques bien ancrés avec des convictions fortes, des idées et tout simplement un programme. Mettre fin à des présidents qui se présentent en 1995 promettant de réduire la « fracture sociale », en 2002 appelant à « la France Ensemble » mais qui ne démissionnera pas suite au référendum perdu de 2005, en 2007 en affichant « Tout devient possible » en trahissant le résultat du non au TCE, en 2012 en déclarant « mon ennemi c’est la finance » et pour finir en 2017 en criant « c’est mon projet ! » tout cela pour continuer la même politique néolibérale avantageant le capital au détriment du travail. Ils parviennent à dégouter les gens et à distiller les venins de la division et de la résignation.

Nous avons besoin de repères, d’une gauche au pouvoir pour mettre en place une politique de gauche car quand la droite est au pouvoir elle applique elle une politique de droite. Les gens que nous croisons nous disent souvent « mettez-vous d’accord », « oh vous savez je ne m’intéresse pas à la politique ». Alors je leur réponds vous ne vous intéressez pas à votre santé, à l’école pour vos enfants, à la retraite de vos parents, à votre niveau de vie, à votre travail, à vos droits, à vos libertés, à votre avenir. Si nous souhaitons un monde plus fraternel, plus apaisé, plus juste, plus respectueux de son environnement, faire vivre notre devise républicaine gravée sur les frontons de toutes les mairies, nous devons nous intéresser à la politique au niveau local, national et international.

Macron doit partir, il y a urgence ! 

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