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Billet de blog 11 juin 2023

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Une histoire de retraite

Contreréforme des retraites. Lors de son examen dans l’hémicycle, de nombreux députés de tous les bancs ont parlé de travail, du travail. De nombreux parlementaires n’apprécient pas lors d’une intervention orale, que des prénoms soient cités pour illustrer le propos.

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Illustration 1

Cela permet à un député, d’incarner un sujet, de l’ancrer dans le réel en rapportant une conversation, un échange avec une personne, un vécu. Cette narration donne de la force, de la vie, le récit s’anime devant nous.

Une copine me disait que des députées LFI prenaient des exemples de personnes pour illustrer la lutte, parler du travail et elle m’encourageait à le faire également. Comme je n’ai pas eu l’occasion de l’énoncer dans l’hémicycle je vais le témoigner par l’écrit.

Pour illustrer mon propos je ne vais pas parler d’une personne, je vais raconter mon histoire. Cette année en novembre, j’aurai les deux critères, l’âge de départ à la retraite 62 ans et le nombre de trimestres d'assurance exigé 168 (42 ans) pour bénéficier du taux plein.

En 1980, bac G2 en poche, j’arrête mes études au bout de 4 mois à l’Université (Bac+4…mois). Auparavant et après j’ai réalisé des petits boulots, maçon, menuisier, salarié dans une entreprise de matériel agricole et mon service militaire.

Après la réussite à un concours en 1983 j’intègre les PTT agent d’exploitation catégorie C. Je signe pour la retraite à 60 ans et 150 trimestres 37,5 années. Je travaille au guichet d’un bureau de Poste parisien. Belle expérience professionnelle au contact des gens

Lors d’une mutation, je suis affecté au centre de chèques postaux de Nancy sur un travail posté en 2X8. Je saisis, toute la journée dans un atelier, des données pour l’encaissement des chèques. Ce travail me vide.

Je postule à d’autres fonctions, barman cafétaria, vérificateur de signatures, gestionnaire en ressources humaines… Je profite, avec l’aide de la formation interne, pour passer et réussir des concours internes, contrôleur catégorie B puis en 1992 inspecteur catégorie A.

En 1993 avec la réforme de M Edouard Balladur ma retraite s’éloigne ce n’est plus 37,5 ans mais 40 ans (soit 150 à 160 trimestres).

Après plusieurs affectations, brigadier de réserve, encadrant, Responsable  du Plan d’Actions commerciales, en 1999 déboussolé par la profonde et expérimentale transformation en sociétés anonymes des PTT, je sollicite un détachement à l’Education Nationale.

J’endosse les fonctions de directeur de restaurant universitaire du CROUS de Nancy. 2002 mobilité géographique et fonctionnelle changement de région, j’intègre le service financier de l’institut du Centre National d’Enseignement de Toulouse.

En 2003 réforme de M Fillon la situation s’aggrave avec l'allongement de la durée de cotisation à 41 ans (164 trimestres). En 2009 changement d’établissement, je deviens Responsable d’une UFR à l’Université du Mirail.

En 2010 réforme de M Woerth la retraite s’éloigne encore plus avec l'allongement progressif de la durée d'assurance et un recul de l'âge de départ à 62 ans. En 2014 réforme Mme Touraine un nouvel allongement de la durée d'assurance à 43 années 172 trimestres

1993, 2003, 2010 et 2014 et maintenant 2023…avec de nouveau un allongement de la durée de cotisation et un recul de départ de l’âge à la retraite. Trop c’est trop pendant toute ma carrière j’ai pris 20 trimestres, 5 années à cotiser en plus.

Mme le 1er ministre née en 1961 aurait pu avoir l’élégance de s’inscrire dans la réforme et bien non c’est à partir de septembre 1961 et mon envie de se poser en novembre, de réfléchir, de profiter du temps libéré, de connaitre le travail libéré, se sont brisés.

La retraite devient un mirage et je lutte pour que vivent des personnes retraitées et non des personnes brisées, non cassées par le travail, des personnes réformées.

Le gouvernement impose de maintenir tout le monde au travail deux ans de plus. N’oublions pas le projet de la personnalité politique préférée des Français M Édouard Philippe, c’est clair : pour lui, il faudrait reculer l'âge de départ à la retraite à 67 ans.

Derrière leurs arguments technocratiques ils n’ont pas compris pas senti ce qui se passe dans ce pays. Ils sont à contre-courant de l’histoire. Mais certains parmi eux doutent et surtout parmi leur électorat de la justesse de cette contreréforme.

Pourquoi, car tout simplement :

Ils s’attaquent à une réalité économique, sociale et politique devenu massive il y a à peine 50 ans. Ils s’attaquent à un mode de vie que partage aujourd’hui 17 millions de personnes. Ils s’attaquent à ce temps de la libre activité. Ils s’attaquent au travail libéré de sa contrainte. Ils s’attaquent tout simplement à une réalité à une idée neuve. Ils s’attaquent avec leur contreréforme de malheur à cette idée neuve.

Cette contreréforme sera défaite

Ils ont perdu parce qu’ils s’attaquent à une idée.

Cette idée, cette nouveauté c’est celle du bonheur pour des millions et des millions de personnes.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.