Je viens de terminer la lecture de deux livres « Les Irresponsables » de Johann Chapoutot et « Résister » de Salomé Saqué. Ils ont comme point commun l’extrême droite. Dans le premier, Johann Chapoutot relate la déliquescence de la république de Weimar au début des années 30 en Allemagne. Non le Parti national-socialiste des travailleurs allemands (Parti Nazi) n’a pas gagné les élections, le vieux Maréchal Hindenburg et les « irresponsables » au pouvoir ont donné les clefs le 30 janvier 1933 à Hitler. Certes l’histoire ne se répète pas mais parfois elle bégaye grave car les similitudes entre cette période et celle que nous vivons actuellement en France et au-delà de nos frontières sont stupéfiantes et inquiétantes.
Le deuxième livre combat la banalisation de l’extrême droite en France et plus particulièrement le FN en rappelant ses origines et sa doctrine. Dans la deuxième partie, Salomé Saqué délivre des conseils, des pistes pour engager concrètement les batailles. Ce petit livre valide ce que j’essaye, ce que nous essayons de réaliser à notre échelle. A la question, « Est-ce que cela implique de discuter avec des personnes qui votent à l’extrême droite ? » elle répond « Absolument » et elle précise, « diaboliser les personnes soutenant le RN en les assimilant à un ramassis homogène de racistes implique un risque… ajouter du mépris au mépris ».
Le vote extrême droite est multi factoriel et il difficile parfois à se confronter à tout prix à ces propos. Mais il faut aller au contact car l’extrême droite se nourrit de la division et de l’isolement des gens. Il est vrai que nous vivons dans des bulles, nous nous retrouvons souvent par affinité, appartenant au même milieu social, partageant les mêmes valeurs et idéaux. Ce phénomène est amplifié par les réseaux sociaux où, comme des poissons rouges, nous tournons en rond dans notre bocal.
On nous reproche, nous les députés d’avoir de vifs échanges, de la confrontation. Il me semble que c’est naturel au sein d’un hémicycle car nous sommes dans un même lieu avec des oppositions. L'Assemblée est un reflet du pays. Il est bien que les gens défendent leurs idées avec passion, détermination et cela a toujours été le cas dans notre histoire parlementaire.
Nous manquons justement dans le pays de lieux où les citoyens et citoyennes se rencontrent pour s’écouter, échanger, se confronter, pour débattre.
L’état doit allouer aux communes et plus particulièrement aux petites communes les moyens financiers et administratifs d’investir non seulement pour assurer l’essentiel mais également dans des « tiers lieux ». Il y a eu récemment une discussion sur l’ouverture des cafés. Mais au-delà de cette proposition à l’initiative du privé nous devons permettre l’investissement dans des espaces de sociabilité, d'initiative citoyenne, pour se rencontrer, se réunir, échanger et partager des ressources, des savoirs, dans toutes les communes de France. Il en va de la bonne santé de notre démocratie ! J’ai défendu à l’assemblée cette urgence, que nous essayons de traduire dans une proposition.
A la fin de son livre Salomé Saqué précise que nous avons besoin de joie, de la cultiver pour rassembler, cela rejoint l’esprit de la Fête Populaire initiée en septembre 2023 à Miremont (voir billet du 3 octobre 2023).
Après le livre de Stépan Hessel « Indignez-vous » le livre de Salomé Saqué « Résister » nous avons à écrire collectivement un troisième livre « Attaquer ».
A l’appel de plusieurs centaines d’associations, retrouvons-nous nombreux et nombreuses à 11h Métro Capitole à Toulouse samedi 22 mars pour la journée mondiale contre le racisme et le fascisme. Des manifestations auront lieu dans le monde entier, des États-Unis et d’Argentine au Japon, de l’Allemagne et l’Autriche à l’Afrique du Sud. Entonnons à Toulouse « Siamo tutti antifascisti ! » pour donner à entendre notre détermination et empêcher que les « Irresponsables » basculent.
La riposte dans la rue est une nécessité absolue, le prolongement de ce combat est plus difficile, plus patient, plus en profondeur car entonner « Siamo tutti antifascisti ! » au cœur du village de Gaillac Toulza ou celui d’Auribail risque de provoquer un grand moment de solitude et d’étonnement. Cela nécessite d’aller à la rencontre, à l’écoute des électeurs et des électrices qui sont deux sur trois à glisser un bulletin de l’extrême-droite, de casser notre bulle. Mais avec notre gazette réalisée collectivement par des citoyens et des citoyennes, nous avons un excellent brise-glace pour engager des conversations sur les problématiques du quotidien, logement, transport, éducation, santé, travail, salaire, culture, pouvoir de vivre pour briser le vernis social de l’extrême droite.
De Gaillac Toulza à Toulouse indignons-nous, résistons, combattons l’extrême droite !

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