Christophe BEX (avatar)

Christophe BEX

Député LFI Nouveau Front Populaire

Abonné·e de Mediapart

17 Billets

0 Édition

Billet de blog 19 octobre 2025

Christophe BEX (avatar)

Christophe BEX

Député LFI Nouveau Front Populaire

Abonné·e de Mediapart

L’ère du moine soldat

Moine soldat fait référence à l’époque des croisades et de l’ordre des templiers. Il s’agissait d’un fidèle qui tuait pour servir sa religion. Il était aussi singulier qu'étonnant de voir comment il savait se montrer en même temps, plus doux qu’un agneau et plus terrible qu’un lion.

Christophe BEX (avatar)

Christophe BEX

Député LFI Nouveau Front Populaire

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

Moine soldat fait référence à l’époque des croisades et de l’ordre des templiers. Il s’agissait d’un fidèle qui tuait pour servir sa religion. Il était aussi singulier qu'étonnant de voir comment il savait se montrer en même temps, plus doux qu’un agneau et plus terrible qu’un lion.

Sébastien Lecornu premier ministre en se qualifiant de moine soldat fait référence à son histoire, à sa situation de militant inconditionnel d'une cause, d'un parti, de son parcours dans tous les gouvernements sous Emmanuel Macron depuis 2017. A la commission de la défense nationale et des forces armées, je l’ai observé, écouté, rencontré, questionné, auditionné et je peux attester de son habileté en enrober son propos, à flatter ses contradicteurs puis à attaquer brusquement pour convaincre de sa politique. Lors de sa déclaration de politique générale, sa réponse au sujet des ventes d’armes à Israël, à Mathilde Panot illustre parfaitement les deux facettes du moine soldat.

Emmanuel Macron reconnaît justement en lui le meilleur rempart de la Macronie comme l’église reconnaissait au XII ème siècle les moines soldats comme le meilleur rempart de la chrétienté et Saladin comme ses pires ennemis.

Nous avons comme premier ministre un moine soldat, un adversaire redoutable. Il est peu connu du grand public mais sa prestation au journal télévisé en a impressionné plus d’un. Malgré son jeune âge, il a déjà un parcours politique très solide. La première victime de son habilité est la direction du Parti Socialiste. Il a réussi à leur vendre le « mirage » du décalage de la réforme de la retraite pour éviter la censure et lui laisser les mains libres pour continuer la politique d’Emmanuel Macron.

Mirage, je m’explique sans trop rentrer dans la technique législative. Sébastien Lecornu a annoncé que la suspension de la réforme des retraites serait débattue dans le cadre du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) par voie d’amendement gouvernemental. C’est là que commence un long parcours avec de nombreuses conditions. Pour que le mirage du décalage devienne réalité, il faut que l’amendement soit voté, qu’il n’y ait pas d’obstruction, que le Gouvernement ne passe pas par ordonnance (sinon retour à la rédaction initiale, sans l’amendement), qu’il ne soit pas retiré lors de la commission mixte paritaire (à majorité de droite), que le budget soit adopté, que le Conseil constitutionnel ne censure pas la disposition en ne la considérant pas comme un cavalier (qui n'a aucun lien avec le texte en question).

Lors des débats sur le décalage de la réforme des retraites par la mise au vote de cette décision, la droite a profité de la fenêtre ouverte pour évoquer la retraite par points, par capitalisation et le député LR Jean-Didier Berger a même poussé le bouchon vers la retraite à 65, 67, voire 70 ans. La droite et l’extrême droite se sont engouffrées dans la fissure pour accuser le premier ministre de réaliser un grand virage à gauche et de tenir un discours de gauche socialiste. Les appels à l’union des droites inondent les ondes pour lutter contre le retour des rouges..

Revenons sur le fond des discussions parlementaires et sur cette condition que le budget soit adopté pour la mise en application.

Nous avons tous et toutes autour de nous une ou des personnes atteintes d’une affection longue durée (ALD). En 2022, 14 millions de personnes étaient reconnues par l’Assurance-maladie comme relevant du dispositif ALD. Ces patients souffrent notamment de diabète, cancer, insuffisance cardiaque, sclérose en plaques ou maladies chroniques invalidantes. Jusqu’à présent, les assurés bénéficiant du régime ALD profitaient d’une exonération complète d’impôt sur le revenu sur leurs indemnités journalières versées par l’Assurance-maladie. Avec ce projet une personne gagnant 2 000 € ayant un cancer, devant s’arrêter pour sa maladie et ayant son salaire maintenu par son entreprise perdrait 850 € par an. Le budget présenté par le ministre Lecornu s’attaque une fois de plus à la Sécurité Sociale, à l’assurance maladie, à tout ce qui protège les plus fragiles. Vous avez « aimé » le budget 2025, vous allez adorer le budget 2026 en pire, avec le gel de toutes les prestations sociales,  des pensions de retraite en 2026 et sous-indexation jusqu'en 2030, du barème de l'impôt sur le revenu (hausse moyenne d'impôt de 100€/an), du doublement des franchises médicales à 100€/an et des participations forfaitaires à 200€/an, de la création de nouvelles franchises sur les consultations de chirurgie dentaire et sur les dispositifs médicaux , de la taxe d'1Mds€ sur les complémentaires santé qui va se répercuter sur le montant des cotisations…

D’année en année la sécurité sociale est attaquée, l’extrême-droite, la droite, les néolibéraux n’ont jamais accepté notre système de protection unique et hérité du conseil national de la Résistance. Au prétexte de sauver du «péril financier » notre sécurité sociale, ils réduisent des droits, coupent les financements, ils la démantèlent pierre par pierre pour mieux l’asphyxier et l’écrouler. Cette hypocrisie n’est plus cachée par certains personnalités politiques comme le maire de Cannes David Lisnard président de l'Association des maires de France et président de Nouvelle Énergie. Nouvelle Energie est un parti de droite libérale, attaché à l'instruction publique, la régulation de l'immigration et pourfendeur du wokisme. Sa devise est « Liberté, ordre, dignité ». Il écrit et pense comme Denis Kessler, ancien vice-président du Medef, qui a écrit en 2007 dans le magazine Challenges: « La liste des réformes ? C'est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! ».

A cinq mois des élections municipales de mars 2026, des citoyennes et des citoyens se rencontrent, des équipes, des collectifs se forment pour préparer des listes. Ils et elles travaillent sur des programmes concernant les prérogatives des communes l’urbanisme, l’école, l’action sociale (via le CCAS), la sécurité, le sport, la culture et par conséquence le budget.  Je me souviens d’un rassemblement le 7 novembre 2024 d’une centaine d’élus de la Haute-Garonne manifestant à la préfecture contre les coupes budgétaires du budget 2025. Manifestement, malgré leurs nombreux relais, ils ont été au mieux pas entendus au pire méprisés car la version de 2026 affiche une baisse de 5Mds€ du budget des collectivités. Un chiffre largement sous-estimé par André Laignel, président du Comité des finances locales, selon l’élu la « purge massive » devrait s’établir au-dessus des 8Mds€.

En 2026, les équipes municipales seront dans l’obligation d’arbitrer des choix au détriment de l’école, de l’action sociale, du sport, de l’ensemble du monde associatif déjà en très grande difficulté. Ce mouvement efficace de construction de lien social, de développement de valeurs communes en étant un espace de rencontre et d’interaction entre les individus. Il est facteur d’intégration et de cohésion pour l’ensemble de la population. Malgré tout, il ne faut pas céder à la résignation, je partage les propos et les idées du maire d’Auger-Saint-Vincent, Fabrice Dalongeville, qui croit en la puissance politique des territoires. Il propose d’ouvrir le champ du CCAS (centre communal d'action sociale) à la citoyenneté et à l’ environnemental. L’objet est de créer un effet cliquet pour des élus éloignés du champ de la citoyenneté et de l’environnement, permettre de les mettre en contact avec des assos qui se saisissent de ces questions, ce qui fonctionne sur le champ social peut très bien fonctionner sur le champ de la citoyenneté et sur le champ environnemental avec le nouveau CCAS CE.

Nous avons à la tête du pays un gouvernement illégitime qui promet de nouveau pour la France de terribles coupes budgétaires. "Vite il faut un budget", nous devons « être raisonnables et responsables », nous devons réduire le « train de vie de l’état », c’est oublier que l’état ne thésaurise pas, il redistribue les contributions collectées vers les services publics, notre patrimoine commun. J’ai auditionné cette semaine le général d’armée Hubert Bonneau, directeur général de la gendarmerie nationale, sur le projet de loi de finances pour 2026. Il a dressé un bilan accablant au niveau des effectifs, des infrastructures, du matériel. Il a mentionné un besoin criant de renouvellement du parc automobile à hauteur de 15 000 véhicules, sur les quatre dernières années il y a eu seulement le renouvellement de 5 000 véhicules. Pourtant les tenants du tout sécuritaire, vont paradoxalement soutenir et faciliter un budget qui ne permet pas justement à la Gendarmerie de réaliser efficacement ses missions de sécurité publique au quotidien. Le désengagement constant de l'État dans nos territoires oblige les communes, avec un budget contraint et avec une nouvelle baisse de 8Mds€ pour 2026, à investir dans des polices municipales et des systèmes de vidéo de surveillance. Pourtant rien ne remplace la présence humaine avec une gendarmerie nationale bien coordonnée sur 95% du territoire, essentiellement dans les zones péri-urbaines et rurales pour la prévention des délits.

Le budget 2026 est pire que celui de 2025 et sera mieux que celui de 2027, parce qu’ils ne s’arrêteront jamais. Ils continueront à frapper les travailleurs, les retraités, les jeunes, les privés d’emploi, les malades. Personne ne sera épargné, l’épée du moine soldat va trancher dans les budgets essentiels pour la vie quotidienne, dans les services publics ou la Sécurité sociale, une politique macroniste dure, sans compromis et sans concession. La France Insoumise appelle à ne pas perdre courage, à ne pas se laisser entraîner dans des divisions supplémentaires à la base, surtout à ne pas se résigner. Nous appelons à rester groupés autour du programme Nouveau Front Populaire qui nous a unis, à continuer à en porter les exigences et à respecter le mandat de leurs élus de « rompre avec le système Macron et contenant en son sein l’abrogation de la retraite à 64 ans ».

Après le vote de la motion de censure, nous allons continuer la résistance parlementaire à l’Assemblée nationale sur les textes budgétaires jusqu’à la fin du mois de décembre. Il nous faut donc repousser également cette politique par tous les moyens à notre disposition sur le terrain. Le responsable de cette situation est le président Emmanuel Macron le fondé de pouvoir des milliardaires. Il doit partir. Nous déposerons donc avec les parlementaires du NFP une nouvelle résolution à l’Assemblée nationale en vue de sa destitution.

Quant à lui Sébastien Lecornu le premier ministre moine soldat, il remplira sa mission sans sourciller, il sera :

  • Moine avec le patrimoine des ultra riches, avec ceux qui confisquent la richesse de ce pays
  • Soldat avec les travailleurs, les retraités, les jeunes, les privés d’emploi, les malades…

Pour préparer l’alternative et non pas l’alternance, il y a deux offres politiques : d’un côté une alliance des droites extrémistes aux intérêts économiques divergents qui se constitue autour du RN, et de l’autre les forces fidèles au Nouveau Front Populaire. Dans ce contexte historique, l’heure est aux choix et non pas à la résignation. Pour accompagner soutenir la résistance parlementaire, nous appelons à la résistance populaire p𝐨𝐮𝐫 𝐪𝐮𝐞 𝐥𝐞 𝐬𝐨𝐥𝐞𝐢𝐥 𝐧𝐞 𝐫𝐞𝐬𝐭𝐞 𝐩𝐚𝐬 𝐝𝐞𝐫𝐫𝐢𝐞̀𝐫𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐧𝐮𝐚𝐠𝐞𝐬.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.