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Billet de blog 9 mars 2016

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COLLABORATION, TRAHISON et service commandé. Loi Travail, camps et inhospitalité. Un air de déjà vu. Daladier, Reynaud, hier, Hollande, Valls, El Khomri aujourd’hui. 1938 – 2016, l’histoire se répète. La République trahie. La République se meurt…

COLLABORATION, TRAHISON et service commandé. Loi Travail, camps et inhospitalité. Un air de déjà vu.

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COLLABORATION, TRAHISON et service commandé.  Loi Travail, camps et inhospitalité.  Un air de déjà vu. Daladier, Reynaud,  hier, Hollande, Valls,  El Khomri aujourd’hui.  1938 – 2016, l’histoire se répète. La République trahie. La République se meurt…

Pourquoi parler à tous bouts de champs de « social-démocratie », de « réformisme », de « pragmatisme »  de "loi-travail" (quand il s'agit de précariser et s'asservir) et d’autres néologismes de communicants qui ne servent qu’à aveugler le gogo et détourner son regard ? Nous  revoilà aux mauvais temps de la COLLABORATION  (avec les « marchés financiers » ce coups-ci) et en prime c’est une belle TRAHISON de ceux qui au pouvoir paraissent en service commandé  pour les marchés et le patronat. Les électeurs, ces types là n’en ont cure….. Tout est près, ficelé par les inspecteurs des finances et autres experts. Point besoin de convoquer les parlementaires pour débattre. Il n’y a pas à débattre.  Un lien utile ici à lire : http://www.fakirpresse.info/Le-plan-de-bataille-des-marches,359  et à regarder ici : 

Le plan de bataille des financiers © Les mutins de Pangée

Nous savons bien  que François Hollande fait une  politique  liée à celle du système financier qui exige une dérégulation totale du marché du travail  pour mettre l’humanité en concurrence. En ce sens il n’est qu’un des multiples VRP à l’ouvrage.
Le projet politique du candidat Hollande était volontairement  flou à souhait de manière à ne s’engager concrètement sur rien. Il fait partie lui et ses ministres de cette oligarchie politique qui, à l’inverse de ce qui se passait à la libération et surtout  après sous le général de Gaulle (dernier « grand » homme politique qui voulait que les politiques gardent les rênes et c’est sans doute pour cela qu’il était pour une Europe des Etats et non l’Europe supranationale qui nous met à genoux), travaille contre les intérêts de la nation vue comme une relique à dépasser au profit de l’utopie de la mondialisation. Mais le programme est clair : La flexibilité du marché de l’emploi, la fin du CDI à la française voilà la raison d’être de l’attelage HOLLANDE-VALLS-MACRON. Le reste ce sont des discours aux asticots.                                                                        

 On dit souvent que l’histoire ne repasse pas les plats et pourtant, il lui arrive parfois de se répéter tragiquement, amèrement, scandaleusement et aux politiques d’oublier les leçons du passé.  Pourquoi une telle entrée en matière me direz-vous ? Et bien c’est parce que je me demande en ces temps de déchéance de la nationalité, de projet de Loi Travail El Khomri et de démantèlement de la « jungle » de Calais, où est passée notre République sociale, démocratique, accueillante et fraternelle ? Disparue corps et âme. Mais depuis quand au juste ? Et bien depuis des lustres, malgré des sursauts. Retour en arrière. Retour aux années 1938-1939….. Et parallèle avec 2016.

Empruntant l’expression chère aux sociologues Louis Janover et Jean-Pierre Garnier qualifiant le PS  de 1981, (mais a-t-il vraiment changé ?) alors aux affaires  de -  Deuxième droite – celui aujourd’hui au pouvoir  dirigé de l’Elysée par François Hollande, de Matignon, par Manuel Valls et de Bercy par Emmanuel Macron l’illustre à merveille tant il me  rappelle (contexte mis à part) dans sa manière de gouverner (bafouant le droit du Parlement et donc la souveraineté du peuple), dans ses orientations politiques (si éloignées de l’intérêt des travailleurs actifs et à la recherche d’emploi, mais servant les intérêts des « marchés  financiers » et du patronat) et dans le mépris des valeurs d’hospitalités les douloureuses et cruelles années 30.   Non pas celles du Front populaire (1936-1938) dirigé par Léon Blum, si rafraîchissantes et protectrices pour les travailleurs. Celles des réformes sociales majeures que furent les 2 semaines de congés payés, la semaine de 40h, les conventions collectives, la scolarité obligatoire jusqu’à 14 ans et les augmentations de salaires.                                                                                                                                                                                                                       Mais celles qui suivirent. Ces années qui précédèrent la capitulation politique des parlementaires le 10 juillet 1940 au bénéfice d’un vieillard et d’une dictature (pas encore celle des marchés). Les biens sombres années 1938-1939. Celles de la III° République finissante et déshonorante du Gouvernement Daladier et de son Ministre des finances  Paul Reynaud.  Tous deux prirent des décisions qu’il me semble utiles et nécessaires de rappeler ici tant elles font échos de bien triste manière dans le contexte actuel  de loi sur la déchéance de la nationalité pour les bi-nationaux français, du démantèlement de la « jungle » de Calais et cerise sur le gâteau du projet de Loi travail El Khomri et aux menaces menton en avant du sinistre Premier ministre Manuel Valls de gouverner par Ordonnances.

*.   C’est en effet par un Décret-Loi dès le 12 novembre 1938 (sans débat ni accord du Parlement) que le Ministre des finances du Gouvernement Daladier (ayant succédé à Léon Blum à la « mort » du Front populaire) le libéral Paul Reynaud va faire passer en force une législation rétrograde qui met à mal dans le contexte de l’immédiat Avant-guerre, les conquêtes sociales du Front populaire.  Diplôme de HEC en poche (tiens donc, un Ministre  sorti de l’Ecole de hautes Etudes Commerciales, comme notre président normal maintenant….), avocat , cet homme du Centre droit ou gauche suivante les circonstances est au fond de  Droite (la vraie) membre de l’Alliance démocratique, celui que l’on présente comme un modéré va enterrer sans coups fait rire la semaine de 40 h et le principe de majoration du  plafond des heures supplémentaires (+ 15%).   Il faudra travailler plus dans les industries de l’Armement. Et pas question de contester. Certains grévistes du 30 novembre 1938 seront révoqués, licenciés et (ou) placés sur la « liste rouge du patronat ».  Alors quand je lis le projet de loi travail El Khomri, j’ai les oreilles qui sifflent, la tension qui monte mais  la mémoire vive. Car il me fait l’effet par certains aspects de déjà vu.                              Mais alors Hollande-Valls-Macron-El Khomri font du neuf avec du vieux sur le dos des travailleurs avec une recette pourrie et éculée ? En effet. Et en prime avec une belle mesure prise jadis par un gouvernement de Centre-droit incarné magnifiquement par le radical Daladier et son ministre Paul Reynaud. N’est-ce pas le chef du Gouvernement Daladier dans lequel  Paul Reynaud occupait les finances qui en 1938 lança la célèbre formule : « Il faut remettre la France au travail ».  Aujourd’hui il y a 5 millions de chômeurs. En  1936 10 fois moins de Demande d’Emplois Non Satisfaites ainsi qu’on les nommait à l’époque.  Tout en sachant que seuls les chômeurs effectivement secourus apparaissent dans les statistiques….. C’est tout de même curieux comme j’ai l’impression de réentendre ça depuis des années dans la bouche de quelques sociaux-traites du PS, de quelques leaders  de la Droite classique (celle qui ne porte pas un faux nez)  et chez les chantres du MEDEF (Parisot et Gattaz en tête aujourd’hui) ? Mais Daladier le justifiait alors par, je cite :  « Tant que la situation internationale demeurera aussi délicate, il faut qu’on puisse travailler plus de quarante heures, et jusqu’à quarante-huit heures dans les entreprises qui intéressent la Défense nationale ».  En clair la menace de la guerre….           On aura vite compris qu’aujourd’hui la guerre est menée contre les peuples différemment, mais come toujours, ce sont les peuples qui trinquent.  Aujourd’hui c’est la situation internationale et son ultra libéralisme qui dérégule à tout va, qui crée la compétition généralisée, le chômage et fait office de situation délicate associée à la gestion calamiteuse du démantèlement de la « jungle » de Calais…..j’y reviendrai.

Paul Reynaud n’avait pas hésité à l’époque à faire de la pédagogie lui aussi (sic) avec le fameux : « Croyez-vous que la France puisse à la fois maintenir son train de vie, dépenser 25 milliards en armement et se reposer 2 jours/semaines ? ». Il a donc  tranché. Il fallait remettre les français au travail, car il n’était plus question qu’ils se reposent alors que les bruits de bottes se faisaient de plus en plus sentir malgré les Accords de Munich  au retour duquel Daladier croyait recevoir des tomates sur la figure…. Et une fois de plus on a tranché sur  le dos des travailleurs.                                                                                                               Dans la série des décrets-lois du  12 novembre 1938, tour à tour sont concernées les infractions à la réglementation sur la durée du travail, les sanctions pour refus d’exécution des heures supplémentaires autorisées dans l’intérêt de la Défense nationale, et la durée du temps de travail.

Et en un tour de passe- passe, voilà comment les patrons pourront ainsi  désormais porter la durée hebdomadaire du travail dans la limite des cinquante heures ( Au-delà, il faut une  autorisation de l’inspection du travail laquelle  Inspection du travail est aujourd’hui elle aussi malmenée et petit à petit volontairement démantelée).  De plus, les heures supplémentaires ne peuvent avoir pour effet de travailler plus de quarante-huit heures par semaine. Pour couronner le tout, la semaine de travail est fixée à cinq jours et demi. C’est la fin de la semaine anglaise de cinq jours…. Le patronat tenait sa revanche sur le Front populaire et il ne manquera pas d’en profiter après sous Vichy…Une lecture de l’ouvrage de J. Kolboom – La revanche des patrons, la revanche du patronat face au Front populaire – en donne un bel aperçu.

Aujourd’hui le parallèle avec cet inique projet de Loi travail El Khomri  est évident, contexte mis à part bien entendu.  Le texte prétend être au bénéfice de pseudo accords en faveur de l’Emploi (comprenons des travailleurs et ceux qui recherchent du travail), mais il est en définitive à l’avantage du patronat et du grand de préférence..  Allons voir de plus près puisqu’on nous dit vouloir  protéger les travailleurs tout en luttant pour créer des emplois et contre le chômage. Chouette alors. Mais est-ce donc la réalité lorsqu’on y voit que :                                                                                               En cas de licenciement illégal, l’indemnité prud’homale est plafonnée à  15 mois de salaire.  Autant dire que les vagues de licenciements vont aller bon train dans les grands groupes. Disparition de dispositions contraignantes pour les entreprisesUn préjudice de misère et forfaitaire à la suite d’un licenciement possiblement abusif. Et c’est la mort (déjà entamée) des conseils des prud’hommes juridiction de compromis qui ne va pas jusqu’au plafond.

-         Les 11 heures de repos obligatoire par tranche de 24 heures peuvent être fractionnées. Où est donc passé la dignité offerte aux travailleurs par le Code du Travail (1919) et les réformes du programme du CNR ? Repos en miettes et travailleurs en morceaux, santé en péril. Voilà où nous mène cette mesure.

-         Une entreprise peut, par accord, baisser les salaires et changer le temps de travail. A quoi va donc servir le contrat de travail si un accord auquel je n’ai pas souscrit permet à mon patron de changer les règles du jeu unilatéralement  et qui en cas de refus de ma part pourra me licencier sans invoquer de problème économique ?

-         Les apprentis mineurs pourront travailler 10 heures par jour et 40 heures/hebdo.     Où sont passés les droits des mineurs qui ont une justice spécifique si c’est pour les assujettir aux même règles lamentables du toujours plus demandées à leurs aînés ? Comme le dit la ministre

-         Le plancher de 24 heures hebdomadaires pour un contrat à temps partiel n’est plus la règle dans la loi (confirmation d'une loi antérieure).

-          Il suffit d’un accord d’entreprise pour que les heures supplémentaires soient 5 fois moins majorées. Et des heures sup moins rémunérées et payables au bout de 3 ans. On se tue au burnous et on est payé des heures supplémentaires  à la Saint-Glin-Glin ou aux calendes grecques ?

-          Une mesure peut-être imposée par référendum contre l’avis de 70% des syndicats.  On veut démolir les syndicats et les représentants syndicaux qu’on ne s’y prendrait pas mieux. Que fait-on des mesures de la Libération ?

-         Une entreprise peut faire un plan social sans avoir de difficultés économiques.          Et vive les licenciements individuels et collectifs en maquillant les bilans par simple écriture comptable dans les grands groupes…

-         Après un accord d'entreprise, un-e salarié-e qui refuse un changement dans son contrat de travail peut être licencié.

-         Par simple accord on peut passer de 10h à 12h de travail maximum par jour.                                 Et vive l’augmentation du temps de travail sans consentement ni compensation financière et pas besoin d’embaucher pour le patron. 

Bref on impose aux salariés des hausses de temps de travail avec baisse de salaire. Une hérésie alors même qu’il faut  au contraire « partager et réduire le temps de travail » pour en donner à tout le monde. Protectrice, mais pour qui ?  Les entreprises.                                         On fait du  contrat de travail  un morceau de chiffon et on facilite les licenciements…….. dans un contexte de compétition généralisée. Une jolie loi pour renforcer les licenciements (+ de 600 000 en 2013), détruire l’emploi, maximiser les profits. Voilà une loi « vendue » par ses propagandistes de foire, par les VRP du patronat traitres à la cause qu’ils disent défendre.  On n’organise pas l’emploi, mais la réduction des effectifs. Voilà la philosophie de cette loi.                                                             

Au final si ce projet de loi qui démantèle l’esprit protecteur du Code du Travail, des idées du CNR (contenu en intégralité dans l’ article de Laurent Mauduit à lire ici :  https://blogs.mediapart.fr/laurent-mauduit/blog/020316/les-jours-heureux-le-programme-du-conseil-national-de-la-resistance) venait à passer  cela reviendrait  à fragiliser plus encore les travailleurs.                                                                                                                                              C’est une contre-révolution, un  recul historique et une véritable TRAHISON qu’opère aujourd’hui la Deuxième Droite (celle avec un faux nez) au pouvoir. Trahison triple :

. Celle du peuple qui a voté et élu cet exécutif pour une autre politique.                                                                                  . Celle d’une contre-révolution qui vise à démolir un code du travail protecteur des faibles contre les forts.  Objectifs : Fin du CDI et flexibilité du marché du travail. Salariés jetables !!!                                                                                                        . Celle de la conception de la dignité humaine chère aux hommes et aux femmes de gauche issue de 2 siècles de  luttes des mouvements ouvriers, 2 siècles de lents mais précieux  progrès de la  législation sociale. Celle de la création du Code du Travail (1919) aussi. Celle qui à  la Libération a permis  la mise en place du programme du CNR symbole d’un retour à la dignité des travailleurs (création de la Sécurité Sociale) et au temps de travail de 1936. Depuis si  la durée hebdomadaire de travail ne baissera franchement qu’à partir de 1982 (39 heures) et plus encore de 2000 (35 heures), on sait que jamais en 30 ans il n’y a eu autant de création d’emplois qu’avec les 35 h et la baisse du temps de travail……Un principe  combattu et remis en cause aujourd’hui comme hier et de façon récurrente…Il faut partager le travail. Pas d’autres solutions crédibles.

Ceci dit est-ce une surprise ? Sûrement pas, car cet exécutif là mène une véritable politique de COLLABORATION et trahissant les intérêts des électeurs et est en service commandé pour des « marchés » auxquels  il passe son temps  à donner des gages.

*. Mais il y a aussi un étrange parallèle dans l’histoire entre l’esprit de la loi sur la déchéance de la Nationalité,  la gestion calamiteuse des camps de transit (à l’exemple du démantèlement de la « jungle » de Calais) et la politique de stigmatisation des étrangers conduite dans notre pays depuis longtemps.  Et cela a commencé sous la III° République. N’en déplaise à Manuel Valls qui avait vertement renvoyé Cécile Duflot dans les cordes à l’Assemblée nationale il y a peu, c’est bel et bien la République française, III° du nom  qui a mis en place la stigmatisation des étrangers avant que Vichy n’accentue cette politique en l’amenant sur les terres insupportables de l’antisémitisme et de la xénophobie comme une tâche rouge sang dans notre histoire collective. 

C’est ainsi que la III° République sous Daladier, puis Paul Reynaud va engager le « pays  des droits de l’Homme » [pas encore ceux des femmes….] dans une politique de stigmatisation, de chasse et d’internement des communistes et des étrangers résidents sur le sol français. Par toute une série de décrets-lois et de circulaires notre pays va se couvrir de honte et peu à peu de camps (il y en aura au final dans les années 40  près de 200 sous Vichy).  Ne confondez pas Vichy et la République allez-vous me dire avec force comme le sinistre Premier ministre Valls !!! Et bien non je ne confonds pas et même mieux, je rappelle un fait majeur de l’histoire de la III° République. C’est elle qui a initié le mouvement de création des camps d’internement et d’assignation à résidence puisque c’est sous la III° République que le 1° camp d’internement est crée près de Mende en Lozère à Rieucros en janvier 1939…   Et nous n’étions pas encore sous la botte du vieux maréchal Pétain (qui usera de la déchéance de la Nationalité pour l’illustre général de Gaulle)….. ni sous l’Occupation nazie. Nous étions dans une France libre et pas encore en guerre. Mais la devise était devenue : - Liberté – Egalité – carté d’identité – pour reprendre l’expression de Anne Grynberg.

 Ainsi le 14 avril 1938, par une circulaire, le tout nouveau Ministre de l’ Intérieur Albert Sarraut (radical) du tout nouveau Gouvernement Daladier adresse aux préfets l’instruction  de, je cite : « mener une action méthodique, énergique et prompte en vue de débarrasser notre pays de la présence d’éléments étrangers indésirables » .                                                                 Le 2 mai 1938 un décret-loi renforce  la police des étrangers.                                                                                                    Le 12 novembre 1938, un décret-loi portant création de centres spéciaux pour la rétention d'étrangers qualifiés « d’indésirables ». Oui déjà apparaissent les ambiguïtés dans notre tradition républicaine de l’accueil des étrangers.   C’est alors que la France mal préparée, mais déjà bien touchée par la Xénophobie et l’Antisémitisme ambiants fait face (pitoyablement) à l’afflux de plus de 350 000 réfugiés républicains espagnols fuyant les troupes de Franco durant la Retirada.  Des réfufiés arrivés massaivement en février 1939 et accueillis à la hête dans des conditions lamentables. Il doit pourtant bien connaître cette histoire notre Premier ministre Manuel Valls…… Ces milliers de réfugiés (membres de Brigades internationales et réfugiés espagnols vaincus de la Guerre civile) espérant trouver asile et refuge en France sont regroupés  dans les camps du Sud-Ouest  et du littoral du Languedoc et du Roussillon tel le camp de Gurs (Basses-Pyrénées prés de Oloron Sainte-Marie), de Rivesaltes, d’Argelès- sur- mer, du Barcarès ou de Saint-Cyprien. Plus tard d’Agde, de Nexon, de Saint-Sulpice la pointe, de Brens,  du Vernet d’Ariège, de Noé, du Récébédou, des Milles…..Pour développer au mieux cette question cruciale, je vous conseille quelques ouvrages de référence tels celui de Claude Laharie – Le Camp de Gurs – de Anne Grynberg – Les camps de la honte – et de Denis Peschanski – La France des camps – ou de Geneviève Dreyfus-Armand – L’exil des républicains espagnols en France - parmi tant d’autres.

Et la France de la III° République va renforcer cette politique par une circulaire d’août 1939 prévoyant le « rassemblement dans les centres spéciaux de tous les étrangers résidant sur le sol français qui sont ressortissants de pays ennemis ». Et en cela elle ne faisait que répéter ce que nous avions fait à la veille de la Grande guerre…… Pour vous en convaincre, lisez l’excellent ouvrage de Jean-Claude Farcy – Les camps de concentration français de la  Première Guerre mondiale (1914 – 1920) – Pour achever cette politique et bien avant les décrets antisémites d’octobre 1940 de Vichy, la III° République de Paul Reynaud toujours par décret du 18 novembre 1939 (en pleine « drôle de guerre ») étend à tous les « individus dangereux pour la Défense nationale et la sécurité publique » le pouvoir d'internement administratif des préfets.  Enfin cerise sur le gâteau, une circulaire du 15 mai 1940 (en pleine Débâcle) prévoit le regroupement et l'internement dans des camps de tous les ressortissants allemands âgés de 17 à 56 ans, puis les femmes de 17 à 67 ans.  Voilà comment on accueille les anti-fascistes allemands, les juifs de Bade expulsés par Hitler, les réfugiés républicains espagnols et traient les communistes français…. Le sens de l’hospitalité républicaine qui bafouille déjà et la catégorisation des citoyens français aussi. Aujourd’hui la gestion de Calais doit nous ramener à cette époque pour éviter les mêmes erreurs. Mais le Gouvernement Valls a la mémoire courte. Lui le fils d’immigrés catalan d’origine espagnole devenu français par naturalisation n’est pas sans savoir que le dernier Président de la Généralitat (Gouvernement) de Catalogne Luis Companys a été livré aux allemands après son arrestation alors qu’il avait trouvé refuge en France lors de la Retirada. Nous avions alors perdu notre sens de l’hospitalité et notre tradition de l’asile politique. Sa licence d’histoire semble bien loin.

Voilà le sens de l’hospitalité républicaine foulée aux pieds dans les grades largeurs. Et la gestion calamiteuse de la « jungle » de Calais en témoigne. Tout autant que le récent discours de Munich de Manuel Valls.

*. La  loi sur la déchéance de la nationalité française par le Gouvernement Valls interroge aussi à plus d’un titre.  Car c’est une proposition historique de l’Extrême Droite.  Et n’en déplaise à M. Valls  (nommé Premier ministre par François Hollande en dépit de seulement 5% de voix obtenues lors des primaires socialistes) sinistre Premier Ministre, de telles mesures portant de près ou de loin sur la  déchéance de nationalité ont pu toucher des hommes de grandes valeurs tels le général de Gaulle, Pierre Cot ou Léon Blum…..C’était bien entendu  sous Vichy, mais est-il nécessaire de rappeler que le maréchal Pétain est arrivé au pouvoir par le « vote » des pleins pouvoirs  du 10 juillet 1940, vote des parlementaires français…… La question de la stigmatisation des étrangers (ou les bi-nationaux) associée à la gestion calamiteuse du camp de transit de Calais qui est le plus grand bidonville d’Europe avec ses 6 000 migrants n’est pas sans me rappeler que dans les années 40 en France des républicains, des français, des espagnols, des juifs allemands, des communistes français  tsiganes mourraient dans les camps…. C’était il y presque 80 ans en France.  Vous avez la mémoire sélective ou oublieuse M. Valls. Pas moi.

Ne l’oublions pas. Alors comme notre histoire nationale a voulu occulter ce pan entier  trop éloignée du « roman  national » si consensuel à la Michelet , je me permets ici d’en rappeler l’existence.

Nos hommes politiques ont la mémoire courte ou tout simplement pas de conscience. Pas de culture historique. Peut-être même tout à la fois. Etre de gauche, c’est réduire les inégalités et promouvoir de nouveaux droits sociaux. Pas l’inverse.

Mais une chose est sûre, ils ont oublié d’où ils viennent et surtout pourquoi ils sont élus, pourquoi ils sont là (théoriquement bien sûr) et par qui ils sont élus. A moins bien sûr que ce PS-là ne soit finalement que la – Deuxième Droite - …..Car c’est sous les gouvernements de la République que l’on fragilise les travailleurs et que l’on stigmatise. C’était entre 1938 et 1939 curieux rappel de l’Histoire et c’est aujourd’hui en 2016. Et ce n’est pas cette France que nous voulons vivre. D’ailleurs la récente démission d’un conseiller de Mme la Ministre, Pierre Jacquemain renforce ma conviction. Il y a un scripte, une mise en scène, du cirque et au fond une belle trahison. Interview à lire ici :  http://la-bas.org/les-emissions-258/les-emissions/2015-16/le-conseiller-de-la-ministre-du-travail-demissionne-et-balance

Voilà qui rend légitime et nécessaire une refonte de notre tradition d’accueil,  une farouche  lutte contre ce projet de Loi El Khomri et la politique menée par la Deuxième Droite qui va avec, celle qui avec un faux nez fait la politique du grand patronat.                                                                                                                                                                            Le MEDEF n’en espérait pas tant. Pierre GATTAZ doit sabrer le champagne….Yvon GATTAZ son père avait en son temps à la tête du CNPF combattu Mitterrand.  Pierre GATTAZ, le fils doit applaudir  des deux mains l’œuvre de Hollande - Valls – Macron – El Khomri. …. En même temps quoi de plus normal pour un chevalier de l’Ordre du Mérite et chevalier de la Légion d’Honneur ? N’est-ce pas une façon merveilleuse de reconnaître ses éminentes qualités ? Une loi sur mesure et de belles breloques à accrocher au veston. A propos de breloque, il lui arrive de mettre un pin’s à Gattaz.  Pourtant pour reprendre un article du Canard enchaîné de janvier 2016, Pierre Gattaz n’a pas tenu sa promesse faîte en 2013 au président Hollande de créer  1 million d’emplois en 5 ans en échange de la satisfaction des revendications patronales portées par le MEDEF. Gattaz portait même à la boutonnière un fameux pin’s….. Ce projet de loi travail El Khomri satisfait plus encore les revendications du MEDEF mais on attend toujours les créations d’emplois.

Faut-il rappeler que les fameux pin’s (1 million d’emplois) étaient produits loin de France en République Tchèque….De quoi relancer l’emploi dans le pays et tenir promesses. C’est ainsi qu’on récompense les gens méritants dans notre pays. Les travailleurs ? Non les exploiteurs et les traîtres.                                                                                                            Avant d’attendre un RETRAIT TOTAL du projet de Loi El-Khomri, pour terminer, je ne résiste pas à l'idée de proposer cette vidéo de Jean-Pierre Garnier expliquant aux Mutins de la Pangée le sens qu'il donne à la - Deuxième droite - celle qui est à l'oeuvre aujourd'hui....

La Deuxième Droite [HD] © Autour du Monde Diplomatique

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