Voilà, les grandes manœuvres électorales ont commencé et hier à Bordeaux, notre président de la République (existe-t-elle encore d'ailleurs ?) s'est dévoilé dans un grand discours contre les fraudeurs. Et la cible est la fraude sociale. Voilà le grand combat à venir. Le chômage ? Il s'en moque. C'est la traque aux fraudeurs qu'il engage. Mais pas tous les fraudeurs, non. La fraude fiscale évaluée à 40 milliards d'euros, ne compte pas et semble avoir de beaux jours devant elle.
Et il faut pour être un bon pédagogue utiliser un argument incontestable. Celui de notre Exécutif, c'est le CNR !!! Rien que ça. Ni plus ni moins que le Conseil National de la Résistance né durant les Années noires de la lutte contre le totalitarisme nazi et le régime de collaboration de Vichy. L'époque où la France était une dictature... Un peu comme maintenant au fond.
Ce CNR qui a mis au point un programme de restauration de la France et qui l'a adopté le 15 mars 1944.
Dans son discours de Bordeaux, mardi 15 novembre, Nicolas Sarkozy a lancé l'offensive électorale contre la «fraude sociale»: «Voler la sécurité sociale, c'est trahir la confiance de tous les Français et c'est porter un coup terrible à la belle idée, nécessaire, de solidarité nationale, a-t-il lancé. Conçu par la résistance, né avec la Libération, notre modèle social fait aujourd'hui partie de l'identité de la Nation. Mon devoir est d'en être le protecteur. (...) Ceux qui ont trahi l'héritage du CNR, ce sont ceux, qui, depuis des décennies, ont refusé toute réforme par lâcheté politique ou par opportunisme. Ceux qui ont trahi l'héritage du CNR, ce sont ceux qui, pendant des décennies, ont bien soigneusement dissimulé aux Français qu'ils finançaient leur système de protection sociale à coup de déficits. Pendant des décennies, on a donc protégé les Français à crédit sans le leur dire. On a protégé les Français des années 1980 en hypothéquant l'avenir de leurs enfants et de leurs petits-enfants. Là est la trahison de l'esprit et de la lettre de notre modèle social.»
Pourtant, comme le dit justement la Rédaction de Médiapart dans un billet ici : http://www.mediapart.fr/journal/france/161111/securite-sociale-les-fraudeurs-que-le-president-oublie ce n'est pas la fraude sociale dans son ensemble - évaluée à quelque 20 milliards d'euros par an - qui est visée, mais bien le versement indu de prestations sociales, chiffré par le ministre du travail Xavier Bertrand à «près de 4 milliards d'euros» par an. «Le CNR n'a pas voulu un système d'aumône. Il a voulu construire un système digne pour une France démocratique et libre», a conclu le président.
- De qui se moque t-il notre président? L'a-t-il lu le programme du CNR?
Je ne résiste pas à l'idée de reprendre ici les propos tenus par le grand résistant Stéphane HESSEL, tirés de son essai à succès, Indignez-vous. Voilà ce qu'il écrit pages 9 et 10.
« 93 ans. C'est un peu la toute dernière étape. La fin n'est plus bien loin. Quelle chance de pouvoir en profiter pour rappeler ce qui a servi de socle à mon engagement politique : les années de résistance et le programme élaboré il y a soixante six ans par le Conseil National de la Résistance ! C'est à Jean Moulin que nous le devons, dans le cadre de ce Conseil, la réunion de toutes les composantes de la France occupée, les mouvements, les partis, les syndicats, pour proclamer leur adhésion à la France combattante et au seul chef qu'elle se reconnaissait : le général de Gaulle [...] de ces principes et de ces valeurs, nous avons aujourd'hui plus que jamais besoin. Il nous appartient de veiller tous ensemble à ce que notre société reste une société dont nous soyons fiers : pas cette société des sans-papiers, des expulsions, des soupçons à l'égard des immigrés, pas de cette société où l'on remet en cause les retraites, les acquis de la Sécurité sociale, pas de cette société où les médias sont entre les mains des nantis, toutes choses que nous étions refusé de cautionner, si nous avions été les véritables héritiers du Conseil National de la Résistance.
A partir de 1945, après un drame atroce, c'est une ambitieuse résurrection à laquelle se livrent les forces présentes au sein du CNR. Rappelons-le, c'est alors qu'est crée la Sécurité sociale comme la Résistance le souhaitait, comme son programme le stipulait : Un plan complet de Sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d'existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail. Une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours [...] le retour à la nation des grands moyens de production monopolisés, fruit du travail commun, des sources d'énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d'assurance et des grandes banques [...] l'instauration d'une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l'éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l'économie [...] l'intérêt général doit primer sur l'intérêt particulier, le juste partage des richesses crées par le monde du travail primer sur le pouvoir de l'argent [...] une véritable démocratie a besoin d'une presse indépendante ; la Résistance le sait, l'exige, en défendant la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l'égard de l'Etat, des puissances d'argent et étrangères [...] la possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l'instruction la plus développée [...] C'est tout ce socle des conquêtes sociales de la Résistance qui est aujourd'hui remis en cause ».
L'a-t-il seulement lu ce programme du CNR ? Si comme disait Albert Camus, « les gouvernements, par définition, n'ont pas de conscience », on peut être sûr qu'ils ont du culot et un culot atomique. En tous cas notre président est assez audacieux pour essayer de nous faire avaler toutes les couleuvres et les mensonges les plus énormes.
Après la chasse aux étrangers (Rôms), aux pauvres, aux fonctionnaires et aux chômeurs, c'est au tour des malades de la fonction publique d'être dans le collimateur de l'UMP. Désormais, chaque personne en congé de maladie est un fraudeur en puissance qu'il faut punir. Dans le même temps, la fraude fiscale explose (estimée à 40 milliards d'euros), les spéculateurs continuent leurs magouilles, le chômage sa progression... Dans le collimateur de cette Droite devenue illégitime et corrompue idéologiquement, ce sont les salariés qui ont les honneurs. Les patrons « voyous », la fraude des professions médicales ça n'existe pas !!! Ne parlons pas davantage de la fraude fiscale évaluée par le SNUI à 40 milliards d'euros et du reste. La guerre est clairement déclarée aux salariés de notre pays. Il faut des boucs émissaires, ils sont tout trouvés.
Et demain monsieur le président, une loi pour favoriser la délation, la dénonciation des fraudeurs ? Comme sous Vichy, à l'époque d'ailleurs la droite aussi était au pouvoir.
Un arrêt de travail est-il exigé pour les parlementaires français absents des cessions à l'Assemblée nationale et au Sénat ? Un exemple ici : http://www.francesoir.fr/actualite/politique/senateur-fanfan-roi-l-absenteisme-politique-74915.html ou là http://www.mediapart.fr/journal/france/160908/a-quoi-servent-les-senateurs-25-ages-salaires-absenteisme-les-chiffres-qui-fac De quel droit prétend t-il sauver le système social français en appelant au tribunal de l'histoire le CNR dont il se dit héritier ? Quelle honte. Vous faîtes la fortune des banquiers, des assureurs, des mutuelles complémentaires (parfois dirigées par votre frère. Voir ici : http://blogs.mediapart.fr/blog/amber/030211/les-sarkozy-infiltrent-ils-letat-francais-pour-detruire-le-systeme-de-sante-e), vous privatisez le système de santé français (Voir ici : http://www.mediapart.fr/journal/france/281110/vers-une-privatisation-de-la-securite-sociale) l'hôpital public, vous démantelez le système des retraites, vous mangez dans la main des « grandes féodalités économiques et financières », vous démolissez le système scolaire, certains officines de barbouzes espionnent les journalistes, et vous vous prenez pour de Gaulle ???? Vous êtes en fait un usurpateur qui ressemble à s'y méprendre comme toute votre clique au pouvoir, à un fondé de pouvoir des marchés financiers.
Vous faîtes depuis 5 ans tout pour détruire ce que les hommes du CNR ont mis en place et vous osez revendiquer son héritage. C'est « l'hôpital qui se fout de la charité », « l'incendiaire qui se fait passer pour le pompier ». Vous n'êtes pas digne, ni légitime pour revendiquer quoi que ce soit de cette époque là. Les hommes étaient alors « grands », l'éthique, un devoir, la République en danger. C'est au fond la seule chose qui vous unit à cette époque. Mais si à l'époque les hommes du CNR et de le Résistance ont tout fait pour restaurer celle-ci, vous en revanche faîtes tout pour la détruire. Et je ne veux pas de 10 juillet 1940...
Le plus grand fraudeur, il est à l'Elysée depuis 5 ans et il dirige une « Ripouxplique ». Je serai le président du pouvoir d'achat et J'instaurerai une République irréprochable, disiez-vous. Nous ne l'oublierons pas.
Laissez le CNR au Panthéon de l'histoire et les français tranquilles. Quant à vous, il y a une place aux oubliettes....