De Tricatel à Findus en passant par Spanghero, de la fiction à la réalité… ça continue, mais cette fois-ci, c’est avec du mouton !!!
Sans être vraiment « à cheval sur les principes », il y a 2 choses que j’apprécie beaucoup au point de regretter les navets, c’est le cinéma et la bonne bouffe. Et force est de constater qu’après l’histoire des lasagnes de bœuf de cheval la nouvelle d’un nouveau scandale du mouton risque de jouer un vilain tour à la réputation de la cuisine française… Mais dans le fond, il fallait s’y attendre.
Car cette réputation a déjà été écornée voilà 37 ans et quelques lunes. Tous les amateurs de cinéma, les inconditionnels du grand Louis de Funés et du nom moins grand Coluche, se souviennent du cultissimme film de Claude Zidi - L’aile ou la cuisse. On y trouve, Louis de Funès incarnant Charles Duchemin, éditeur d’un célèbre « guide gastronomique », son fils Gérard, (incarné par Coluche, bien plus préoccupé par sa troupe de saltimbanques que par la perspective proche d’avoir à prendre la relève de son illustre père) et Julien Guiomar qui campe en Jacques Tricatel patron de l’entreprise TRICATEL, le « roi de la cuisine toute faîte », « le marchand de conserves, empereur du prêt à manger ».
Et bien ça y est, on a trouvé son successeur. Tricatel a fait des émules à Castelnaudary, la patrie du cassoulet… Bon, d’accord, 3 villes se disputent le label de « reines du cassoulet », Castelnaudary, Carcassonne et Toulouse, mais qu’importe. Le sujet d'aujourd'hui (et d'hier) touche à ce que la cuisine a de pire à proposer...
Comme disaient, jadis, nos aïeuls, « on ne fait pas d’omelette, sans casser les œufs », alors, malgré une défense un peu capilo-tractée, l’entreprise crée jadis par la fratrie rugbystique des SPANGHERO, risque de ne pas se relever de ce mauvais coup qui ressemble aux fameux « coups de la corde à linge » cher aux joueurs de ballon ovale de la région audoise.
La défense de l'entreprise audoise SPANGHERO semble se craqueler, malgré les démentis...Il y a peu, après l'affaire des "lasagnes au boeuf de cheval", le Ministre Benoit HAMON déclarait que le Société SPANGHERO savait. En outre, elle se voyait retirer immédiatement l'agrément sanitaire qui lui permet de traiter de la viande, avait annoncé le ministre français de l'Agriculture Stéphane Le Foll. Bref, ça sentait déjà le vinaigre. Les carottes semblaient (presque) cuites et l’entreprise basée dans l’Aude risquait de boire le bouillon de onze heures. Tant pis pour tous ceux qui hurlent qu’il ne faut pas en faire tout un fromage, que les journalistes racontent des salades, qu’ils ne crachent pas dans la soupe, eux…. Que c’est la fin des haricots si l’entreprise est condamnée… Le scandale se poursuit et si le bœuf de cheval est de l’histoire (presque) ancienne, voilà qu’aujourd’hui, c’est à « saute mouton » qu’on joue à Castelnaudary.
En effet, voilà qu’en lisant le « canard » du Sud-Ouest, La Dépêche du Midi, nous apprenons que : Après le scandale de la viande de cheval, l’usine Spanghero est une nouvelle fois au cœur de la polémique avec la découverte dans ses entrepôts de 57 tonnes de mouton britannique dont l’importation est normalement interdite. Selon RTL, le parquet de Carcassonne a reçu un signalement émanant de la Brigade nationale d’enquêtes vétérinaires. Deux lots de viande théoriquement interdite ont été découverts dans l’entreprise de Castelnaudary, découpés selon la méthode de la viande séparée mécaniquement. Avec cette technique, des bouts d’os et de moelle risquent d’être mélangés à la viande, ce qui peut engendrer un danger en cas de présence de prion, maladie de la vache folle et tremblante du mouton. Article à lire ici : http://www.ladepeche.fr/article/2013/03/19/1586015-nouveau-scandale-57-tonnes-de-mouton-prohibe-retrouvees-chez-spanghero.html
Mais, c’est promis, une fois de plus, ils jurent avoir été trompé par un fournisseur…. A peine croyable !!! Comme des gosses qui se font pincer les doigts dans le pot de Nutella et qui nient…
Cette affaire de « faussaires », fruit d’une libéralisation des échanges et de la recherche éhontée de profit à tout prix sur le dos des consommateurs rebondit de jour en jour. Aujourd’hui, l’étau semble se resserrer sur l’entreprise audoise qui bosse pour le géant de l’agro-alimentaire scandinave FINDUS…c’est remarquablement traité par Michel de Pracontal dans cet article http://www.mediapart.fr/journal/international/140213/trafic-de-viande-de-cheval-une-filiere-pays-bas-castelnaudary aussi, cette enquête n’a pas l’air d’être du gâteau, j’espère que les fins limiers ne feront pas choux blancs. Car ce genre de scandale me fait monter la moutarde au nez. De mon côté, je ne vais pas insister sur le fond de l’affaire mais mettre plusieurs points en lumière :
- Le film de Claude Zidi, L’aile ou la cuisse, nous y avait préparé voilà près de 40 ans
- La langue française s’enrichit
- Les subventions pleuvent de partout pour les Industries Agro Alimentaires[C1]
- Rien de tel que de cuisiner soit même
Pour tous les fans du film – L’aile ou la cuisse - la scène dans laquelle Louis de Funès se rend dans l’Auberge de la truite avec son voiturier est hilarante (à voir ici : http://www.dailymotion.com/video/x80atq_scene-de-l-aile-ou-la-cuisse_shortfilms?search_algo=2 ) tout autant que la visite de l’entreprise Tricatel à la fin du film. A voir un extrait ici : http://www.dailymotion.com/video/x8kfv1_l-aile-ou-la-cuisse-tricatel-coluch_shortfilms
Comment ne pas applaudir à ce passage dans lequel Coluche (Gérard Duchemin) goûte chez Bouvard le vin produit et servi par Tricatel : « Vin soit-disant du Sud de la France, composé en réalité de 1/3 de vin d’Italie, 1/3 de vin grec et 1/3 de produits chimiques. Vin de chez Tricatel qu’il vend chaque jour à sa nombreuse clientèle !!!!!!! ». Tout y est et le film date de 1976. Déjà ….
Ceci dit, ce film prémonitoire est comique tandis que le « scandale des lasagnes au bœuf de cheval » ne l’est pas. Même pour nous autres français, au pays des grands chefs (qui pensent surtout maintenant à faire fructifier leur renommée étoilée en collaborant avec la cuisine industrielle), tels Paul Bocuse, Joël Robuchon, ou Maïté (euh, non, pas Maïté), nous sommes désormais de vieux habitués de la « tromperie sur la marchandise ». En effet ne dit-on pas que François HOLLANDE est un homme de « Gauche », comme DSK ou Mitterrand ?????
Mais au moins ; le dictionnaire des « bons mots » et autres « expressions » bien françaises s’enrichit.
On connaissait tous le « bœuf couronné », célèbre restaurant situé porte de Pantin à Paris ou le non moins célèbre « bœuf sur le toit », ce célèbre cabaret parisien du VIII° arrondissement, fondé dans les années 20, dans lequel le tout Paris adepte de jazz se rendait Paris qui à l’époque était la ville du jazz en Europe. Les musiciens des clubs de jazz venaient finir la nuit et se lançaient dans des improvisations, des jam session. Et c’est de là que vient l’expression utilisée jusqu’à ce jour par les musiciens français « faire un bœuf ». Qui ne connait pas non plus l’expression « bœufs-carottes » rendue célèbre par la série TV dans laquelle joue l’exceptionnel acteur Jean Rochefort, qui sert à désigner un duo composé d’un commissaire et d’un inspecteur de police ? Et bien dorénavant, grâce à l’entreprise SPANGHERO, nous pourrons utiliser une nouvelle expression à la gloire des travers des IAA : « faire des lasagnes au bœuf de cheval »… Mais « revenons à nos moutons », à présent, sans « être un mouton de Panurge », il faut espérer que cette histoire de « mouton britannique » n’est qu’un phénomène peu commun et restera extraordinaire, tel un « mouton à 5 pattes »…. Ceci dit au train ou vont les choses, chaque mois nous apporte son scandale. C’est assez flippant !!!
Le plus cocasse dans cette histoire de faussaire, c’est que l’entreprise a obtenu de très solides subventions de l’UE§ et des collectivités, comme en témoigne cette photo, tirée d’un article illustrant l’affaire sur le site de La Dépêche du Midi.[J'attire votre attention sur la photo rudement bien choisie, illustrant l'article. Que lit-on ? "construction d'une nouvelle unité de produits élaborés frais et reconstruction du site de production" pour un montant 12 millions € !!!
Avec des subventions provenant de :
FEADER = Fonds Européens Agricoles pour le Développement Régional à hauteur de 800 000 € Région Languedoc Roussillon à hauteur de 500 000 € Département de l'Aude à hauteur de 150 000 € La communauté de commune de Castelnaudary et du Bas Lauraguais à hauteur de 200 000 €
soit la bagatelle 1 650 000 € de subventions !!!! de l'argent public... comme quoi, plus c’est gros, plus ça passe !!! Vont être contents les cons-tribuables (dont je suis aussi) de découvrir que les subventions servent à ça !!! Et plus encore, si l’entreprise devait fermer…. Encore un bon exemple de bonne gestion de l’argent public….De quoi justifier une « belle soupe à la grimace »…
J'espère que ce type de montage est utilisé avec autant de succès par toutes les TPE et PME si souvent en difficultés de notre pays...
Toutefois, il ne faut pas que ce scandale de l’IAA, ne jette le discrédit sur les milliers de cuisiniers qui portent haut la réputation de la cuisine et de la gastronomie française. Ils bossent comme des fous, matin, midi et soir. Et pour tous ceux qui travaillent des produits frais et locaux, le plaisir est garanti et le risque nul pour le client. En revanche, cette triste et scandaleuse histoire, risque de semer un peu le doute sur les repas servis dans les cantines scolaires fournies (de plus en plus souvent, sachant qu’on externalise de plus en plus la restauration scolaire pour réduire les coûts…). J’espère me tromper afin que revienne le temps pas si lointain ou Pierre Perret ou Carlos chantaient : « moi, je veux manger à la cantine, avec les copains et les copines… ». A écouter ici http://www.dailymotion.com/video/x7ydyo_carlos-la-cantine-1972_music
Sans risquer l’infarctus en lisant l’addition, on doit tout de même pouvoir se restaurer dans notre beau pays, sans risquer de prendre des vessies pour des lanternes, merdre alors !!!
De toutes les façons, rien de vaut la « cuisine de nos grands-mères et de nos mères » (Mesdames, surtout n’y voyaient aucun sexisme) et celle que l’on prend le temps de concocter soit même, y compris quand le temps vient à manquer…
Pour terminer ce petit billet, je ne résiste pas à l’envie de citer quelques proverbes et citations culinaires.
" Si le potage avait été aussi chaud que le vin, le vin aussi vieux que la poularde
et la poularde aussi grasse que la maîtresse de maison,
cela aurait été presque convenable "
- Curmonsky -
" Le plat du jour c'est bien, à condition de savoir à quel jour remonte sa préparation. "
Pierre Dac
" Nos repas sont charmants encore que modestes,
grâce à ton art profond d'accommoder les restes. "
Paul Verlaine
[C1]A