Bonjour à tous,
J'ai déniché un petit article intérêssant sur le site des Echos, www.lesechos.fr qui devrait être lu et arriver aux oreilles de tous les gens de raison.
Les CESU ou Chèque Emploi Service Universel, en voilà une belle "niche" fiscale !!! CESU et autres "incitations fiscales" au profit de la politique de décomposition méthodique et programmée (?) des valeurs fondamentales de notre système éducatif !!! Ces incitations fiscales qui permettent de stimuler les cors privés particuliers et collectifs tandis que les restrictions sont à l'honneur dans l'Educ Nat...
* Niche, quel mot mensonger au fond. Pourquoi parler de niche ? Les rois de la sémantique néolibérale, du pléonasme, du glossaire et du logiciel néolibéral sont de sortie pour endormir les peuples, c'est de "privilèges", de "cadeaux", de "faveurs" dont il s'agit. Et pas d'autres choses.
Qu'est-ce qu'un privilège ? Ne s'agit-il pas d'un droit exceptionnel ou exclusif de jouir d'un avantage ? Et là, pardi l'injustice sociale frappe déjà plus vite à la porte... Pour peu qu'on y prête attention, on se rend compte qu'en fait, c'est pas de "niche" et autre "bouclier" fiscaux dont il s'agit, mais d'une vraie "porte blindée" d'un coffre helvète qui s'ouvre pour alimenter parfois les plus nantis grâce aux impôts et autres taxes acquités par tous et donc les plus pauvres aussi !!! On réinvente ainsi le principe de la "redistribution", mais ce coup-ci, c'est des moins nantis vers les plus nantis. C'est fort. c'est une révolution culturelle ? Non, le néolibéralisme à l'oeuvre depuis les années 80.
Alors de grâce, messieurs les journalistes, conseillers, politiques et autres communicants arrêtez de nous enfumer, nous sommes bel et bien devant un retour des privilèges d'avant le nuit du 4 août 1789. C'est un bel exemple de la "contre-révolution" en marche. Ceci dit, ont-ils jamais disparu ces privilèges ?
Il n'y a rien d'une "niche", au sens d'abri de nos animaux domestiqués que l'on ne veut pas dans nos intérieurs douillés. Les chiens n'ont rien à voir et à faire dans cette histoire de niches fussent-elles "fiscales", et les privilègiés parmi les canidés n'y dorment jamais. Ils dorment sur le canapé de madame et vont chez le toiletteur chaque semaine. La niche ça parle moins n'est-ce pas ? Combien de français entendent cette expression sans y prêter attention ? Cadeau, privilège, faveur, ça parle déjà plus... Mais quel est l'objectif au fond dans le choix des mots ?
* Pour en revenir au fond le l'article, notre pays est formidable. Depuis Condorcet, on veut une école juste, un lien fort entre citoyenneté et République, pas un outil au service des puissant paraît-il mais la majorité actuelle s'applique à maintenir ses positions dominantes par ces petits cadeaux.
C'est Bourdieu et Passeron qui doivent remercier les différents ministres de l'éducation nationale qui se sont succédés depuis des années pour mieux mettre en lumière leur théorie de la "reproduction sociale des élites par l'école". Et en maintenant l'échec scolaire à un niveauu acceptable avec une politique volontariste de décomposition de l'Education nationale, on stimule le recours aux boites privées. Un joli transfert de le l'Etat au privé...
Mais c'est au fond 2 systèmes qui s'opposent et se combattent. On crée "l'échec scolaire" pour mieux proposer (mais pas à tous les jeunes français) des remèdes forts coûteux et surtout inaccessibles au plus grand nombre. un scandale, un de plus.
Des privilèges, des cours de plus en plus "privés", individuels et collectifs, des stages de pré-rentrées ou pendant les vacances d'un côté financés pour partie par l'Etat et donc tout le monde au bénéfice d'une minorité (entre 850 000 et 2 millions sur 10 millions d'élèves) et des classes surchargées, des payes amaigries, du mépris et des coupes sombres de l'autre. Au sujet de ces coupes sombres, ne lit-on pas sur le site de l'Education nationale: (voir ici http://www.education.gouv.fr/cid53362/projet-de-loi-de-finances-2011-60-5-milliards-d-euros-pour-l-education-nationale.html) "En 2011, un fonctionnaire sur deux partant en retraite n’est pas remplacé. Cela représente 16 000 suppressions de postes dans l’Éducation nationale [...] Le président de la République s’est engagé à réaliser des économies : chaque ministère doit participer à cet effort. L’augmentation continue des moyens depuis plus de 30 ans n’a pas été accompagnée d’une amélioration des résultats scolaires. L’avenir social et professionnel des jeunes générations ne dépend pas uniquement de la réussite scolaire mais est également lié au mouvement de redressement des finances publiques". On va diminuer le nombre des enseignants (et geler le point d'indice de la Fonction publique) qui pèsent pour 94.5% sur le budget de l'Education nationale pour redresser les finances publiques qui sont au plus mal afin de préserver l'avenir social et professionnel des jeunes générations. Dans le même temps, on favorise les cours privés via les privilèges fiscaux..... Une honte, un scandale, une affaire d'Etat. Ce que les sociologues Dominique Glasman, Mark Bray et Ludovic Melot ont bien démontré dans leur rapport et ouvrages respectifs. D'un côté "l'éducation de l'ombre", de l'autre "l'éducation nationale".
Cet article traduit et met bien en exergue cette "école parallèle" mise en place pour asseoir toujours plus la position dominante des "classes" aisées sur le lumpun prolétariat certes moins homogène, mais toujours aussi nombreux et méprisé que jadis.
100-200 euros/enfant/semaine de stage collectif de pré-rentrée, c'est exactement (189 €) le coût de la rentrée scolaire pour un collègien rentrant en 6°... Qui peut se payer l'équivalent de 2 rentrées scolaires d'affilée ?
Un marché à 2,2 milliards d'euros/an, un pactole pour les boites privées dont Acadomia (aux pratiques de fichages douteuses, voir www.lepoint.fr du 27/05/2010) est le poids lourd. Un pactole en augmentation de 10%/an, une croissance "à la chinoise" en somme. Plus l'échec de l'éducation nationale est patent, plus les cours privés s'engraissent....Pour info le budget de l'Education nationale 2011 est de 60,5 milliards € en augmentation de 1,6% par rapport à 2010.... Y a comme un paradoxe non ? Et si ce n'était pas un paradoxe, mais une volonté de "privatiser" toujours plus l'éducation, comme la santé, les transports, l'accès à l'eau potable, le réseau autoroutier...
Bref, une raison de plus pour faire "sauter" la Majorité, et espérer l'alternance en 2012. Mais pas certain que l'opposition actuelle change la désatreuse philosophie politique qui prévaut depuis des lustres et revienne à ses racines, à son histoire, à ses valeurs pour la jeunesse, y a des emplois à la clé... Ceci dit la question est essentielle. La prochaine majorité aura la lourde tâche de redonner confiance aux enseignants de l'Education nationale depuis si longtemps méprisés, disqualifiés par des discours qui ne cessent de les montrer du doigt en tant que responsables de l'hallali actuelle de notre système éducatif.
Cessons de mettre les "profs" à la niche comme de vulgaire toutous et réintégrons les enfin au ciment de notre République qui se veut "sociale", "démocratique", "laïque" et "indivisible". L'Ecole n'est pas une marchandise, n'est pas à vendre, elle est le lien natuel entre le Peuple et la République, notamment grâce à notre "langue" qui doit être maîtrisée de tous, mais en aucun cas un outil pour déformer, masquer, cacher la réalité concrète. Tiens, on revient au sujet du billet: de l'usage et du choix des mots....
Stop au glossaire néolibéral en politique, à moins bien sur que la "politique ne soit en fait que l'art de détourner les gens des choses qui les concernent..." ?
Et pendant ce temps, Ferry (Luc) fait l'école buissonnière...