Bonsoir à tous. Tiens chouette, me suis-je dit, MEDIAPART fait un article sur Eva Joly et EELV, je fonce donc voir ce qu'il dit. C'est si rare !! L'ex magistrate entre en campagne et le titre est original, alors, alors, j'ai lu avec attention l'article de L. Bredoux en espérant y trouver ce qui fait le point "capital", la chose "fondamentale", importante, au fond "l'essence" d'un parti politique, en l'occurence celui d'Europe Ecologie Les Verts (EELV), les idées. Et comme nombre de lecteur, je reste sur ma faim. Je suis décu.
La compétition interne a été réglé par des primaires. Celles-ci ont "sacré" sans discussion (58%) Eva la norvégienne de naissance française par choix et conviction comme elle aime à le dire, or l'article ( voir ici http://www.mediapart.fr/journal/france/210811/les-ecolos-entrent-en-joly-campagne) donne plus de place aux petites phrases des uns (Daniel Cohn Bendit, Nicolas Hulot et Cécile Dufflot) et autres dissentions classiques dans tous les partis et toutes les fédérations qu'aux idées. Zut, c'est pourtant sur Médiapart. Le temps de la lutte en interne pour la candidature est réglé, il faut passer à autre chose.
* Passons donc aux idées. Pourquoi celles-ci méritent -elles plus d'attention et de respect que ceux affichés pas des journalistes qui nous font désespérer de la profession tels les Olivier Mazerolle ou Jean-Jacques Bourdin (BFM.TV) et Laurent Joffrin (NouvelObs) (voir ici son article: http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/laurent-joffrin/20110715.OBS7113/14-juillet-eva-joly-la-naive-inconsequente.html).
Voilà quelqu'un qui parle clairement et qui va nous réconcilier avec des mots preque disparus du champ de bataille politique: ETHIQUE, MORALE, MODESTIE. JUSTICE SOCIALE... Diantre, c'est pas très exitant. Et bien si justement, ça change !!!
* Voilà une candidate qui dit "nous", qui parle en équipe, au pluriel et non à la première personne du singulier sur la base d'un égocentrisme démesuré et débordant. Voilà une candidate "au service des idées qu'elle défend" et non une candidate qui se sert d'un parti par ambition personnelle, par mégalomanie pour le porter au pouvoir. Ici il s'agit de porter au pouvoir des idées en lesquelles on croit , là d'être porté au pouvoir. Ici "nous", là "je". Ici les français dans leur diversité sont concernés, là, une minorité comblée, une oligarchie qui confisque le pouvoir. Voilà un discours qui donne de l'espoir, attention, pas "le Grand soir", non, mais l'espoir de recréer un peu de cohésion dans le tissu social volontairement détruit par les discours de Grenoble et la chasse aux sorcières, aux boucs emissaires organisés par l'exécutif actuel et le FN (étrangers, roms, chômeurs, exclus, allocatiares du RSA, fonctionnaires, retraités...). Un discours à l'opposé de ceux de la Majorité qui depuis 4 ans divise le corps social, joue les uns contre les autres pour saper toutes résistances à sa politique inique, qui rejette les discriminations en tous genres, qui loue la France des diversités, qui se situe résolument du côté des petites salaires et des exclus, qui,fait souffler un bel esprit républicain sur notre France. Non pas celle des privilègiés, des ghettos du Gotha, non, celle du Peuple de France dans son ensemble. Un discours qui place le respect, la dignité, la liberté, l'égalité et la fraternité au coeur du projet de vie tel que notre devise républicaine le scande et l'inscrit aux frontons des 36 000 mairies.
* Convaincue que "les politiques peuvent agir", à l'image de ce que disais jadis l'illustre Pierre Mendès France ("Gouverner, c'est choisir"), l'ex-magistrate a découvert comme elle a pu le dire en juin dernier à Toulouse (voir ici http://www.dailymotion.com/video/xjacto_eva-joly-1-4_news), "le dessous des cartes d'un système financier surpuissant et performant"en instruisant dans les années 90, les grandes Affaires ELF et TAPIE et est fermement décidée à lutter contre ces dérives qui s'appellent corruption, conflits d'intérêts, et autres paradis fiscaux. Cette corruption (même si l'objectif peut paraître chimèrique à la majorité), qui mieux qu'elle est placée pour en parler d'autorité ? Cet intérêt d'un petit cercle de personnes, ce poids des réseaux qui pourrissent le système démocratique par des pratiques frauduleuses, immorales règnent en maîtres dans l'Hexagone en toutes impunités. Voilà un combat pour la transparence et l'éthique en politique qui a le mérite d'être au coeur du débat des présidentielles 2012. Et à ce jeu-là, on devrait serrer un peu les fesses et les rangs au PS et à l'UMP...
* Dépourvu d'expérience politique lit-on ici et là. Foutaises. Voilà une candidate qui a fait campagne en 3 ans pour les Européennes, les Régionales, les Cantonales, elle connait le rythme endiablé des "campagnes électorales". Elue au Parlement européen, elle s'y évertue à faire avancer ses idées. Conseillère du gouvernement norvègien au service du ministère de la Justice au début des années 2000, après avoir quittée épuisée la magistrature non sans avoir efficacement instruit entres autres les difficiles Affaire ELF et Affaire TAPIE, elle connait la musique. Plus tard, elle est sollicitée par le gouvernement islandais. Enfin ses convictions la mèneront au service du peuple zambien en luttant contre les recommandations de la banque mondiale et du FMI. Bref, la dame a des atouts.
Elle se propose de réabiliter la Justice, de "l'armer" dit-elle. Comment ? En redonnant (l'a t-elle jamais éte ?) l'indépendance à la justice de notre pays (Voir Affaire Lagarde-Tapie qu'elle qualifie justement d'affaire d'Etat par exemple) et en premier lieu l'indépendance du Parquet (à l'heure où la majorité en place fait disparaître les juges d'instruction...). Sa volonté d'aller contre ce régime de "faveur des puissants" qui ravage notre pays, et fait de "l'impunité la règle, de la loi l'exception" n'est pas à démontrer. Sa volonté de réhabiliter l'Etat de droit, pas davantage. Haro sur le capitalisme des compères. Comme elle le dit (voir Déclaration de Paris), "la transparence est le corollaire à la liberté [...], les crimes des élites sont des atteintes aux intérêts supérieurs de la nation". Qui tient dans notre paysage politique de tels propos ?
* Comme Eva Joly aime à le marteler, "l'injustice est mortelle pour le corps social d'un pays". Quand il y a 5 millions de chômeurs et 1 million d'allocataires du RSA, est-il moralement acceptable que le patron de BNP-Paribas en plus d'un traitement de 1 million d'euros/an, perçoive 5 millions de "bonus" le tout équivalent à 5 000 fois le traitement d'un smicard, soit l'équivalent de plus de 400 ans de labeur ? Encadrons donc les hauts revenus et donnons un revenu d'existence acceptable. C'est pour elle une des raisons du vote extrêmiste et frontiste.
* Justice sociale et protection sociale sont au coeur de son engagement politique. En ce sens, elle se propose de modifier l'injuste système fiscal français qui a vu depuis 4 ans les évadés fiscaux revenir un à un sans scrupules pour bénéficier du bouclier fiscal mis en place pour célèbrer la victoire de cette Droite dont la seule valeur qui compte est l'argent. Un système qui voit la pression reposer davantage sur les "pauvres" que sur les riches et autres "nantis" comme le montre judicieusement Thomas Piketty -Pour une révolution fiscale- , un système qui voit la firme transnationale TOTAL générer 10 milliards de bénéfices en 2010 et ne pas payer un centime d'euro en France... Un système par répartition au fond, mais une répartition à l'envers dans lequel la privatisation des bénéfices et la collectivsation des pertes et des dettes fait peser l'austérité actuelle sur les frêles épaules des moins nantis. Un système et une politique qui voit au même moment l'Exécutif actuel "taper" dans la poche des "boulets" de fonctionnaires (pas d'augmentation du point d'indiuce de la Fonction publique qui sert à calculer le traitement des fonctionnaires montrés volontairement du doigt de bercy au siège du MEDEF), de retraités et autres modestes salariés du privé.
* Et sujet sensible, Eva Joly est une européenne convaincue. Née en Norvège, élue du Parlement européen, française de nationalité, polyglote, elle est européenne, mais ne veut pas de cette Europe libérale concoctée depuis 1986 (l'Acte unique), renforcée récemment pas l'inique (démocratiquement parlant) "Traité simplifié de Lisbonne" imposé par voie parlementaire au Peuple de France qui avait refusé la première version 2 ans auparavant. Elle fait d'un axe franco-allemand un pilier de la coopération européenne. mais biensur c'est avec son "ami politique" le vert Winfried Kretschmann, élu au printemps dernier ministre-président du plus riche lander d'Allemagne, le Bade-Wurtemberg que l'espoir de l'alliance voit le jour, car elle ne désespère pas de voir cet homme occuper un poste de chancelier.
* Quid du volet environnemental me direz-vous ? Impossible d'être exhaustif sur ce thème, et s'il y a un sujet qui peut fâcher quelques mois après l'accident nucléaire (classé niveau 7 soit aussi grave que Tchernobyl) de Fukoshima, au moins l'affiche t-elle sans ambages; la sortie du nucléaire avec vigueur, voilà une priorité, une nécessité. Et pas question d'éliminer ce point crucial si il faut reconstruire la "gauche plurielle" et donc de travailler à un projet commun avec le PS (de toutes façons inenvisageable avant le 1° tour des présidentielles). Le land du Bade-Wurtemberg, ses 10 millions d'habitants et sa capitale Stuttgart, administré par son "ami vert" Winfried Kretschmann n'est-il pas devenu le 1° producteur d'électricité par éolienne d'Allemagne créant par ailleurs 370 000 emplois dans le secteur des énergies renouvellables générateurs de croissance ? Car si les verts allemands ont compris qu'ils devaient aller chercher leur crédibilité auprès du plus grand nombre sur les questions économiques, voilà un secteur créateur d'emplois et sans doute un exemple à suivre. Enfin une candidate qui parle de "reconversion de l'économie" pour un modèle plus "durable" et non sur la base d'une économie "jetable", dans laquelle le toujours plus pour chacun est la norme et le toujours mieux pour le plus grand nombre l'exception. La Droite actuelle s'est totalement discréditée sur ces problématiques-là. Où est passé le "Grenelle de l'environnement" ? Aux oubliettes. Qui a signé le permis d'exploitation du gaz de shiste ? Jean-Louis Borlo, alors ministre de l'environnement. Elle n'hésite dailleurs pas à le qualifier de traitre à la cause écologique.
* Et ne comptez pas sur elle pour abandonner en chemin. Elle compte bien imposer les idées d'EELV dans le débat politique (à condition bien entendu que les médias traitent EELV et leur leader Eva Joly avec impartialité et jouent leur rôle d'informer les lecteurs avec équité et professionnalisme. Je parle ici bien sûr des médias libres, dont Médiapart est un des fleurons et derniers des Mohicans, pas de ceux "à la solde" du grand capital...). Certes, il y a la perspective des législatives dans la foulée, mais la dame d'Oslo compte bien récolter un maximum de voix pour imposer les idées d'EELV dans un "contrat de gouvernance".
Non, Eva Joly n'est pas n'en déplaise à Laurent Joffrin, une "naïve inconséquente tout juste bonne à cultuiver son jardin Bio".
Non Eva Joly ne méconnait pas l'histoire de France, d'ailleurs elle est "française par choix, par conviction", s'est mariée en France à un français, vit en France comme ses enfants qui y sont nés. Elle est en règle Mrs Fillon et Hortefeux et comme elle aime à le dire "son délicieux accent est la preuve, la marque du rayonnement de la France à l'étranger, en Europe et dans le monde".
Oui, je vois déjà des sourires aux coins des lèvres. Une société meilleure, plus juste, fondée sur le partage, la justice sociale, la toléance, l'ouverture, avec des institutions qui fonctionnent pleinement et un Etat nullement absent au service du Peuple, quelle utopie !!! Quel discours mièvre !!! J'entends déjà les Cassandre dire "à l'exercice du pouvoir ces belles paroles vont s'effondrer". Oui mais voilà, la perte de confiance dans les "politiques" en général est telle qu'un retour aux valeurs (supposées) et aux fondamentaux de notre République démocratique, sociale, laïque et indivisible n'est-elle pas au fond teintée de bon sens ?
Voilà une dame qui a beaucoup à apporter à notre pays et à notre paysage politique français, comme à ses pratiques. Et si cet ex- 2° dauphine de Miss Norvège à l'âge de 18 ans ne cherchera pas à jouer sur un hypothètique côté glamour, elle a de nombreux arguments pour convaincre. A l'heure où trop nombreux sont ceux qui cherchent à perusader avec des slogans de campagne mensongers tels "la réduction de la fracture sociale", "le président du pouvoir d'achat", "travailler plus pour gagner plus" et j'en passe, la dame d'Oslo parle simplement mis avec conviction. Un souffle d'air frais (norvègien) pour redonner un peu d'espoir et secouer notre bonne vieille République, chiche ? Eva surprendre, j'vous ll'dit !!!