Alors que les bombes tombent quotidiennement sur Gaza, c'est par ce texte génial de Boris Vian que je commence cet hommage à l'immense et regretté Serge Reggiani.
Voilà 10 ans déjà que l’immense Serge Reggiani nous quittait. A 82 ans son cœur lui faisait des misères. C’est pourtant droit aux cœurs que ses chansons allaient. D’origine familiale modeste, italienne et antifasciste, Serge Reggiani arrive en France à l'âge de huit ans avec sa famille. Il s’installe en Normandie. Il suit d'abord les traces de son père et sera apprenti coiffeur, puis après la lecture d'une petite annonce, s'inscrit au Conservatoire des arts cinématographiques, à Paris, où la famille s'est installée. De ses années d’apprentissage il nous a légué un texte somptueux qu’il interprète si bien – Le barbier de Belleville -. Etait-ce de lui dont il était question ?
Avant guerre, en 1938 il est 1er prix de comédie avant de s'inscrire en 1939 au Conservatoire national d'art dramatique. C’est alors qu’il débute une carrière de comédien au théâtre. Puis viendra l’heure du cinéma. Comédien reconnu, mais toujours italien, il fait une demande de naturalisation en 1946. En 1948, le voilà naturalisé. Quelle chance pour notre pays. Et quand il chante - l’Italien - il incarne mieux que personne cet immigré italien qui revient au pays. Mais lui n’y reviendra pas. Celle-ci quel hymne pour des générations d’exilés italiens.
Au début des années 60 le voilà qui débute une immense carrière de chanteur réaliste. L’histoire dit que c’est à la suite d’une rencontre avec Jacques Canetti croisé chez ses amis Yves Montand et Simone Signoret que l’aventure a commencé. Son premier disque, composé de chansons de Boris Vian, sort en 1965 et rencontre un franc succès et un public. Il jongle encore avec le théâtre et le cinéma, mais c’est sa carrière de chanteur qui fait de lui un type irremplaçable à mes yeux.
En 1966, la grande dame brune de Moustaki, Barbara séduite par son album signé Boris Vian, lui propose de faire la première partie de son tour de chant. Serge accepte. Banco. La carrière de chanteur de Serge est lancée. Il ne sait pas encore qu’il deviendra Reggiani des années plus tard.
Le magnifique interprète donnera toute sa mesure à des textes magnifiques tels que : Le Déserteur et La java des bombes atomiques, Ma Liberté, Les loups sont entrés dans Paris, Sarah,Venise n'est pas en Italie , Votre fille a 20 ans, Le petit garçon, Madame nostalgie, Le temps qui passe, Ma fille, Hôtel des voyageurs.. Toutes ces chansons sont des merveilles. De Boris Vian, à Georges Moustaki, en passant par Albert Vidalie ou Jean-Loup Dabadie, leurs textes ont été sublimés par le grand Serge.
Il y a tout juste 10 ans, le 23 juillet 2014, il meurt d’une crise cardiaque à l'âge de 82 ans. S’il repose à Paris, au cimetière du montparnasse, division 9, auprès de ses parents et de son fils Stephan, il laisse une trace indélébile pour plusieurs générations. Chanteur réaliste, chanteur à textes qu’importe les classifications au fond. Et aujourd’hui sa voix et ses interprétations faîtes de douceur manquent terriblement.
10 ans déjà. Difficile d’oublier cet artiste majeur de la « chanson française ». Et en ces temps troublés, dans notre République vacillante, c’est un sacré clin d’œil de constater que le grand Serge Reggiani italien par ses racines et devenu français est un des plus illustres représentants de la chanson française…
Il suffirait de presque rien peut-être 10 années de moins pour qu’on lui redise « je t’aime ». Mais le temps passe si vite. Il en avait fait une merveille de chanson devenu bande originale d’un film magnifique (2 jours à tuer) que nous devons au non moins formidable Albert Dupontel. Le temps qui passe. A écouter et à voir.
. Pour tous les parents du monde, de Gaza, d'ici et d'ailleurs, ce texte magnifique dans lequel il souhaite "bonne route" à sa fille, c'est dans Ma fille et personne n'a fait aussi émouvant depuis.
Serge Reggiani est parti la même année que l’immense Claude Nougaro, le taureau des minimes. Sale année pour la chanson française.
A la mémoire du grand Serge Reggiani.