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Billet de blog 24 septembre 2025

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PIsser dans les cours d'eau... Carnets de route.

Serge Hastom est reporter et co-fondateur d’une revue au nom singulier : Invendable. En 2023 et 2024, seul ou accompagné, il a sillonné la Russie, les Etats-Unis et la France, et en a retiré ce qu’il appelle des « carnets de reportages très indépendants », rassemblés sous un titre tout aussi singulier : Pisser dans les cours d’eau.

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Serge Hastom, Pisser dans les cours d’eau. Carnets de reportages très indépendants, Editions du Faubourg, 2025

Serge Hastom est reporter et co-fondateur d’une revue au nom singulier : Invendable. En 2023 et 2024, seul ou accompagné, il a sillonné la Russie, les Etats-Unis et la France, et en a retiré ce qu’il appelle des « carnets de reportages très indépendants », rassemblés sous un titre tout aussi singulier : Pisser dans les cours d’eau.

Il est donc allé à la rencontre des gens, loin des capitales et des élites. Il a croisé la route des « vrais gens » comme l’on dit aujourd’hui : des prolos qui se lèvent tôt, travaillent dur et s’imaginent, entre deux verres d’alcool fort, un avenir plus radieux.

Illustration 1

Les Russes sont intrigués. Que vient faire par ici un routard français ? A-t-il oublié que son gouvernement soutient les nazis ukrainiens et le pantin Zelenski ? Est-il sous l’influence de la propagande américaine ? Est-il fier de son pays ? Car pour les Russes chrétiens rencontrés, la France d’antan n’est plus. C’est les chaînes d’infos qui le disent et on ne peut que les croire. Le Blanc catholique a été grand-remplacé par des hordes de Noirs et de musulmans ; et puis il a laissé proliférer sur son sol toutes les formes de déviance sexuelle possible. Sa police ? Elle tire sur les gens et les éborgne. A n’en pas douter, ce pays wokisé va à vau-l’eau. Il lui faudrait une Le Pen au pouvoir pour stopper la décadence. Poutine a des défauts, certes, mais avant lui, la Russie avait cessé d’être grande, puissante et respectée, et avait le visage de l’alcoolique Eltsine. Mais attention, le Russe, nous dit Serge Hastom, est plus patriote que nationaliste ; c’est son héritage soviétique : rassembler sous un même drapeau des populations de cultures et de religions différentes. Les Russes musulmans posent le même diagnostic : l’évolution des mœurs leur déplaît fortement. Mais une chose les inquiète : l’islamophobie. Pour eux, l’Islam, c’est la paix et l’hospitalité, et ils le prouvent en accueillant l’auteur. Rares sont les voix dissonantes au pays de Poutine. Loin des grands centres urbains, la dissidence existe peu et se fait discrète. Beaucoup l’avoue : la démocratie, « on se porte mieux sans », si elle a le visage de la décadence...

Au coeur de l’Amérique, on craint aussi la dissolution des mœurs incarnée par le mouvement LGBT-etc. A Elohim City, on vénère, en communauté mystique et raciale, le Blanc et la suprématie WASP, tandis que dans les tribus indiennes, on meurt en silence dans la misère, l’alcool et l’absence totale de perspectives. Et tous invoquent l’Age d’or, ce temps béni et fantasmé où l’on faisait société… En France aussi, certains se souviennent avec amertume de ce temps d’avant, plus chaleureux et rassurant, comme un spectacle du Puy-du-Fou ; à l’heure où Cnews « bouffe les têtes » en continu.

L’auteur l’avoue : il y a « une sorte de paresse intellectuelle dans [sa] façon de coller des bouts de phrases chopés au hasard, à des heures tardives ». Ce livre ne se veut pas essai de sociologie. Il souligne seulement la place des valeurs morales dans la façon dont certains analysent les tourments du monde et de leur monde, même si la question sociale n’est jamais loin.

[Version audio disponible]

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