Christophe Thollet Vigere (avatar)

Christophe Thollet Vigere

aérosculpteur, motion designer, vidéaste et couteau suisse pour des artistes

Abonné·e de Mediapart

102 Billets

0 Édition

Billet de blog 16 mai 2020

Christophe Thollet Vigere (avatar)

Christophe Thollet Vigere

aérosculpteur, motion designer, vidéaste et couteau suisse pour des artistes

Abonné·e de Mediapart

CHAPITRE 1

Mais de quoi on parle au juste ? (jour #31 du confinement - le mercredi 16 avril 2020)

Christophe Thollet Vigere (avatar)

Christophe Thollet Vigere

aérosculpteur, motion designer, vidéaste et couteau suisse pour des artistes

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

Ok parlons dette !

Dans nos longs échanges sur Facebook, Éric Mermilliod me demande ce que je pense des chiffres de l'endettement du PIB en France en me présentant un article du Figaro (sans conteste la meilleure autorité journalistique compétente pour aborder la question).

C'est parti pour une petite vulgarisation économique de la part d’un mec absolument pas économiste, mais qui essaie de comprendre....

Ok parlons dette du PIB !

Mais parlons de celle qui est vraiment préoccupante.

Comme le fait cet article intitulé « Dette publique : pas de panique » (écrit par Christian Chavagneux et publié le 1/11/2018 dans le n°384 du magazine Alternatives Economiques)

Il faut d'abord définir ce que c'est que le PIB, son endettement et en quoi c'est bien ou c'est mal de s'endetter...

Le Produit Intérieur Brut est l'indicateur économique qui permet de quantifier la valeur totale de la « production de richesse » annuelle effectuée par les agents économiques : ménages, entreprises, administrations publiques.

C'est un indicateur qui présente l'avantage d'être devenu universel et permet aux pays de comparer leurs richesses totales, au sein de l'UE ou entre n'importe quel pays ou groupes de pays du monde. Ça nous permet de comparer nos scores annuels comme le font les équipes de foot avec les points de classement des différentes ligues.

Ça montre surtout la puissance des puissants car rarement il est question de bon ou mauvais investissement mais simplement de notion de puissance de feu liée à la particularité et à l’histoire du pays : développé ou non, héritier de colonisation ou non, forte d'une démographie importante, ou non, hébergeant des sociétés cotées en bourse ou non...

On additionne toutes les richesses et on trouve le PIB.

Après il y a les dettes françaises.


C'est encore un autre volume.

A la fois ça n'a rien à voir (ce sont des sommes qui, à la différence du PIB, n'existent pas encore) et à la fois ça a un rapport puisque théoriquement ça participe à la construction de la fameuse richesse globale... Le fameux PIB…

C'est plus simple de le présenter en pourcentage du PIB : Comme les deux valeurs augmentent de pair, ça facilite la lecture et ça permet de voir qu'on ne marche pas sur la tête, qu'on ne s'endette pas au-delà de ce qu'on produit...

Il y a une partie de ces dettes qui sera toujours fixe (à moins que l'on décide de les baisser ou de les monter) c'est le paiement des infrastructures de fonctionnement de notre société (liste d’exemples non exhaustive : les écoles, la police, la santé et tous les salaires qui vont avec). Je suis bien conscient qu'il s'agit de dépenses (et non pas de dettes) mais je me permets de les nommer ainsi pour deux raisons : d'abord parce que c'est systématiquement ces dépenses qui sont concernées par les politiques d'austérité, comme si c'était elles qui en constituait les raisons du déficit. Et ensuite parce que dans les faits, ses dépenses sont avancées par l’État et remboursées par l’impôt. Il s'agit donc d'une somme que la Banque de France doit « avancer » chaque année...

Cette charge « fixe » (entre guillemets parce qu'il y a des augmentations de salaires, des restructurations ou encore des politiques de non renouvellement de contrat suite à des départs à la retraite) reviendra irrémédiablement dans le PIB d'une façon ou d'une autre puisque le PIB comptabilise aussi le salaire des ménages (qu'ils soient dans le secteur public ou privé). Je parle de cette charge « fixe » par rapport à la volatilité des emplois du secteur privé... Donc ce montant est non seulement fixe, normal mais aussi hyper important et rassurant pour la bonne santé de l’État.

Le montant du pourcentage de ces dettes fixes change en fonction du PIB d'abord (vu que le PIB évolue et qu'il s'agit d'un pourcentage du PIB) et des choix politiques ensuite.

Il n'y a pas d'autre moyen de payer le système de santé ou la sécurité de la Nation que de s'endetter chaque année parce que ce n'est payé que par l’État, et donc indirectement par les Français via les impôts (remboursé donc l'année suivante) au versement des impôts.

Bien sûr c’est une schématisation à gros traits mais j’essaie d’aller vite…

Bon ok maintenant au milieu de ces dettes il y a aussi les investissements dans la bonne santé de l'économie.

Et d'après cet article c'est plus sur ces pourcentages qu'il serait heureux de s'inquiéter : plutôt que d'investir dans des entreprises créatrices d'emplois, on trouve de plus en plus d'endettement dans des fonds spéculatifs...

En même temps, pourquoi s'embêter à créer de la richesse en se confrontant à de la ressource humaine  ?  La loi française est tellement contraignante, les charges sont tellement importantes, les syndicats sont tellement chiants, les salariés sont tellement vivants, et donc potentiellement malades ou enceintes... Et puis c'est devenu tellement plus simple de créer de la richesse dans la spéculation.

Que la spéculation soit faite sur des fonds garanties ou non n'a pas d'importance, comme pour les « subprimes », puisqu’à la base cet argent vient de l'État, elle ne coûte rien à personne en particulier... C'est beaucoup plus facile comme ça et à court terme ça grossit le PIB donc c'est bon pour la croissance...

Le truc c'est que ce type d'endettement trouve très vite le moyen de ressortir du PIB, via des paradis fiscaux. L'évasion fiscale est devenue une activité hyper banale, je suis sûr qu'il y a même des acteurs de ce sport dont le salaire contribue à la construction du PIB...

En définitive, un pourcentage du pourcentage de ces dettes d'investissement va directement dans la poche des plus riches via l'évasion fiscale.

Pour répondre à ta question, Eric, ça ne me dérangerait pas que chaque année le pourcentage d'endettement du PIB soit proche de 60%, s’il n'y avait que des dettes structurantes (qui ne nourrissent pas la spéculation mais la bonne santé des services publiques), un circuit vertueux.

Et je suis toujours scandalisé par la façon dont les acteurs d'une politique néolibérale (celle-là même qui privilégiera toujours l'enrichissement des plus riches quelles qu’en soient les méthodes) montrent du doigt le fonctionnement économique trop coûteux de notre État alors qu’ils en pillent les ressources de façons systématiques.

cliquez ici pour aller à la page suite


cliquez ici si vous souhaitez retrouver la publication originale et les réactions en commentaire

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.