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Billet de blog 20 décembre 2021

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Toutes mes excuses

Il m'est souvent arrivé de me planter, de louper, un peu ou beaucoup. J'ai aussi réussi quelques trucs. Mais je ressens le besoin d'écrire ce soir de retour de week-end, sur ce qui m’apparaît comme ma plus grosse erreur de ces deux derniers jours.

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Il peut nous arriver parfois de rencontrer une situation désagréable et anormale, dont nous pensons comprendre tout, alors qu'elle ne nous concerne pas directement autrement que par l'empathie qu'elle suscite en nous. Bien que comprenant à la fois toute la situation, et son anormalité, l'instantanéité de la décision à prendre pour agir au mieux, la sidération même que cette situation se produise, coupe toute réflexion sur ce qu'il convient de faire pour agir au mieux.

Ceci m'est déjà arrivé, il y a une petite trentaine d'année sur la ligne A du RER, un peu avant la station de Joinville-Le-Pont où je devais descendre. Un homme, certainement un peu éméché, embêtait lourdement une jeune femme, et j'avais cru bon de détourner son attention de cette jeune femme en lui parlant et en plaisantant avec lui. Sauf que j'avais du sorti à ma station, le laissant avec la dite jeune femme et le reste des occupants du wagon. j'ai toujours pensé par la suite que c'était une erreur à plus d'un titre. D'abord parce qu'en plaisantant avec lui, je ne lui avais pas signifié que son comportement était inapproprié, je luis avais même peut être donné une certaine "légitimité" à ses yeux et aux yeux des autres occupants du wagon, et le l'avais finalement laissé avec sa victime en quittant le wagon. Bien entendu, je ne sais pas ce qu'il est arrivé par la suite dans ce wagon, mais si longtemps avant #MeToo j'ai toujours crains d'avoir mésagi, et d'avoir empiré par mon action une situation initiale de merde.

Ce dont je veux parler maintenant, s'est produit samedi après midi, sur une piste de ski de Méribel. J'ai été le témoin, avec mes trois autres compères de ski, d'une situation anormale. Un homme, que j'imagine être le père, relevait une fille d'une sixaine d'années qui avait du tomber dans cette partie un peu plus pentue de la piste. Comme celle ci n'arrivait pas à se tenir sur ses skis, il l'engueulait en lui disant qu'elle devait obéir et que si il lui demandait de tenir sur ses jambes, elle devait le faite. Puis il lui donnait des coups, de toutes évidence légers, plus de tapes, mais les gestes étaient là , et l'énervement qui les commandaient étaient présent et sensible depuis les quelques dizaines de mètres qui nous séparaient d'eux.

Mes trois camarades étaient repartis plus bas, et moi je suis resté là, à regarder la situation et à me demander quoi faire. Au début je voulais m'assurer qu'il n'y aurait pas de violence physique grave, même si je sais très bien que la violence non physique de la situation traumatisera forcément cette petite fille.

En fait il voulait simplement la faire descendre entre ses skis en chasse neige.

Je les ai regardé descendre laborieusement, en maudissant le comportement du père. Puis quand j'ai vu qu'ils descendaient tant bien que mal,  que le père s'était un peu calmé, et que je m'étais décidé sur le fait que je ne serais pas utile à la situation en intervenant, j'ai rejoins mes amis qui m'attendaient plus bas, en laissant ce duo bancal à son sort.

De la même façon que je repense encore à la situation du RER A, j'ai pensé dans la nuit à cette scène, imaginé la panique de la gamine, le stress du père, son impuissance dans cette situation qui semblait le dépasser. Et j'ai vraiment regretté de ne pas avoir agi en proposant simplement mon aide. je ne l'ai pas fait sur le moment, car je ne voulais pas aider ce père qui m'apparaissait comme détestable. Et se faisant, j'étais détestable moi même, car mes préjugés m'enlevaient ma bienveillance, alors que pour aider la petite fille, il fallait bien évidemment aider le père.

Donc toutes mes excuses à la petite fille que j'ai laissé avec ce père hautement irrité, toutes mes excuses au monsieur, que j'ai regarder se débattre plus que maladroitement de cette situation. Je leur souhaite que cette mésaventure ne pèse pas trop sur leur relation père/fille.

Et j'en profite pour présenter mes excuses à la jeune femme d'il y a trente ans du RER A, en espérant qu'elle est sortie sans trop de problème de la situation où je l'ai laissée.

Ces quelques lignes rédigées en guise d'exorcisme n'auront, je le crains, pas le pouvoir de faire disparaître ces souvenirs. Et au fond, je me souhaite d'être encore en vie dans vingt ans pour y repenser.

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