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Très jeune, Piero Usberti est sensibilisé à la cause palestinienne, en particulier grâce à son père. Impliqué dans plusieurs groupes de rencontres entre la bande de Gaza et l’Italie, c’est d’abord la transmission de ses récits qui ont stimulé l’envie du jeune réalisateur de partir à la découverte de cette terre : “Je percevais déjà une humanité qui me donnait envie”, se remémore-t-il. Après un premier film documentaire sur la ville de Turin nommé Un autre jour, Piero Usberti souhaite à nouveau mêler son désir de voyage et de rencontre avec celui de réaliser : “L’envie du début était de rencontrer des jeunes, de voir quels étaient leurs rêves et leurs possibilités réelles dans la vie”, déclare-t-il.
Du poétique au politique…
Au printemps 2018, Piero Usberti franchit l’une des portes très surveillées de la bande de Gaza : “Une fois qu’on entre, on découvre une chaleur, un sourire, une humanité. Tout ça m’a aussitôt charmé. La beauté au sens large est la chose qui m’a le plus frappée”, confie-t-il. Mais il découvre aussi une enclave surveillée jour et nuit par des drones, la répression et la violence : “Au départ, mon but était plutôt poétique, esthétique, ce n’était pas un film militant. Il l’est devenu de plus en plus, par la réalité des choses. L’énormité de l‘injustice que je voyais jour après jour m’a porté dans une direction politique”, révèle-t-il. Là, tout est “compressé, réprimé”. Les Gazaouis sont retenus sur ce sol par d’immenses barrières, entourant toute la bande. Ils subissent les bombes, la destruction de leurs biens et leurs cultures, les blessures et la perte de leurs proches. “Je trouvais que c’était une bonne façon, à travers la poésie, de porter un message aux spectateurs qui, peut-être, ne connaissaient pas la cause”, déclare le réalisateur.
“Vivre en paix”
Avec ce film, le spectateur part à la rencontre de jeunes qui ont un désir de liberté. Leurs rêves ? “Vivre en paix” ou encore “marcher tout autour du monde”. Pour s’échapper un peu, ils rient, se rassemblent ou bien lisent des livres “pour ne plus entendre les bombes”. Se mêlent ainsi dans ces images et ces témoignages le courage et la nostalgie, guidés tout au long par la voix de Piero Usberti lui-même : “La voix off a pour but de donner une perspective privilégiée au spectateur. Elle permet de restituer les émotions que ce voyage m’a transmises. Dans le travail de montage et d’écriture, le fait de mixer à la fois la dimension politique et poétique, l’intime et le public, la dénonciation et la voix intérieure… C’est une chose qui m’a beaucoup plu”. Aujourd’hui, le réalisateur garde le souvenir d’un voyage bouleversant : “Ça a été un voyage qui m’a énormément marqué. J’ai adoré cet endroit, j’ai adoré les gens que j’ai rencontrés”.
Depuis les événements du 7 octobre 2023, les attaques dans la bande de Gaza sont les plus meurtrières depuis 2006, selon l’UNICEF. Piero Usberti souhaite, quand la situation le permettra, retourner sur les lieux : “C’est une envie à la fois humaine et de cinéma. J’ai une pensée pour toutes les personnes qu’on voit dans le film, que j’ai connues, ces rencontres très fortes… Je ne sais pas s’ils sont vivants”.
Propos recueillis par Lisa Soster
Projections à Cinéma du réel
Samedi 23 mars 16h Centre Pompidou Cinéma 1
Vendredi 29 mars 16h30 Forum des Images