Et puis peu à peu, de jour en jour, un sentiment, une sensation, une idée : la bienveillance. Cette bienveillance qui se déploie avec délicatesse, presque l’air de rien, dans l’œuvre de Pierre Creton, était au cœur de tous les films que nous avions réunis cette année dans notre programmation à Cinéma du réel. Et cette phrase de Vincent Barré et Pierre Creton inscrite à l’entrée de l’installation qu’ils ont spécialement pensé pour Cinéma du réel sonnait comme une devise : « dans une étreinte, dans l’incessant bourdonnement du monde, embrasser le lointain et le proche, le vivant ».
Tandis qu’aujourd’hui nous sont imposés des imaginaires et des discours agressifs et violents, la bienveillance s’est imposée de jour en jour, de films en films, la bienveillance, tout à la fois douceur, respect et hospitalité, et aussi l’idée que l’invention collective était un mode d’action directe. L’impression enfin que la marge était le centre.
Alors quelqu’un a dit le festival est une maison.
La maison d’un cinéma qui prend le risque d’autres images, d’autres imaginaires, qui affirme la confrontation à l’expérience comme condition de vérité.
Un cinéma de la légèreté et qui fait vaciller nos certitudes.
Un cinéma qui propose de nouvelles possibilités de compréhension et d’intervention : ouvrir, respirer, inventer d’autres mots, d’autres images, d’autres imaginaires et même d’autres moyens de faire les images du monde qui vient.
Les films en appellent d’autres.
Le festival est là pour les accueillir.
Catherine Bizern