C’est une histoire importante que nous raconte Scorsese : celle des meurtres d’un nombre important d’indien.nes osages, pour la raison qu’iels étaient propriétaires de champs de pétrole - et qu’iels étaient des indien.nes.
Le film est long, lent, presque ennuyeux. Aucune scène saillante où glaner un plaisir de spectatrice. Mais ce filmage est assumé par le réalisateur lui-même, et dans la dernière scène il nous donne à y réfléchir. Tout le récit est ramené à une pièce radiophonique : les images sont secondaires, et nous avons bien vu une fiction (à la gloire du FBI - disons de l’état fédéral, comme dans tout bon vieux western). Ce à quoi Scorsese ajoute qu’il raconte ce qui n’avait pas été dit - et cela semble lui importer plus que de faire du cinéma.
Une autre chose étonne : le réalisateur montre de la même façon les indiens et les blancs - d’une façon assez plate. L’enterrement du calumet, l’apparition de la chouette annonciatrice de la mort, les prières au bord de l’eau, tout cela est filmé sans éclat, parfois de loin, avec une bande-son qu’on entend à peine.
On peut alors s’agacer de voir arriver en sauveur le FBI et l’état fédéral, qui rétablissent la loi. Mais c’est aussi une façon de demander à ce qu’elle soit la même pour tous. Car comme s’est plu à le montrer tout un pan de la cinématographie hollywoodienne, les blancs aiment faire justice eux-mêmes. Et tuer sans état d’âme : relent de la guerre, évoquée en arrière-plan? Racisme? Soif de l’argent sans aucun doute. Indiens et blancs sont tous détruits par l’argent, les un.es physiquement, les autres moralement. Infantilisé.es, miné.es par l’alcool et le sucre (héritage de l’esclavage), les Osages deviennent la proie - et l’obsession - de Hale.
Ce personnage campé par De Niro n’est pas un pur méchant mais un homme qui jouit de la manigance que lui permet son petit pouvoir : il sait, il distille les informations, et avec elles il joue des vies. La scène qui le montre en père fouettard sur le damier d’une loge maçonnique est assez claire : il est celui qui pervertit le savoir à son profit personnel, par goût du complot.
A ses côtés, son neveu, joué par Di Caprio, est faible : prenant son oncle pour un père ou sa femme pour une mère, il est un peu brutal et inconséquent jusqu’à la bêtise. Manoeuvré comme d’autres par ce que lui dit son oncle, il est incapable de savoir ce qui est important pour lui. Homme sans valeur, il se laisse aller à ce qui se présente. Par contraste, sa femme Molly garde en silence une lucidité désespérée - et le sens de la vérité. Elle est donc celle qui se lève et s’en va.
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