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Billet de blog 7 octobre 2024

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Drama Queen de Cinéma

Iels sont « Les reines du drame » d'une romance lesbienne au pays des starlettes. Où la fabrication de l'excès devient à la fois un art de vivre et une esthétique. Wahou... !

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Cinéma d'hier et de demain

Quand on s'appelle Langlois (Alexis), difficile d'échapper à l'histoire du cinéma. Alors Les reines du drame pourrait aussi être une réécriture contemporaine des Reines du Music-Hall, où, en 1948, la blonde bombe Maryline interprétait ses plus grands tubes et cachait son métier pour épouser l'homme (riche) de ses rêves. En 2024, toujours des tubes et des secrets (lesbiens) dans le placard.

Mimi remporte le concours de "Starlette en herbe", où elle rencontre le/la très punk Billie. Ce sera le choc entre le mini-Britney relookée K-pop et la musculeuse androgyne qui hurle sur la scène indé. Choc musical assuré entre "Pas touche" et "Go musclée". Le tout pris dans le récit totalement excessif et hystérique d'un youtubeur (la grande Queen, c'est lui, Bilal Hassani).

Au bonheur des drames

"Reine du drame" est une traduction possible de drama queen, qui désigne une personne qui exagère tout, surtout côté émotionnel. C'est clairement le programme esthétique et narratif du film. Tout y est too much, et c'est jouissif! Car cela permet d'être entraîné à toute vitesse dans une profusion de formes (et de déformations) audio-visuelles, en ouvrant la brèche satirique.

Tous les personnages performent leur genre, certain.es avec fluidité (jusqu'à la bouffonnerie chez Billie qui termine avec un faux air de Lady Gaga) d'autres avec rigidité (le duo hilarant de Sandrine et Séverine, sortes de méchantes demi-soeurs de Cendrillon). Au fil des métamorphoses surnagent celles et ceux qui gardent maitrise de leur image et liberté du défoulement de leurs émotions - tout en vieillissant. Ces grandes folles nous interrogent sur la fabrication de soi comme image, dans le monde contemporain des réseaux sociaux. A quel miroir nous jugeons-nous, si nous sommes plus marâtre que Blanche-Neige? Quels corps sont et ne sont pas représentés dans l'arène médiatique?

Succès loft love story

La bande son mémorable (vous êtes prévenu.es) est portée par des corps excessifs et assumés qui réussissent ce que ratait Love Lies Bleeding de Rose Glass : assumer des transformations sans devenir monstrueux ni perdre notre tendresse.

Illustration 1
Mimi et Billie au pays merveilleux de la télé © Les films du Poisson

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