Lolita, encore toi
Sofia Coppola filme Cailee Spaeny en adolescente vivant ses premiers émois amoureux avec une réelle grâce - et un vestiaire somptueux. Et puis, comme le craint le King lui-même, en grandissant elle se fane. Difficile à entendre dans le contexte des polémiques actuelles autour de Benoît Jacquot ou Claude François.
L’origine du mal?
L’emprise n’est pas tant montrée comme un ressort psychologique que comme la main mise sur le corps de l’autre, avec son consentement. C’est que tout ce qui devrait sembler anormal ne pose aucun problème : une collégienne fait seule ses devoirs dans un drugstore, elle part seule aux USA vivre chez une célébrité, on lui donne un somnifère qui la fait dormir deux jours sans que personne n’ait appelé un médecin… Dès le début quelque chose dysfonctionne dans le récit de cette jeune fille qui se montre / est montrée sans aucune relation. C’est peut-être seulement avec la naissance de sa fille qu’elle entre dans la réalité.
Brushing cinématographique
Chez Sofia Coppola, tout est lisse, comme si le brushing était devenu un principe de vie. On se souvient par contraste du Elvis de Baz Luhrmann avec un Austin Butler qui incarnait prodigieusement le King à l’écran. Un film foutraque qui se perdait à suivre trop de lignes narratives (l’emprise du Colonel, l’inspiration mystique, la relation avec le monde afro-américain…) mais dans lequel on transpirait. Ici les êtres sont comme des silhouettes sans profondeurs, des images de magasines.
Moralité
Priscilla était une gentille fille rêveuse et très jolie, qui a vécu un conte de fées où le prince charmant s’est mué en Barbe Bleue. Mais elle a vaillamment réussi à divorcer. Une trajectoire émancipatrice qui reflète peut-être celle d’une génération de femmes d’après-guerre. Mais une fois qu’elle n’est plus aux côtés de l’idole, elle disparaît. Est-ce à dire que Priscilla, sans Presley, n’a rien été?
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