à propos de l'article CANTAT et le harcèlement des médias #metoo
En France, une femme meurt tous les 2 jours et demi, tuée par son compagnon ou ex-compagnon, en un an plus de 225 000 femmes sont victimes de violences au sein de leurs couples. Le coût annuel des violences conjugales est évalué à plus d’ 1 milliard euros.
Les violences conjugales sont physiques mais aussi psychologiques. Les victimes sont manipulées durant des jours, des mois et des années. Quotidiennement dévalorisées, insultées, rabaissées, humiliées, elles sont réduites à l’état de chose et entièrement niées. Le conjoint effectue un véritable lavage de cerveau à sa compagne. Pour mieux la dévaloriser, il la décrédibilise et la rend coupable de ses malheurs. Elle devient responsable de sa souffrance. Le conjoint prend alors la place de victime et la femme sera le bourreau. Place de victime qu’il impose au sein du couple mais aussi au sein de la sphère publique, amicale ou professionnelle. Il se met en scène et retourne à son avantage toutes les situations. De son statut de victime, il appelle les autres à le regarder, l’admirer, le valoriser.
Mécanisme pervers de manipulation que Bertrand Cantat et son comité de soutien utilisent aujourd’hui pour se faire tantôt idolâtrer, tantôt plaindre. La domination et l’indécence que cet individu affiche sont symptomatiques de la pression psychologique exercée par les conjoints violents sur leurs compagnes. Bertrand Cantat tire les ficelles, dévalorise la souffrance et le combat de milliers de personnes luttant contre les violences conjugales. Il simplifie les faits, se met en valeur et se positionne en victime. Depuis plus de 15 ans, Bertrand Cantat contrôle parfaitement son image.
Ces derniers mois reflètent à nouveau cette manipulation incessante. Lorsque, hier, son comité de soutien accuse les médias de « réécrire l'histoire », parle de « fiction sans borne », et « d'homme le plus haï de France » ; lorsqu'en mars dernier Bertrand Cantat lui même évoque « la pression » et revendique « son droit de citoyen », ils cherchent à nous tirer les larmes d’un pathos grossier. Lorsque Bertrand Cantat sourit et se pavane devant des manifestantes à Grenoble, toujours en mars 2018, tout en se plaignant sur les réseaux sociaux d’un climat de violence digne du « moyen-âge », il ne souffre pas : il provoque et jubile. Jubilation de pouvoir une nouvelle fois contrôler son apparence, et de se mettre en avant. Jubilation de pouvoir donner des images aux médias. Images qui montreront sa supériorité face à des manifestant.e.s qui obligatoirement deviendront coupables.
Cessons de nous faire croire que Bertrand Cantat est victime, qu’il s’est repenti et qu’il souffre. Cessons de nous faire croire que nous sommes les coupables. Révélons au grand jour ce mécanisme asphyxiant dont tant de femmes sont encore victimes au quotidien : la manipulation et les pressions psychologiques.
Cessons de nous taire. Ouvrons enfin les yeux sur les violences conjugales et dénonçons le quotidien de milliers de femmes. Trop de victimes souffrent d'idées noires et suicidaires. Trop de victimes tentent de mettre fin à leur jour. Trop de victimes sont hospitalisées, en incapacité de travail et/ou avec des traitements médicamenteux. Trop de victimes sont mortes, tuées ou poussées au suicide.
Aujourd'hui, souvenons-nous de Marie Trintignant et luttons pour Krisztina Rady. Demandons ensemble la réouverture du procès de Bertrand Cantat, suite au suicide de Kristina Rady. Dénonçons-le ensemble. Le silence ne doit plus asphyxier : parlons et agissons.
Comité de NON soutien à Bertrand Cantat - Citoyenne Féministe
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