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Billet de blog 29 mai 2025

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Vélo-cité ? Difficile à Dijon de rouler sereinement

Paraîtrait qu’à Dijon les vélos sont trop véloces. Sans doute pas plus que les carrosses grenat qui manquent de les écraser dans les voies partagées. Ni que les bagnoles qui caracolent sur les boulevards. C’est pas pour autant qu’on pense à les interdire. Mais les vélos, si fait. Exclus de la bien mal nommée rue de la Liberté, interdits de circuler sous peine d’une amende pas très honorable.

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Illustration 1

Faut vous dire qu’à Dijon, circuler à vélo c’est un peu endosser une cape d’invisibilité. Ici on vous propose une jolie voie cyclable en sens inverse d’une rue à sens unique. Pas vraiment confortable mais on s’y fait, avec les pointillés bien marqués entre le trottoir, les places de stationnement et la chaussée. On ne cherchera pas à savoir si les voitures garées sur la partie cyclable sont verbalisées. Et soudain, … les pointillés disparaissent. Reste un joli vélo peint en blanc sur la chaussée face à des voitures qui heureusement n’utilisent pas leur droit de vous arriver dessus à 50 km/h, et une vive sensation d’être mis en danger brutalement. Qui se confirme lorsque la rue se rétrécit, et que le vélo peint disparaît. Difficile alors de se sentir légitime face à une voiture qui vous arrive dessus en sens inverse. On aimerait bien disparaître aussi, comme le vélo blanc, pour réapparaître un peu plus loin lorsqu’il y a la place. Reste alors l’alternative du trottoir. Mais les piétons ne sont pas partageurs. Déjà que les vélos les emm*** quand ils roulent en voiture, s’il faut se les farcir aussi sur les trottoirs, où cela s’arrêtera-t-il ma chère Nathalie ?

On le sentait bien dans les violents regards essuyés alors qu’on pédale tranquillement dans les rues du centre. L’idée effleurait parfois de se demander si circuler sans polluer était un moyen de déplacement qui allait devoir tourner en acte de militantisme. 
De guillerette mobilité on serait presque parfois passé à penaud fraudeur sous les remarques inciviles des piétons offusqués de croiser un débonnaire cycliste. Paraîtrait que certains roulent trop vite. Alors on les verbalisera tous, tous les cyclistes, de 11 h à 20 h dans la rue qui traverse le cœur de ville, tous les jours. Brutalement. Sans discernement. Pas uniquement les samedis de grande affluence. Et trop compliqué bien sûr de verbaliser ceux qui réellement vont trop vite. Il faudrait beaucoup d’hirondelles à leur poursuite… Cyclistes pied à terre, beaucoup plus encombrants certes avec un vélo à côté d’eux, mais neutralisés, ces dangereux véhicules qui pourraient renverser d’innocents piétons. Aucune statistique n’est fournie à l’appui de l’arrêté car on verrait sans doute que les accidents les plus nombreux sur cette rue sont dûs au revêtement très glissant dont curieusement on ne parle plus tant. 

L’itinéraire bis proposé est le boulevard voisin, celui où la piste cyclable est cette fois-ci aménagée sur … le trottoir. Là où les risques de collision piétons vélos sont bien plus nombreux et à des vitesses beaucoup plus élevées.

A part la place du 30 octobre, où l’on peut sereinement tourner en rond, rares sont les itinéraires où l’on se sent légitimes et en sécurité. 

On peut s’interroger sur cette capacité à faire endosser aux habitants de la cité les plus vulnérables et les moins dangereux un habit de délinquant verbalisable alors qu’ils contribuent, parfois au risque de leur santé sinon de leur vie, au bon air de la cité. S’en chagriner aussi.

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