Un enfant de dix ans, jouant avec un jean troué
Préparait une fête à l’épouvantail.
Demain serait la bringue de tous les villageois
Et l’on viendrait des alentours admirer le champion.
On ripaillerait, on rirait, on choisirait le gagnant de l’épouvante,
C’était l’été, il y aurait des danses.
Dans son grenier, dans sa chambre ou ailleurs,
L’enfant fit une croix avec deux bâtons,
et décida que punk serait sa poupée,
revisitant ses vieilles BD pour viser le gros lot.
Il s’amusa, jugea qu’ACAB ferait l’affaire
sur le tee-shirt du punk en paille,
lunettes et balai pour la crête, bassine pour le visage.
Il gagna en effet, et l’on tira le cidre et festoya ensemble
Tout le monde était content, n’y voyant qu’innocence.
Mais voilà qu’alerté par un manant furieux,
Deux gendarmes, par nature si ballots,
de la chose en vinrent en demander des comptes :
Halte-là, garnement, qu’est cet épouvantail et vois-tu le juron ?
La haine est interdite, ton tee-shirt vaut amende !
Il est écrit ACAB, répondit le gamin, la bouche malicieuse,
ACAB comme All cops are bastards
Et comme vous, je parle anglais, et sans vous je m'amuse.
On ne dit pas comment se termina l'histoire, ni si les rires fusèrent, ni si l'amende il y eu,
mais d'un épouvantail on peut tirer morale:
Ne mélangez jamais la paille et le punk, du punk jaillit toujours des gendarmes en colère, du ridicule sachez vous abstenir et du bon grain sachez trier l'ivraie.