Claude Ariane Badiou

Assistante, quotidiennement, - Poète, amoureusement

Sa biographie
Les poèmes de ma fille Claude, par Alain BadiouClaude, ma fille, a écrit des poèmes entre mai 82 et août 2006. En mai 82, elle avait 14 ans… c’est une longue histoire, finalement, de mai 82 à août 2006, entre 14 ans et 39 ans. Entre les deux, entre 14 ans et 39 ans, comme dit le poète Pessoa, toute1 sa vie lui appartient. Mais une vie, c’est un mélange de séquences, vives ou écorchées, de calmes appréciables, de vacuités, une quantité assez considérable de graisses inertes… et c’est cette vie là qu’elle projette dans ce qu’elle appelle des poèmes. Cette vie-là, non pas continue, uniforme ou dotée d’un sens arrêté, mais cette vie par séquences, et qui fait que les poèmes sont aussi par séquences. Il y a des mois où il y en a plusieurs, il y a des mois où il n’y en a pas, c’est selon. C’est selon ce qui permet d’inscrire ce qui se passe. C’est peut-être comme cela qu’il faut comprendre « Brouillons d’Âme », le titre général sous lequel elle rassemble depuis toujours ses poèmes. L’« âme », c’est l’élément de ce qui arrive, c’est l’élément de ce que l’on supporte, de ce que l’on sent ou de ce que l’on ressent. Et puis « brouillons », c’est cette inscription, cette inscription de ce qui lui advient dans l’intime d’elle-même, c’est le principe de sa projection.Pourquoi appelle-t-on « poème » cette projection de l’intime ? L’écriture de Claude a des sources composites. Il y a quelque chose qui provient de la poésie sophistiquée, de la grande poésie - son maître en poésie a toujours été Emily Dickinson - et puis un autre élément qui vient de la chanson. C’est cette superposition, ce frottement, qui fait la tension un peu acrobatique de ce qu’elle écrit.La chanson et la poésie subtile, oui, mais c’est pour traduire une autre tension : celle de l’amour simple et violent pour cette créature trouble, l’homme, le mâle,  d’un côté, et, de l’autre, une sorte de métaphysique du temps et de l’existence.L’homme est le héros douteux de cette suite de poèmes. Il y a l’écriture quand l’homme est douteux. Au fond, si l’homme est sûr, il n’y a pas tellement besoin d’écrire. Il faut écrire au moment où l’homme s’en va, où l’homme est incertain, où l’homme devient pure et douloureuse énigme. Pour cette raison, tout ce que Claude écrit relève du genre lyrique. Le sujet, c’est l’amour, il n’y en a en vérité pas vraiment d’autre. Sinon la mort. L’amour dans sa désolation. L’amour comme puissance de l’impossible. C’est de cela qu’elle tient la chronique obstinée depuis vingt ans et quelques. Parce que dans cette durée l’homme ne s’est pas amélioré. Et peut-être que pour elle, peut-être pour beaucoup de femmes, vieillir, c’est comprendre qu’il n’est pas améliorable. C’est la sagesse…Mais il y a, dans ou au-delà de cette lyrique, un fil plus métaphysique. Évidemment, le lyrisme est toujours adossé à une métaphysique, parce que c’est une question de perte et d’absence. Mais on trouve dans les poèmes de Claude une pensée profonde, la pensée du sujet pris dans l’épreuve et dans la fascination. Et cette pensée est une méditation sur le temps. Non pas tant une méditation sur le temps qui passe que le temps comme construction difficile et discontinue, le temps comme collection déchirée d’instants. Le temps, pour Claude, ne promet rien. Il est seulement quelque chose qui se déchire en fragments qui n’arrivent pas vraiment à se souder dans ce qui serait une vie présentable.Mais écoutez tout cela, et bien d’autres visions de ce que c’est que vivre, dans les poèmes de ma fille.
Son blog
4 abonnés FRAGMENTS DE TOUT
  • 14 billets
  • 0 édition
  • 0 article d'éditions
  • 0 portfolio
  • 0 lien
  • 0 événement
  • 0 contact