En tout état de cause, après l'échec du « président normal » qui n'a pas défendu l'autorité républicaine contre la corruption de la pensée politique, les candidats à la fin du royaume institutionnel en sont d'abord réduits à concourir pour le poste de monarque . Ceci les amène à nous promettre que l'élu sera le dernier du genre tout en assumant l'autorité régalienne nécessaire pour imposer cette évolution à tous ceux qui, comme les grenouilles de Jean de la Fontaine ( Les grenouilles qui demandent un roi ) ont été élevés dans le culte d'une autorité qui pense et décide pour eux.
Si les frères concurrent de la gauche comptent sur l'esprit citoyen qui fit tomber la bastille pour réussir cette révolution, leurs compétiteurs s'affirment eux comme les gardiens d'un système ou l'autorité de droit constitutionnel du chef doit être de base dans le régime politique.
Marine le Pen et le FN défendent traditionnellement l'autorité du chef, une autorité qui prend ses racines dans l'ancien régime et ses survivances, de la Prusse de Von Bizmarck à la France de Vichy en passant par l'Allemagne National Socialiste. La tradition perpétue le mythe du (ou de la) leader providentiel.
Fillon vient de nous démontrer de façon magistrale qu'à droite le pouvoir de décider est l'affaire de rapport de forces qui n'ont que peu à voir avec l'esprit des lois.
L'étoile Macron émergeant de la galaxie transnationale de la finance européenne brille de tous ses éclats et constitue un centre d'attraction pour de nombreux responsables politiques soucieux de s'assurer une nouvelle écurie mais son caractère artificiel qui commence à apparaître pourrait bien lasser le public avec son visage de gendre idéal saturant tous nos écrans.
Les « petits candidats » (Arthaud et Poutou mais aussi Dupont Aignan et l'indestructible Chaminade) comme d'habitude feront de la figuration en attendant la 6ème république.
En définitive, cette élection présidentielle, quel qu'en soit le vainqueur risque d'être bien décevante et les cinq années suivantes pleines de danger dans un monde ou la dérégulation établit la loi du plus fort comme loi organique.
Ne soyons pas inquiets, les grenouilles auront un roi mais quel qu'il soit il ne pourra rien faire tout seul : L'étape électorale la plus importante en vue est celle des législatives et c'est là que les grenouilles feraient bien de se méfier des prédateurs.