« Ce peuple aime sa religion et il entend qu'on la respecte […]. Ce qu'on a regardé comme une opposition religieuse n'était que le désir bien naturel à un peuple croyant de s'assurer que sa religion nationale ne courait aucun danger dans les écoles ouvertes à la jeunesse […]. Le sentiment religieux et le sentiment patriotique s'unissent pour recommander le Coran, qui est à la fois le symbole de la doctrine religieuse et le monument par excellence d'une littérature. Le Coran tenant au cœur de l'arabe par ce double lien, il est naturel que l'arabe s'irrite d'une attaque dirigée contre le Coran comme d'une offense faite à sa croyance et à sa race. De là pour nos instituteurs, l'obligation étroite de témoigner le plus profond respect à la religion indigène, c'est à dire au livre qui en est l'expression. »
Eh bien, mon colon, pour une surprise, c’est une surprise.
PS : il s’agit d’un ‘’poisson d’avril’’. Mais cela peut prendre un certain sens historique et politique lorsqu’on s’avise que ces lignes ont été écrites par Emile Combes ( le ‘’petit père Combes’’ comme on disait alors, connu pour son anticléricalisme déterminé et l’auteur des lois interdisant aux congrégations d’enseigner) et non pas par le ‘’petit Zemmour’’ comme on peut dire maintenant. On voit tout le décalage, historique et politique….
Dans la séance du Sénat du 26 février 1891, Jules Ferry avait critiqué le manque d'une réelle « politique musulmane » et invité le Sénat à constituer une grande commission à la manière des commissions d'enquête anglaises (J. O. du Sénat, Débats parlementaires, séance du 26 février 1891, p. 117).
Une commission d'étude sur l'Algérie de 18 membres est instituée, et elle est présidée par Jules Ferry lui-même. Sept rapports publiés en 1892 vont en découler, dont le rapport confié par Jules Ferry à Émile Combes sur « l'instruction primaire des indigènes ». Les lignes en début de ce billet sont des extraits de ce rapport (Rapport Combes, Documents parlementaires, Sénat annexe n° 50, 18 mars 1892, p.244.).
Tout cela a déjà été rapporté pages 41 et 42 de « L’école d’aujourd’hui à la lumière de l’histoire » paru aux éditions Odile Jacob en 2022.