Le lien entre les deux n’est pas si facile que cela à établir, et il peut parfois être paradoxal si l’on en juge par les comparaisons internationales faites à partir des tests ‘’PISA’’ croisées avec les données budgétaires recueillies dans les pays de l’OCDE.
Ce n’est bien sûr pas sans raison que le récent rapport sur le système scolaire français de la Cour des comptes ( dont c’est le premier rôle ) met en valeur ( page 42 ) que " ces données permettent d’observer que certains pays de l’OCDE qui obtiennent des résultats très élevés aux tests internationaux des enquêtes PISA ( Finlande, Japon,…) figurent parmi les pays les moins coûteux, alors que d’autres pays ont des systèmes coûteux pour des résultats médiocres ( les Etats-Unis, par exemple) ".
Par ailleurs, on doit se rappeler que les élèves français de 15 ans qui ont été testés en l’an 2000 dans le cadre des premiers tests PISA ( sur la compréhension de l’écrit et la culture mathématique ) sont ceux qui ont été en position de bénéficier, lors de leur scolarité obligatoire, de l’exceptionnelle augmentation de la part du PIB consacrée au système scolaire français qui est passé de 6,3% à 7,4% de 1989 à 1994, pour rester à cette hauteur jusqu’à la fin du siècle, puis redescendre par paliers jusqu’aux 6,3% de PIB actuels ). Or, on a dû constater (lors de cette même enquête PISA de l’an 2000 ) que,du point de vue de l’équité scolaire, la France a été – parmi 30 pays étudiés – celui où l’écart des résultats entre les 10% élèves de statuts sociaux les plus défavorisés et les 10% des élèves de statuts sociaux les plus favorisés a été le plus important.
Mais on a pu constater aussi ( et ce n’est sans doute pas sans rapport ), que le coût de l’élève français qui a alors le plus progressé a été de loin celui du lycée général et/ou technologique, suivi de celui de lycée professionnel ; et, loin derrière de celui de collège. Quid du primaire et, plus généralement, de l’école obligatoire ?
Selon la deuxième et dernière enquête internationale PISA, celle de 2006, nous sommes toujours très mal placés en ce qui concerne l’équité scolaire en fin de scolarité obligatoire pour les deux compétences étudiées ( la compréhension de l’écrit et la culture mathématique ). Or, toujours selon les chiffres de cette même année 2006, la France se situe, par rapport à la moyenne de l’OCDE, à un niveau de dépenses annuelles par élève inférieur de 5% pour l’école maternelle et de 15% pour l’école primaire ; mais en revanche supérieur de 10% pour le collège, et surtout de 26% pour le lycée.
Par ailleurs, si l’on veut comparer de façon plus précise les coûts salariaux de l’élève français ‘’basique’’ ( celui de l’Ecole obligatoire ) avec celui des autres pays, il faut tenir compte aussi du nombre d’heures de cours donnés aux élèves, de la charge horaire moyenne pesant sur chaque enseignant, et de la taille des classes. Et l’on s’aperçoit alors que ces coûts sont, en France et relativement aux autres pays, parmi les moins élevés pour ce qui concerne l’ensemble de la scolarité obligatoire
" Dans l’enseignement primaire, la France se caractérise [ selon le rapport de la Cour des comptes, page 42 ] par un coût salarial par élève ( 1625 dollars) nettement plus faible que dans la moyenne de l’OCDE : elle est en 25° position pour 30 pays. L’écart par rapport à cette moyenne ( c’est à dire 637 dollars ) s’explique par des facteurs de sens divergent : un salaire des enseignants plus faible ( - 256 dollars ), un temps d’enseignement assuré par les enseignants plus élevé ( - 257 dollars ), une taille des classes plus importante ( - 394 dollars ), et, en sens inverse, un temps d’instruction des élèves plus long ( + 270 dollars ) ".
" Au collège, le coût salarial par élève en France ( 2392 dollars ) reste encore inférieur à la moyenne de l’OCDE : la France se situe en 22° position. Ici encore, ce coût moins élevé ( écart de – 526 dollars ) s’explique par un salaire des enseignants plus faible ( - 347 dollars ) et par une taille des classes plus importante ( - 803 dollars ) ; en revanche, le temps d’instruction des élèves est plus élevé que dans la moyenne de l’OCDE ( + 315 euros ), et le temps d’enseignement des enseignants est moins élevé ( + 310 euros ) ".
En définitive, le coût salarial de l’élève français atteint à peine les trois-quarts de la moyenne de l’OCDE dans l’enseignement primaire, et celui de collège seulement les 80%. Au pays de Jules Ferry et de l’Ecole obligatoire républicaine, cela devrait être redressé de façon tout à fait privilégiée, au plus vite, et énergiquement. Mais on est loin d’en prendre le chemin si l’on en juge – entre autres - par les ‘’feuilles de route’’ ( les fiches destinées à guider la recherche de postes budgétaires à supprimer ) adressées par le ministre Luc Chatel aux recteurs et inspecteurs d’académie.