Il s'agit d'un sondage IFOP (commandité par SOS Education) auprès d'un échantillon de 1001 enseignants (selon la méthode des quotas) réalisé par téléphone du 16 au 19 avril. Il s'agissait de les sonder sur leurs intentions de vote aux présidentielles et de tester leur « adhésion à différentes propositions relatives à l'enseignement en France » (une douzaine), avec quatre réponses possibles : très favorable, plutôt favorable, plutôt opposé, très opposé. Parmi cette douzaine de propositions, on peut prélever certaines questions à l'intitulé proches de certaines propositions de Marine Le Pen. Ce sont celles-là qui sont retenues ici.
Mais avant, on notera que - selon ce sondage - les enseignants qui ont exprimé une intention de vote n'ont été (si l'on peut dire) que 5% à se déclarer en faveur de Marine Le Pen (Macron : 38% ; Mélenchon:23% ; Hamon:15% ; Fillon :11% ; Dupont-Aignan:4% ; Poutou:1,5% ; Lasalle:1,5%, Artaud : 0,5% ; Asselineau:0,5%).
Question IFOP : « Supprimer progressivement le collège unique et autoriser l'apprentissage à partir de 14 ans » (cf point 81 du programme de Marine Le Pen : « suppression progressive du collège unique ; autorisation de l'apprentissage à partir de 14 ans »)
29% des enseignants sondés répondent « très favorable », 45% « plutôt favorable », 14% « plutôt opposé », 8% « très opposé » (4% « ne savent pas »).
Il y a quarante ans, en 1977 (dix ans après la mise en place effective de l'instruction obligatoire jusqu’à 16 ans au lieu de 14 ans) un sondage a été effectué par la SOFRES auprès d’un ‘’échantillon représentatif’’ des enseignants à qui l’on a posé la question suivante : "A quel âge l’interruption de la scolarité obligatoire devrait-elle être possible : à 14 ans, à 16 ans, ou à 18 ans ? ". 48% des enseignants s'étaient prononcés pour 14 ans (et 12% pour 18 ans). On n'arrête pas le progrès.
Question IFOP : « Réserver les trois quarts du temps scolaire en primaire aux enseignements fondamentaux » (cf point 101 du programme de Marine Le Pen : « Assurer la transmission des connaissances par le renforcement des apprentissages fondamentaux. A l'école primaire, réserver la moitié du temps d'enseignement au français »)
Réponses : 43% « très favorable », 43% « plutôt favorable », 10% « plutôt opposé », 2% « très opposé ».
Un peu d'histoire pour mettre en perspective. Les indications des Instructions de 1923 montrent qu'en moyenne 14 heures (sur 30 heures d'enseignements hebdomadaires) étaient alors dévolues à l'enseignement du français dans l'élémentaire (CP ; CE1et CE2 ; CM1 et CM2). Et 13 heures en moyenne (toujours sur 30 heures), à partir des Instructions de 1945. Actuellement, la part dévolue à l'enseignement du français est déjà la part la plus élevée parmi les pays européens (selon la dernière étude d'Eurydice), à savoir 38%.
L'arrêté du 18 janvier 1887 accorde en moyenne 17 heures et demie (soit 58% des 30 heures hebdomadaires d'enseignement élémentaire) à « la lecture courante et expressive », « l'écriture », « la langue française », « le calcul, l'arithmétique et la géométrie »
Ces horaires qui laissent une place importante à autre chose qu'aux ''fondamentaux'' (et qui sont bien en dessous des ''trois quarts'') sont dans le droit fil du cap fixé par Jules Ferry lui-même : il y va de la différence entre l'Ecole républicaine en train d'être mise en place par rapport à celle d'Ancien Régime (mais oui, Madame Le Pen!) : « Tous ces ''accessoires'' auxquels nous attachons tant de prix, que nous groupons autour de l’enseignement fondamental et traditionnel du ‘’lire, écrire, compter’’ ; pourquoi tous ces accessoires ? Parce qu’ils sont à nos yeux la chose principale, parce que ces ''accessoires'' feront de l’école primaire une école d’éducation libérale. Telle est la grande distinction, la grande ligne de séparation entre l’Ancien régime, le régime traditionnel, et le nouveau » (Discours de Jules Ferry au congrès pédagogique des instituteurs et institutrices de France, le 19 avril 1881).
Et cela durera. En moyenne, selon les Instructions de 1945, 17 heures (sur 30 heures d'enseignement hebdomadaires) sont dévolues au français et au calcul (soit 57%). Ensuite ces pourcentages ont oscillé entre 50% et 55% jusqu'à maintenant.
Question IFOP : « Réécrire les programmes d'histoire de manière chronologique dans le sens d'un récit national » (cf le point 10 du programme de Marine Le Pen : « Instaurer, tout particulièrement à l'école primaire, un enseignement chronologique de l'histoire, pour l'essentiel celle de la France, faisant toute sa place au roman national, présenté sous forme de récits, lesquels forgent le sentiment d'une appartenance à la nation, et sont porteurs de valeurs propres à orienter les conduites »)
24% « très favorable », 35% « plutôt favorable », 16% « plutôt opposé », 10% « très opposé ». On notera que les pourcentages d'adhésion ne diffèrent guère selon les appartenances à tel ou tel degré d'enseignement, mais assez fortement pour ce qu'il en est des mouvances politiques) : 13% des ''En marche !'' se disent « très favorables » et 17% des ''Fronts de gauche'' et ''PS'', contre 54% des ''LR'' et 64% ''Front national''.
Question IFOP : «Introduire le port d'une tenue unique pour chaque établissement » (cf le point 103 du programme de Marine Le Pen : « Instaurer le port d'un uniforme à l'école ».
17% « très favorable, 24% « plutôt favorable », 29% « plutôt opposé », 23 % « très opposé »
Ici aussi la dispersion est forte selon les préférences électorales déclarées : seulement 5% des votants pour Mélenchon et Hamon se disent « très favorables», contre 28% des votants Macron et surtout 47% des votants Fillon ou 58% ''Front national'' ? C'est le point qui fait le plus problème chez les enseignants, celui pour lequel ils sont le plus partagés.