Douze ans après les approximations gonflées de Claude Allègre, voilà les chiffres montés en épingle par RTL.
Il y a une douzaine d’années, le 4 septembre 1997, le ministre de l’Education nationale Claude Allègre s’en prenait de façon tonitruante à «l’absentéisme» des enseignants: «Il y a beaucoup d’absentéisme dans l’éducation nationale, et il faut mettre fin à cela. 12% d’absentéisme, c’est beaucoup trop.» "Il y a des gens qui considèrent qu’ils ont droit à des congés de maladie, pas moi ; on n’a pas droit à des congés de maladies systématiques. Autant les maternités doivent être prévues et remplacées ; mais cette institutionnalisation d’absences, cela me déplaît fondamentalement ". Et c’est ce qui est resté dans les souvenirs de beaucoup.
Dans la soirée du 4 septembre, le taux allégué de 12% est pourtant ramené, par Claude Allègre lui-même ( ! ), à des statistiques qui " oscillent entre 4,5 % et 8% ".
Il se trouve en effet que les statistiques publiées par les différents services du ministère se révèlent très en deçà des 12% avancés initialement par Claude Allègre. Une note de la direction des écoles ( pour l’enseignement primaire ) fait état d’un taux global d’absentéisme de 5,57% ( en prenant en considération les congés de maladie, les congés de maternité – qui représentent le tiers de l’ensemble -, et les autorisations d’absences ). Dans le second degré, les chiffres tournent autour de 6% ( la dernière collecte nationale de chiffres détaillés publiés remontant à 1988 : un taux de 6% pour les enseignants, de 5,1% pour les personnels d’éducation et de surveillance, de 4% pour les personnels administratifs, et de 8,3% pour les personnels de laboratoire, ouvriers et de service ).
De la même façon tonitruante, RTL ( repris immédiatement par le Figaro ) annonce le 29 juin 2007 que " 45% des instituteurs ont posé un congé maladie l’an dernier " ( une " proportion deux fois plus importante que chez les salariés du privé " ). C’est l’annonce " choc ". Suivie de quelques autres statistiques moins spectaculaires, mais néanmoins à ‘’charge’’ : les 284000 enseignants titulaires du primaire auraient été absents en moyenne 11 jours par an ( contre 9 pour les salariés du privé ), le nombre de jours d’absence des 30000 professeurs des écoles remplaçants étant annoncé comme étant encore plus élevé ( 17 jours en moyenne ).
Le conditionnel est de mise, car RTL se réfère à une étude ministérielle ‘’confidentielle’’ que RTL n’a pas jusqu’alors publiée. On ne sait donc pas ce qui a été vraiment décompté et quel est le sérieux de cette enquête. On sait néanmoins, par une étude publiée cette année par la DGESCO ( la direction des enseignements scolaires du ministère ), que le taux d’absence dans l’enseignement primaire est passé de 5,98% en 1998-1999 à 7,23% en 2006-2007. Mais on n’en sait pas plus.
L’étude invoquée par RTL a été initiée par Xavier Darcos, l’ancien ministre de l’Education nationale, en vue de préparer la mise en place d’une agence de remplacement le 1er septembre 2009. Le nouveau ministre, Luc Chatel, a annoncé que cela ne se ferait pas à la date prévue.
Le SNUipp-FSU ( le syndicat le plus représentatif des enseignants du primaire ), dans un communiqué en date du 1er juillet, fait valoir que " la publication de quelques données isolées de cette étude laisse croire que les enseignants de l’école abuseraient largement des demandes de congés " et que " les enseignants des écoles se demandent si le ministère de l’Education nationale veut engager à nouveau une campagne de dénigrement des enseignants pour tenter de mieux faire accepter l'annonce de suppressions de postes " ; et il demande " solennellement au ministre de publier l’intégralité de cette enquête ".
Ce serait en effet la moindre des choses, pour une ‘’opération vérité’’.