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Billet de blog 2 septembre 2009

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La semaine de quatre jours en question?

Un récent sondage jette le doute sur l’adhésion des Français et des enseignants du primaire à nos deux records : le nombre de jours de classe le plus réduit et la journée scolaire la plus longue.

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Un récent sondage jette le doute sur l’adhésion des Français et des enseignants du primaire à nos deux records : le nombre de jours de classe le plus réduit et la journée scolaire la plus longue.

En cette rentrée 2009, notre enseignement primaire détient désormais deux records d’Europe. A la suite de la décision arrêtée l’an passé par Xavier Darcos de supprimer la classe du samedi matin, nous sommes le pays d’Europe, et de loin, qui a le plus petit nombre de journées consacrées à l’enseignement dans le primaire : 140 sur 365. Encore un petit effort, et nous arriverons au tiers de l’année. En revanche, nous consolidons notre place de premier pour le nombre d’heures par jour d’enseignement : six heures, auxquelles s’ajoutent désormais en général une demi-heure pour les bénéficiaires de l’ ’’aide individualisée’’. Curieux records, qui semblent défier tout bon sens pédagogique.

En moins d’un siècle, on est passé de 210 jours de classe par an à 140, soit une diminution du tiers des jours d’enseignement. D’abord par plusieurs augmentations successives du nombre de jours de vacances ; et l’on arrive ainsi à 180 jours de classe en 1966. Puis par la suppression de tout enseignement le samedi en deux temps : l’après-midi en 1969, et le matin maintenant.

Cette suppression apparaît désormais comme un fait acquis. Le sondage CSA du 20 août dernier commandité par le SNUipp ( le principal syndicat du primaire ) indique que 57% des sondés ( contre 50% il y a un an ) considèrent que cette suppression de classe le samedi va " plutôt dans le bon sens ", alors que seulement 37% des Français sondés considèrent qu’ elle va " plutôt dans le mauvais sens ".

Mais le même sondage indique que " limiter les journées scolaires à 5H 30 de classe et répartir le temps scolaire sur quatre jours et demi ( lundi, mardi , mercredi matin, jeudi et vendredi ) " serait " une bonne chose " pour les deux tiers des Français sondés, contre un tiers seulement qui considèrent que ce serait " une mauvaise chose ". Par ailleurs un cinquième seulement des enseignants du primaire se déclarent favorables à la semaine de quatre jours, contre plus de la moitié qui lui sont hostiles. Cela peut donc encore bouger dans l’avenir.

D’autant que certains entendent relancer le débat et aller dans une toute autre direction que celle empruntée dernièrement par Xavier Darcos. Ainsi Vincent Peillon, l’un des dirigeants socialistes que l’on a beaucoup entendus ces derniers temps, se prononce (dans un livre collectif qui vient de paraître chez Magnard intitulé " Peut-on améliorer l’école sans dépenser plus ? " ) pour que soit revu " le temps et les contenus d’enseignement pour les élèves", et cela dans le cadre d’une forte revalorisation du statut et des rémunérations des enseignants. " En rajoutant – dit-il – trois semaines d’enseignement annuel au minimum, on atteindrait le niveau de la Finlande, du Royaume-Uni ou de l’Italie ; mais on serait encore à deux semaines de moins que l’Allemagne et à quatre de moins que le Danemark. Cet étalement sur toute l’année devrait s’accompagner d’une baisse en moyenne de 20% des heures d’enseignement hebdomadaires et d’une réorganisation du temps sur la journée, avec une place plus grande accordée à l’accompagnement scolaire individualisé ".

On peut donc encore rêver, et peut-être espérer.

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