« L’uniforme est l'une des réponses au besoin de symboles communs, grâce auxquels notre jeunesse apprend à faire nation [...]. L'uniforme est l'expression de la promesse républicaine selon laquelle chacun, indépendamment de son origine sociale, de sa couleur de peau, de sa religion ou de son orientation sexuelle, est le dépositaire des mêmes droits et des mêmes devoirs, occupant sa place à l'école comme au sein de notre communauté nationale ».
Si cela était avéré et de l’ordre de l’évidence ou même de la simple vraisemblance, alors on pourrait se demander pourquoi cela n’a jamais été la préoccupation de ceux qui ont fait l’Ecole républicaine et laïque. En effet sous la III° République et sous la IV°, il n’y a jamais eu d’uniformes ou de blouses uniformes obligatoires à l’école communale (même si cela a pu avoir lieu dans certains établissements secondaires publics, généralement les plus huppés ; ou surtout dans nombre d’établissements confessionnels).
Dans notre passé républicain et laïque, celui des fondateurs ou des continuateurs, cela n’a jamais été envisagé comme une composante possible (et encore moins nécessaire) de la mise en oeuvre de la République et du fonctionnement de son Ecole.
On peut donc se demander par quel étrange aberration cette « profession de foi » historiquement absurde figure dans la déclaration collective de 37 parlementaires de la "majorité présidentielle" parue le 28 décembre dernier dans « L’Opinion » (dont parmi les cinq premiers signataires : Sylvain Maillard, président du groupe Renaissance ; et François Patriat, président du groupe des sénateurs RDPS).
D’autant que l’on doit se rappeler qu’Emmanuel Macron s’est - lui - historiquement présenté comme un fervent laudateur de la dimension européenne, de "l’appartenance" à l’Europe. Du moins au début de son premier quinquennat. Lors de son discours en Sorbonne du 26 septembre 2017, le président de la République Emmanuel Macron a en effet déclaré : « Erasme, dont on disait qu’il était le précepteur de l'Europe, affirmait déjà qu’il fallait demander à chaque jeune de’’parcourir le continent pour apprendre d’autres langues’’ et ’’se défaire de son naturel sauvage’’ […] L’Europe doit être cet espace où chaque étudiant devra parler au moins deux langues européennes d’ici 2024. Au lieu de regretter le morcellement de nos contrées, renforçons les échanges ! En 2024, la moitié d'une classe d'âge doit avoir passé, avant ses 25 ans , au moins 6 mois dans un autre pays européen ».
Huit mois plus tard, en réponse à une question posée le 16 mai 2018 par la députée Modem Marguerite Deprez-Audebert sur la façon de « donner envie d'Europe à notre jeunesse », le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer a répondu qu'il avait déjà élaboré une « stratégie avec le Chef de l'Etat » (sic) dont l'axe central est qu' « à l'horizon 2024, chaque étudiant devra parler deux langues européennes en plus de la sienne » et que « la moitié d'une classe d'âge devra avoir passé au moins 6 mois dans un autre pays européen que le sien ».
Mais on en est manifestement resté là, c’est à dire au stade des déclarations et des promesses non tenues. On est en 2024, et on n’a rien vu de tangible en ce sens. Alors où va-t-on , ou plutôt où vont Emmanuel Macron et sa mouvance présidentielle Renaissance en matière d’« européanisme », de « nation(alisme) », d’« Education nationale » ?