Pour orienter de nouvelles façons d'agir si l'on veut réaliser une avancée décisive, et renoncer à piétiner comme on le fait depuis plus d'une génération, il conviendrait sans doute de prendre sérieusement en compte le très intéressant rapport de l'Inspection générale sur « Les inégalités scolaires entre filles et garçons dans les écoles et les établissements » rendu public en mai 2013.
Ce rapport a indiqué fort opportunément que « la focalisation initialement portée sur l'orientation et principalement sur celle des filles a durablement marqué les politiques d'égalité entre filles et garçons [..]. L'effort a porté jusqu'ici sur la diversification des choix d'orientation. Mais cet effort a rencontré ses limites en intervenant assez tard dans le processus d'orientation, en fin de collège, au moment où les représentations stéréotypées sur les métiers et les formations qui y conduisent sont déjà construites. Enfin il a ciblé prioritairement sur les filles, envoyant un message ambigu. Est-il plus dérangeant que les filles n'aillent pas assez en séries scientifiques, ou que les garçons évitent les séries littéraires ? Que les filles désertent les séries industrielles, ou les garçons les services ? Qu'il n'y ait pas assez d'ingénieures ou de puériculteurs ?» (pages 42-43).
Enfin ce rapport a également souligné à juste titre que « l'enseignement primaire a été l'angle mort » des politiques de réduction des inégalités scolaires (même si, ici ou là, de très intéressantes initiatives ont pu avoir lieu) ».
Certaines des orientations de la convention interministérielle signée en février 2013 (par le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon et la ministre du Droit des femmes Najat Vallaud-Belkacem) allaient dans ce sens. Cette convention annonçait en particulier « la création d'un programme ''ABCD de l'égalité'' qui s'adresse à l'ensemble des élèves de la grande section de maternelle au CM2 et à leurs enseignants, et vise à déconstruire des stéréotypes de genre ».
Et il était aussi d'ores et déjà dûment prévu dans cette convention interministérielle (compte tenu en particulier du peu de progrès, en trente ans, dans les manuels scolaires quant aux stéréotypes véhiculés) qu' « une documentation pédagogique, coproduite par le ministère du droit des femmes et le ministère de l'éducation nationale sera mise à la disposition des enseignants sous forme physique et numérique »
Hélas, trois fois hélas, le programme ''A,B,C,D'' est retiré sous l'injonction directe du nouveau Premier ministre Manuel Valls qui céde quasi entièrement devant des intégristes de toutes natures (catholiques intégristes du mouvement de la ''Manif contre le mariage pour tous'' ou musulmans dans la mouvance de Farida Belghoul). Et cela n'a bien sûr pas été remis en oeuvre par Jean-Michel Blanquer, un ministre penchant nettement à droite, en particulier sur ce type de sujet.
Manuel Valls vient d'appeler à voter pour Emmanuel Macron. On n'arrête pas le progrès.
PS : cf aussi « L'Ecole républicaine ou l'histoire manipulée ; une dérive réactionnaire » paru en février 2022 aux Editions Le Bord de l'eau ; notamment les pages 121 à 124